Temps protestant et temps de la modernité : une fausse évidence ? - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Temporalités : revue de sciences sociales et humaines Année : 2019

Protestant times and times of modernity: a false obviousness?

Tiempos protestantes y tiempos modernos: ¿una falsa obviedad?

Temps protestant et temps de la modernité : une fausse évidence ?

Résumé

This article raises the question of the modernity of Protestant time. It tries to show that this modernity has met with many resistances: refusal of the new calendar, long subsistence of the observation of traditional festivals, etc. Moreover, Protestant time remained a Christian time, marked by a beginning and an end, which theologians have long sought to date precisely. It is therefore hardly different from Catholic time; the differences appear only marginally, although this is not insignificant. In any case, less than a secularization of time with days that would all have the same value, it is rather a new order of time that is emerging: growing importance of Sunday, enhancement of certain festivals, exceptional moments such as fasting days and the four Last Supper Days. Finally, perhaps the main contribution of 16th-18th century Protestantism to modernity is the value of time control, the idea that time is a good that should not be wasted, which can even save money. This time, which is part of the decline of an old world - at least as we see it in the Renaissance - is a time when we must constantly make an effort to conform to the divine plan; we must not waste it in futile activities or in idleness. Undoubtedly, it is on this point alone that it is very modern, but it is decisive in accompanying and promoting the development of capitalism.
Cet article pose la question de la modernité du temps protestant. Il cherche à montrer que cette modernité s’est heurtée à de nombreuses résistances : refus du nouveau calendrier, longue subsistance de l’observation des fêtes traditionnelles, etc. D’autre part, le temps protestant est resté un temps chrétien, marqué par un début et une fin, que les théologiens ont longtemps cherché à dater précisément. Il ne se distingue par conséquent guère du temps catholique ; les différences n’apparaissent que marginalement sans que cela soit pour autant insignifiant. Quoi qu’il en soit, moins qu’une sécularisation du temps avec des jours qui auraient tous la même valeur c’est plutôt un nouvel ordre du temps qui se fait jour, avec l’importance grandissante du dimanche, avec la valorisation de certaines fêtes, avec des moments exceptionnels comme les jours de jeûne et avec cette année rythmée par les quatre cènes annuelles. En fin de compte, la principale contribution du protestantisme des xvie-xviiie siècles à la modernité est peut-être la valorisation de la maîtrise du temps, l’idée que le temps est un bien qu’il ne faut pas perdre, qui peut même faire gagner de l’argent. Ce temps qui s’inscrit dans le déclin d’un monde vieux – du moins est-ce ainsi qu’on le voit à la Renaissance – est un temps où il faut sans cesse faire effort pour se conformer au plan divin ; il ne faut donc pas le gâcher, le gaspiller dans des activités futiles ou dans l’oisiveté. Sans doute est-ce sur ce seul point qu’il se révèle très moderne, mais c’est décisif pour accompagner et favoriser le développement du capitalisme.

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halshs-02910917, version 1 (03-08-2020)

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Citer

Yves Krumenacker. Temps protestant et temps de la modernité : une fausse évidence ?. Temporalités : revue de sciences sociales et humaines, 2019, 30, ⟨10.4000/temporalites.6581⟩. ⟨halshs-02910917⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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