. Les, Si ces chiffres peuvent, à condition d'être insérés dans un récit socio-politique consistant, raconter une histoire, ils ne doivent pas constituer le cadre du débat sur les crises écologiques ambiantes. Car le risque est grand de tomber dans une discussion technocratique qui se soucie peu des responsabilités pour se focaliser sur le prescriptif. Les courbes sans histoires, les effets sans causes, aboutissent à des : il « faut » -faire baisser cette courbe, rester sous tel chiffre, etc. Les citoyens n'auront qu'à obéir « puisqu'il y a urgence ». Depuis quelques années, des dizaines d'articles sur les flux de matières viennent alimenter les politiques publiques. Les solutions encouragées restent très majoritairement d'ordre technique -« corriger » les trajectoires sans débattre des causes. On peut, sans difficulté, imaginer le jour où « les experts » nous présenteront une nouvelle limite à ne pas dépasser : «bilan matière» par habitant. Bilan traduit en « il faut » par des politiciens. Et tout pourrait continuer comme avant. Imaginons, par un exercice de pensée, que ces graphes n'existent pas. Imaginons que nous n'ayons pas cet outil. Il n'y aurait, alors, plus de crise écologique ? Imaginons que l'industrie cimentière, par on ne sait quel miracle, réduise fortement ses émissions de CO2, les dégâts seraient-ils résolus en une quelconque façon ? Non, bien sûr : les traces, dans les territoires, du « bon béton vert » seront tout aussi présentes que celles du « mauvais béton brun, des métaux rares et de bien d'autres matières, 2014.

, Pour produire cet espace global bien particulier, de la matière doit être extraite localement quelque part. Les infrastructures tracent la terre de bien des façons : « trous » des carrières, montagnes de déchets inertes, villes tentaculaires, etc. D'où les luttes socio-environnementales : contre les projets d'extraction, les infrastructures inutiles, pour préserver des territoires, etc. Toutes ces traces nous affectent, plient nos corps, canalisent nos actions, nos routines et nos rapports au monde. Notre recherche montre qu'il sera au moins aussi compliqué de transformer cette infrastructure matérielle, solidement ancrée dans le sol, que de produire des imaginaires et des représentations post-capitalistes (et penser leur articulation). Il ne faut pas se raconter d'histoire : tout projet anti/post-capitaliste devra composer avec l'héritage des idéologies productivistes et leur traduction matérielle -il devra, Le ciment nous a servi de prétexte pour souligner ses liens avec le capitalisme fossile mais, aussi et surtout, le poids des infrastructures qui s'empilent au sein du système économique mondial

, Raison pour laquelle certains experts s'alarment de la mauvaise qualité des constructions en Chine et y prévoient une forte hausse des déchets autour des années, 2050.

. Evidemment,

. Paradoxe-?-le-capitalisme, qui cherche à tout rendre fluide et liquide, à supprimer les « rigidités » partout où il s'impose, a besoin d'un stock vertigineux de matières pour survivre

, des chantiers à investir pour espérer faire dérailler la production d'alternatives infernales, et entrouvrir des perspectives un peu moins pesantes, pics

, Références ? Archives du Syndicat Français de l'Industrie Cimentière. ? Archives de l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction

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