Les Expositions universelles en version originale

Lithographie de Eugène Cicéri et Philippe Benoist. Vue officielle à vol d'oiseau de l'exposition universelle de 1867.

Invention du XIXe siècle, les Expositions universelles ont largement marqué leur temps, et particulièrement les villes qui les ont accueillies. Machines à produire du spectacle et à faire la réclame de l’innovation, théâtres de l’exploration de la planète, visitées à chaque fois par une foule multimillionnaire, et de surcroît très richement documentées, ces manifestations intéressent l’histoire de l’art à plus d’un titre : en tant que lieux d’exposition, de critique et de réception de l’art, comme dispositifs matériels d’affirmation nationale, coloniale ou impériale, ou encore en qualité de matrices de nombreux musées à travers le monde.

Une histoire qui commence en 1851

C’est le siècle du spectacle et de l’industrie qui a vu naître les gigantesques foires internationales que sont les Expositions universelles. 34 se sont tenues sous ce label, depuis la première organisée à Londres en 1851, à celle prévue à Dubaï en 2020. Dans l’intervalle, plus d’une centaine d’autres expositions internationales ont été organisées. Scandant la mondialisation des cultures et des techniques, beaucoup ont attiré à chaque fois des millions de visiteurs. On y a célébré le progrès industriel, mais aussi la diversité du monde, dans des mises en scène naturalistes, peuplées de modèles vivants, du bourg médiéval, du hameau scandinave ou du village africain, ce dernier passé à la postérité sous le nom de « zoo humain ». Les pavillons nationaux, à architecture emblématique, y ont fait leur apparition à partir de 1867.

Paris a accueilli 5 de ces grands rendez-vous pour le seul XIXe siècle et en a conservé de nombreux stigmates, que l’on songe à la Tour Eiffel (1889), aux Grand et Petit Palais (1900) ou à l’ensemble du Trocadéro (1878, réaménagé en 1937). On sait moins que de nombreux pavillons et installations ont été remontés une fois la manifestation achevée, tel le Pavillon des Indes sis désormais à Courbevoie après avoir figuré à l’Exposition Universelle de 1878 dans le palais du Champ-de-Mars. Beaucoup de villes doivent aux Expositions universelles des créations muséales de premier plan. Le South Kensington Museum (aujourd’hui le Victoria and Albert Museum) de Londres trouve son origine et ses premières collections dans la Great Exhibition de 1851. Le Philadelphia Museum of Art est né de la Centennial Exhibition de 1876 ; Chicago a hérité son immense Musée d’histoire naturelle de la World’s Columbian exhibition de 1893.

Les sources documentaires

Contemporaines du développement des procédés de reproduction graphique et mécanique des œuvres et des objets d’art, les Expositions universelles ont généré d’innombrables traces visuelles et matérielles des artefacts exposés. La presse illustrée en a largement rendu compte ; elles ont fait l’objet de nombreux guides. C’est à l’occasion de l’Exposition de 1867 à Paris qu'Henry Cole, le directeur du South Kensington museum, avait lancé une « Convention For Promoting Universally Reproductions of Works of Art for the Benefit of Museums of all Countries », laquelle accéléra la copie d’objets d’art par moulage en plâtre, puis électrotypie, de par le monde. Les Expositions universelles ont généré enfin une abondante littérature officielle. Quelques impressions plus personnelles sont également disponibles. On dispose donc d’une phénoménale documentation pour étudier des évènements qui constituent l’une des principales sources d’information sur l’histoire artistique, technique et industrielle des deux siècles écoulés.

Plusieurs portails offrent un accès plein-texte à cette vaste matière documentaire. Le fonds de la bibliothèque du Conservatoire national des arts et métiers conserve plus de 1000 titres sur la thématique, dont la numérisation est menée avec le soutien de la Bibliothèque nationale de France. Le site World’s fairs : a Global history of expositions, auquel la bibliothèque nationale de l’INHA est désormais abonnée, offre pour sa part un accès mutualisé aux ressources conservées par 13 bibliothèques et centres d’archives du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis, en sus des titres présents sur Gallica.

 

Quelques références dans une bibliographie foisonnante :

 

Mercedes Volait
Directrice de recherche au CNRS
InVisu, USR 3103, CNRS-INHA

Publié par Jérôme BESSIERE le 22 mai 2019 à 10:00

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