Les mises en scène des martyrs dans les cimetières de village au Liban Sud
Résumé
L’histoire du Liban Sud est marquée, depuis la création de l’État d’Israël en 1948, par des heurts, des conflits, des incursions et par les deux invasions israéliennes de 1978 et 1982. Ce territoire a ainsi été occupé de 1982 à 2000 par l’armée israélienne aidée par une milice supplétive, l’Armée du Liban Sud (ALS). La région de Nabatiyeh, occupée jusqu’en 1985, se trouve ensuite en première ligne face à l’occupant, présent sur 11 % du territoire libanais jusqu’à son retrait en 2000.
Dans ce contexte, les cimetières apparaissent comme un observatoire de choix pour étudier les usages politiques du groupe « martyrs » dans les villages du Liban Sud. Je propose ici une analyse sémiotique de l’espace des cimetières, partant du postulat qu’ils sont les signes matériels d’une mémoire en construction. Comme les cimetières, les tombes sont remarquables par la façon dont les morts y sont identifiés. Le parallèle peut être établi entre cette analyse des cimetières et celle proposée par Antoine Prost pour qui les monuments aux morts concentrent des représentations de trois pôles de l’identité : l’individu, la nation et la commune. Le référent « commune », peu pertinent dans notre cas, peut être remplacé par celui de « communauté » ou de « parti ». Il est important d’insister sur la dimension locale, primordiale dans cette analyse.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
Loading...