de toute comparaison indécente mais, hier, on s'indignait que les hommes fussent traités comme des bêtes. Pouvons-nous accepter que les animaux soient traités aujourd ,
, Les opposants à la tauromachie semblent ainsi revendiquer que les hommes se conduisent à l'égard des animaux en respectant les conventions que ces derniers pourraient contribuer à définir si? seulement ils le pouvaient ! En l'absence d'une telle condition, comment ne pas être révolté à l'idée que la corrida puisse impliquer, malgré lui, un « être vivant muet » (d1) ? A ce propos, la critique de la corrida au nom des valeurs de la sportization s'avère des plus significative. Alors que -comme nous l'avons remarqué plus haut -la tauromachie relève de cette codification de combats mimétiques entre trois hommes rivalisant en dextérité, les pamphlets anti-corrida ne cessent de dénoncer un face à face entre l'homme
, Le boxeur ou le rugbyman se prononcent pour aller sur le ring ou sur le terrain de sport en toute connaissance de cause, personne n'a décidé pour lui, il prend donc ses responsabilités pleines et entières, avec un beau paquet d'argent à la clef, ne l'oublions pas. Le taureau, lui, ne gagnera que sa mort certaine
, Six hommes armés, longuement entraînés et agissant de concert contre une bête seule, novice et ignorante de tout, c'est ce que certains appellent un combat loyal
oser prétendre que la corrida est un combat à armes égales ? (?) On constate que de plus en plus de taureaux manquent de vitalité. Peut-on, dans ces conditions, parler de combat loyal ? (d2) Les toreros, qui peuvent gagner jusqu'à 1 600 000 francs pour une seule prestation, prennent de moins en moins de risques en exigeant ces amputations ignobles, d'autant que de 1948 à 1993, on a enregistré une mort de torero pour 34.033 taureaux tués en France et en Espagne (?) ,
, la tauromachie serait ainsi coupable de ne pas permettre l'annulation des différences -en l'occurrence, entre l'homme et l'animal -au profit d'une égalité des chances seulement rompue par une confrontation loyale des habilités mises en jeu. Comment dès lors se satisfaire d'une tension mimétique créée par un affrontement dont l'issue -la mort d'un des protagonistes -n'est pas incertaine ? La véritable loyauté d'ailleurs n'exigerait-elle pas que les chances de succomber soient égalitairement réparties entre le taureaux et le matador qui « ne risque que très rarement sa vie
, Dès le début du XIX e siècle, en effet, ces deux systèmes d'attitudes semblent avoir entamé des évolutions parallèles qui ne leur ont jamais permis de se rejoindre 32 . La tauromachie, comme nous l'avons noté plus haut, n'a cessé de réduire les éléments les plus brutaux et sanglants de ses mises en scène spectaculaires. La compassion à l'égard de l'animal, de son côté, semble avoir été principalement marquée par un processus de vulgarisation et de diffusion qui lui a permis d'accéder au rang des valeurs communes les plus hégémoniques. Maurice Agulhon 33 et Valentin Pelosse 34, Le cadre théorique emprunté à Norbert Élias paraît donc particulièrement apte à mettre en exergue les fondements des controverses autour de la corrida
, Soulignons bien que ce propos se distingue nettement de l'interprétation évolutionniste des anti-corrida selon laquelle leurs dispositions seraient plus récentes, mieux achevées, « moins archaïques », que celles des « amateurs de barbarie
, Le sang des bêtes : le problème de la protection des animaux en France au XIX e siècle », dans Histoire vagabonde, 1988.
L'auteur analyse les propos recueillis dans 27 mémoires manuscrits présentés dans le cadre d'un concours de l'Institut en 1802. La question posée aux candidats porte sur les mauvais traitements envers les animaux et sur la nécessité, en la matière, de légiférer dans un souci de morale publique. au long du XIX e siècle. L'économie affective qui semble avoir sous-tendu les argumentations des premiers promoteurs de la protection animale présente de nombreuses similitudes avec celle que nous avons examiné ci-dessus. Quelques différences pourtant méritent sans doute d'être relevées afin de tenter de rendre compte des inflexions les plus récentes. En tout premier lieu, les attitudes précautionneuses à l'égard de l'animal ont longtemps été l'apanage exclusif des classes les plus hautes se percevant comme des happy few doués « d'une sensibilité, vol.35, 1981. ,
, De nos jours, la considération et le respect entendent être étendus à tous les êtres vivants y compris aux « bêtes sauvages » qui semblent, d'ailleurs, ne plus en être vraiment. Les évolutions des moeurs décrites par Norbert Élias ont si profondément modifié notre rapport au monde animal que la « sauvagerie » menaçante n'est plus désormais qu'un attribut infamant réservé à des ? hommes mal civilisés
, Bien d'autres éléments cités par l'auteur laissent penser qu'à l'époque la sensibilité à l'égard de la souffrance animale est un signe distinctif que les classes les plus « hautes » opposent à la cruauté à l'égard des animaux dont étaient accusés les classes populaires, Propos relevé par Valentin Pelosse dans l'un des mémoires étudiés
La mort donnée en spectacle ou Petit manuel à l'usage des anti-corrida, Alliance pour la Suppression Absolue et Continue des Corridas, vol.135, 1998. ,
On est toujours le taureau de quelqu'un, édité par l'auteur, vol.91, 2003. ,
Alliance pour la suppression des corridas. Disponible sur le site web de l'Alliance à l'adresse www ,
, « Un combat loyal ? » texte non signé présenté sur le site web de l'Alliance pour la suppression des corridas
, Texte présentant la Fédération de liaisons anti-corrida. (FLAC). Disponible, comme les autres textes des membres de la FLAC
, La corrida négation des droits de l'animal » (FLAC)
, « Les Écoles Taurines ou l'initiation au sadisme » (FLAC)
, Commission éthique et historique » et Querelle (J.), « Motivations des spectateurs de corridas » (FLAC)
« Elevage de taureaux dits 'de combat' » (FLAC) ,
« Commission éducation ,
,
, La tauromachie, manuel apologétique à destination des publics néophytes, Éditions Sud-Ouest, 1993.