Cryptographies
Résumé
Cryptography can be defined as the art of secret communication. It is most often, but not exclusively, a writing operation, characterised by various types of concealment. From sacred texts to philosophies of representation, from mathematics to linguistics, from information theory to quantum theory, etc.: the manoeuvres of encryption and decryption can be of great immediacy and instantaneousness or, on the contrary, of infinite complexity, and often come under the heading of genuine interpretative pragmatics based on a shared personal history or on logic.
Sensitivity to the ambiguity of the sign is tested by playing with the boundary between the image (pictorial motifs) and the text (graphic signs). A double discourse is established, the spectator is taken on a journey that leads him or her to discover a content that is supposed to be known in advance, to solve an enigma, to decipher a secret writing, to reveal its hidden meaning. Such suspense speaks of desire, language, speech, language.
The documents explored here range from the Homeric text and the deciphering of Linear B to Gödel's theorem and the contemporary practices of hackers, via the secret books of the Druze, the talismans of China and the lacquers of Japan. In each case, we examine the formal or graphic games that aim to ensure both concealment from the many and revelation to the few, as well as the social context in which these games are played.
La cryptographie peut être définie comme l'art de la communication secrète. Il s'agit le plus souvent, mais non exclusivement, d'une opération d’écriture, caractérisée par des procédés de dissimulation de natures diverses. Des textes sacrés aux philosophies de la représentation, des mathématiques à la linguistique, de la théorie de l’information à la théorie quantique?: les manœuvres de cryptage et de décryptage peuvent être d’une très grande immédiateté et instantanéité ou bien au contraire d’une infinie complexité, et relèvent souvent de véritables pragmatiques interprétatives fondées sur une histoire personnelle partagée ou sur la logique.
On met à l’épreuve la sensibilité à l’ambiguïté du signe, en jouant avec la frontière entre l’image (les motifs picturaux) et le texte (les signes graphiques). On instaure un double discours, on entraîne le spectateur dans un parcours qui l’amène à découvrir un contenu supposé connu par avance, à résoudre une énigme, à déchiffrer une écriture secrète, à en dévoiler le sens caché. Un tel suspense parle du désir, de la langue, de la parole, du langage.
Les documents explorés ici vont du texte homérique et du déchiffrement du linéaire B au théorème de Gödel et aux pratiques contemporaines des hackers, en passant par les livres secrets des Druzes, les talismans de la Chine et les laques du Japon. On y examine dans chaque cas les jeux formels ou graphiques qui visent à assurer tout à la fois la dissimulation au plus grand nombre et la révélation à quelques élus, ainsi que le contexte social dans lequel ces jeux s’inscrivent.
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