, occupait un temps égal aux cinq autres directions d'enseignement réunies, donc un temps cinq fois supérieur à chacune d'elles ; par ailleurs (cf. sa représentation dans la première rosace), elle était figurée comme un milieu ambiant dans lequel baignait tout l'enseignement. On se doit de noter aussi la différence des statuts : les autres directeurs d'enseignement étaient des personnalités d'une grande notoriété (sauf peut-être M. Michardière), et occupées à d'autres fonctions ; à l'inverse, M. Rallet était moins connu, mais beaucoup plus disponible et présent à l'Institut, d'où l'importance prise par sa matière. Importance trop forte ? Ce put être une critique adressée à l, « la dimension Communication-Comportement », visant à « l'épanouissement des potentialités personnelles, vol.36

, Institut trace de certaines récriminations des élèves, qui voyaient parfois moins d'intérêt dans l'activité « séminaires », et surtout son manque d'articulation avec le « projet ». Elle était pourtant assurée par le fait que plusieurs des six « pilotes » de projets étaient aussi adjoints aux directeurs d'enseignement, pour l'organisation des séminaires. * La suite -et la fin -sont paradoxalement plus connues, L'articulation entre les trois composantes du schéma de formation (projet à 50% du temps, séminaires à 25%, communication-comportement à 25%) pouvait elle aussi nécessiter certains ajustements : ainsi trouve-t-on dans les archives de l

«. Hélas, il a vécu ce que vivent les roses », déplorera non sans ironie allusive Jean

, Claude Casanova quelques années plus tard 39 . L'Institut avait bien sûr suscité des critiques venant de la gauche -chez Bourdieu, notamment, qui s'opposait à son collègue Crozier enrôlé dans la démarche

, Calvados, présentait à l'occasion de chaque budget un amendement visant à supprimer les crédits destinés, vol.40, p.9

F. Entretien and . De-lavergne, , pp.18-2019

R. De and C. Martin, Casanova avait été, au cabinet du Premier ministre Raymond Barre (de 1976 à 1981), un des acteurs (non polytechniciens) ayant porté l'Institut sur les fonts baptismaux -il aurait même proposé au dernier moment, avant la publication du décret de création, le nom d'« Auguste-Comte, 1984.

R. Martin, , 1984.

». Comte, . Le-ministère-de-la-recherche, and . De-la-technologie,

C. Le, On pourrait le considérer comme un « Institut Auguste-Comte de gauche » -il y a certains points communs, mais de nombreuses différences : ce n'est pas un institut de formation mais de prospective -démarche cohérente avec l'ensemble des centres de prospective qui avaient fleuri dans les ministères (giscardiens !?) au mitan des années 1970 ; le budget en sera bien plus restreint ; surtout, il met en avant l'aspect technologie et non l'aspect management et moins encore comportement? Mais des parallèles existent, qui nous montrent que ce projet de substitution, même étiqueté à gauche, n'est pas si éloigné de la technocratie des grands Corps polytechniciens : la prospective, née avec le philosophe et haut fonctionnaire Gaston Berger (1896-1960) dans les années 1950, mobilisait de nombreux X -et notamment des X-Mines 44 ; les deux projets, IAC et CESTA, auront partagé les mêmes locaux, et parfois les mêmes intervenants (comme le sociologue François de Lavergne, X67) 45 ; le Centre de prospective du ministère de la Recherche, dirigé par Thierry Gaudin (X-Mines 58) participera à l'animation du CESTA. La symétrie des deux instituts, Pierre Chevènement sort de notre strict propos ici. En revanche, plus intéressante est la création par le nouveau pouvoir d'un think tank dans les mêmes locaux

, Comme par exemple les ingénieurs des Mines Jacques Lesourne (X48), Philipe d'Iribarne (X55), Jacques Attali (X63)

L. Armand, X-Mines 24) se disait aussi intéressé par la prospective, en matière ferroviaire notamment, 1905.

, Penser l'avenir : le CESTA, un think tank atypique', n°89, hiver 2015-2016, sous la direction de Marc Chopplet

J. Droite-de, Chirac prononcera la dissolution du CESTA 46 par décret du 17 novembre

, Une interrogation rétrospective s'impose aussi : à l'heure où depuis vingt ans la mondialisation a en grande partie harmonisé les élites dirigeantes mondiales, et qu'une tradition française d'ingénieurs d'inspiration saint-simonienne a largement cédé le pas à une élite plus standardisée (en France celle des sciences politiques, écoles de commerce et business school), l'IAC n'était-il pas une prolongation possible de cette utopie saint-simonienne -non un soubresaut mais une heureuse prise de conscience, qui aurait pu déboucher sur des résultats bénéfiques si l'expérience avait été prolongée 47 ? Il est difficile d'aller plus loin dans cette What if history ? En tout état de cause, le contexte a beaucoup changé depuis 40 ans, avec notamment la mondialisation et la désindustrialisation massive en France. Mais approfondir cette brève histoire de l'Institut, elle-même brièvement retracée ici, en apprendrait beaucoup sur cette période où s'amorce une anticipation des bouleversements à venir. Sans doute ceux-ci auront été bien plus importants que cette réflexion-là, à la fin des années 1970, ne l'imaginait -la prospective montrant là ses limites : l'IAC reste cependant un jalon important dans l'histoire de la technocratie en France depuis 1795, Finalement, malgré sa courte vie, les questions posées par l'IAC restent néanmoins d'une grande actualité : formation des élites, rôle des grands Corps, statut des qualités « managériales » (innées ou acquises ?), articulation entre « savoir » et « faire

B. Chamak, ;. Stourdzé, I. Cesta-», and . Quaderni, numéro cité) indique que l'avenir du CESTA était déjà obéré auparavant par des querelles internes au pouvoir socialiste, notamment après la nomination du Premier ministre L. Fabius mi-1984. Elle indique aussi : « Par un courrier daté du 29 janvier 1987, Jacques Chirac demandait à Roger Martin, ancien président de Saint-Gobain Pont-à-Mousson et de l'Institut Auguste Comte, un rapport sur la vocation du site de la

, Roger Martin réaffirma que ce site était voué à la formation et à la recherche de haut niveau pour une élite. » ; ce qui constitue une autre (anti-)symétrie avec l'appel à R

, En ce sens, et à la lumière de cette interrogation, l'idée primaire selon laquelle « l'IAC faisait concurrence à l'ENA », qui avait fait des gorges chaudes à l'époque, peut être interprétée comme le fait que les promoteurs de l'IAC avaient raison, qui tout en conservant les bases scientifiques de la formation de l'ingénieur saint-simonien, voulaient l'adapter à un monde en mouvement