La résilience des territoires face aux risques de catastrophe naturelle/anthropique : idiosyncrasie territoriale ou rhétorique néolibérale?
Résumé
Dans le contexte de résurgence de la catastrophe « naturelle » mobilisant en retour la propriété de résilience des territoires, l’objet de cette communication est de décrypter les modalités et intentionnalités de l’usage respectivement étiologique et axiologique fait de chacun de ces concepts par les pouvoirs publics français depuis une décennie ; on s’attachera à cet égard à montrer en quoi l’issue de la tempête Xynthia survenue sur le littoral Atlantique en 2010 révèle une inflexion notable en matière de gestion des risques de catastrophe. On revient, en premier lieu, sur la consécration de la catastrophe « naturelle » comme problème public en ce qu’elle suscite des interrogations relatives aux socles cognitifs et au travail politique de diffusion d’idées qui ont contribué à hiérarchiser, à cadrer les problèmes et à définir les façons d’y répondre en termes de résilience. On montre, en second lieu, en quoi la résilience, loin d’être représentative d’une idiosyncrasie territoriale porteuse de démocratie participative, participe en réalité d’un double mouvement de maintien du statu quo en matière de gestion technocratique du risque et d’un projet d’inspiration néolibérale de désolidarisation collective et de responsabilisation individuelle.