, Elle raconte l'expérience inconfortable d'un skateur qui aurait cherché à lui apprendre à faire une figure en lui attrapant les épaules, ce qui a provoqué son départ du skate-park. V. dit ne pas avoir expérimenté de rencontre désagréable avec les skateurs, L. salue les hommes qu'elle retrouve dans le skate-park sans chercher à leur parler

, Une autre forme d'interaction incontournable des rencontres hommes-femmes est le regard d'autrui. Ce regard que porte l'autre sexe engendre plus ou moins un « malaise », une impression d'inconfort, une timidité selon les témoignages. Cela constitue donc un certain « poids

«. Lorsqu and &. , avec sa profondeur, ses rampes verticales et tous ceux·celles qui regardent ou attendent, on est forcément en train d'accepter de se donner en spectacle. Quand on y glisse, c'est pour s'y faire voir, pour une mise en spectacle de ses performances. C'est différent du PS

L. Dans-l'entretien-avec, L. s'habille différemment de la majorité des filles : elle précise explicitement porter des vêtements qui lui donnent une silhouette de garçon pour ne pas attirer l'attention. Ainsi, elle se sent « moins vulnérable » et les hommes n'ont pas tendance à lui chercher noise (« people are less kin to mess with me »). A., de par son appartenance non-binaire affichée, s'habille avec des vêtements qui semblent davantage attribués aux garçons (pantalon lâche et pull long) et porte les cheveux courts. Par son apparence et la pratique du skate, elle cherche à éviter le regard d'autrui qui lui assigne un genre, qui la « sexualise ». J. dit également s'habiller avec « des vêtements de gars », rencontrer des skateurs qui lui paraissent sympathiques, nous relevons l'expression « visual clues » qui semble exprimer l'importance et le poids des regards qui opèrent dans les espaces du skatepark

, « Ça dépend des skateparks, dans des coins un peu plus craignos, quand ils voient des débutant-es, ils peuvent s'énerver, plus contre les débutants que contre les gens différents, ils s'énerveraient contre des gamins qui courent dans le skate-park, pp.6-7

, certaines filles sans skate investissent le skate-park et adoptent une attitude d'attente. Elles ne donnent pas l'impression de se préoccuper de ce qui se passe autour d'elles. Quelques-unes sont plongées dans leur portable. Nous observons une douzaine de situations caractérisées par le fait qu'elles soient seules

, Dépasser la notion d'usages « féminins » du skate-park

, Dans le but de résumer ce travail nous pouvons dire que l'analyse a contribué à montrer que les usages du skate-park s'agencent autour de deux « moments forts ». D'abord, le temps de pratique qui consiste en périodes d'apprentissage, d'entraînements, de démonstrations. Ensuite, les rencontres s'organisent à travers un groupe de femmes

, Au contraire des hommes qui évoluent toujours dans tout le skate-park, elles se regroupent et évitent les spectateurs. Nous avons parfois noté lors des observations qu'il ne se passe rien devant nous et que « dès qu'on a le dos tourné, elles se sont remises à skater ». Mais, ce peu d'intérêt pour se montrer doit peutêtre être analysé comme une centration de la pratique des femmes sur le « flow », cette recherche de sensation décrite dans les pratiques de glisse mais aussi par d'autres sportifs. Les hommes paraissent bien plus souvent en recherche de démonstration, en quête d'un « plus haut, plus vite, plus fort » qui explique peut-être l'intégration du skate-board comme pratique olympique. Ces conclusions nous invitent à questionner l'observation des femmes et des jeunes filles. C'est un bon point de départ, qu'il faudrait maintenant dépasser. Les références au genre, comme celle faite par A. qui se présente comme « non-binaire, C'est parce que leur pratique est plus organisée que les filles semblent respecter plus les règles du skate-park. Elles créent ensemble des espaces où le groupe les protègent. Nous le vivons lors d'un entretien informel avec J. et A. : nous sommes frôlées par des skateurs dès qu'elles s'arrêtent pour répondre aux questions

, Après les rencontres faites à Cantelowes Gardens, nous avons commencé de nouvelles observations à Finsbury Park (à trente minutes de marche plus au nord de

. Londres, L'ensemble des informations recueillies, notamment sur la communauté non binaire, sur la pratique des femmes, de certains hommes qui semblent eux aussi sortir des codes de genre imposés par la société montrent que le skate-park est un lieu où le genre se met en scène à travers la pratique sportive, 2005.

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