La présence de quelqu’un qui n’est pas là  - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Hommes & migrations Année : 2018

La présence de quelqu’un qui n’est pas là 

Résumé

Je suis devenu photographe en 1999 au cours d'un voyage en Afrique, muni d'un appareil photo argentique et de pellicules noir et blanc. Grâce au contact d'un ami, je me suis rendu au Bénin. Je suis venu à la photographie par les routes tracées par le photographe et ethnologue Pierre Verger (1902-1996). J'ai donc commencé par une approche ethnologique. La photographie m'intéressait pour le rapport au groupe, la façon dont la caméra peut créer de l'inclusion dans un groupe, même quand on est étranger. C'est tout le travail de Pierre Verger qui a, lui, documenté toute la déportation des esclaves entre le Dahomey et le Brésil. En 2001, je travaillais dans le milieu associatif à Orléans, où nous avions monté une association à but socio-culturel Image du pôle, avec des ateliers de photographie dans les quartiers. Nous voulions sortir la photo du musée, sortir les cimaises dehors, montrer la photographie hors les murs. Le ressort autobiographique La même année, je me suis fait photographe de ma propre vie, en me tournant cette fois vers le Maroc. Mon père est un Marocain noir, dont la famille de son père venait de Tombouctou. Il y a donc chez moi un attachement à l'Afrique de l'Ouest par le biais de ce grand-père nomade. Je suis parti au Maroc sur mes propres fonds. J'ai commencé à photographier ma famille marocaine, avec en filigrane l'absence du père, ce père qui ne voulait plus revenir au Maroc et qui ne disait pas pourquoi. Lors de mon voyage au Maroc en 2001, je me suis rendu compte que j'avais photographié les mêmes moments et les mêmes espaces, les mêmes lieux qui m'ont marqué quand j'étais petit. J'avais reconstitué en quelque sorte mon album de famille, sauf que là c'est moi qui étais derrière la caméra. Après ce premier voyage, j'ai commencé à écrire des lettres à mon père. J'ai commencé à imaginer un projet, et c'est devenu un livre et une exposition (…). Au départ, il ne s'agissait pas vraiment d'un travail sur la migration, mais plutôt du regard d'un fils d'immigré qui va inverser les choses en parlant de la migration du point de vue de ceux qui sont restés. Cela produisait un contre-point : se déplacer, pour aller faire des images du pays du père pour lui montrer que tu en fais aussi partie et que ton regard et ton être se constituent de ce qu'il a laissé, de ce qu'il ne veut pas dire. Donc, tout cela se met en place au fur et à mesure, entre 2001 et 2005. Je voulais ramener mon père dans le village de son père. L'idée c'était d'enquêter, de savoir « d'où l'on vient », parce que je crois qu'il ne savait pas. J'ai retrouvé son village, et quand je suis revenu le voir avec ces photos-là, ces recherches, cela a déclenché son propre retour. Toute l'immigration dans un seul corps.

Domaines

Sociologie
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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Dates et versions

halshs-02614583, version 1 (21-05-2020)

Identifiants

Citer

Hélène Bertheleu, Malik Nejmi. La présence de quelqu’un qui n’est pas là  : Rencontre avec Malik Nejmi, artiste. Hommes & migrations, 2018, Exposer les migrations, 1322, pp.137-145. ⟨10.4000/hommesmigrations.6725⟩. ⟨halshs-02614583⟩
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Dernière date de mise à jour le 21/04/2024
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