. C'est-p.-ex, P. Le-cas-de-la-section-qu'y-consacre, and . Adam, où celui-ci se contente soit de reprendre de façon positive les textes normatifs (les fabriques découlant de la volonté d'assurer l'entretien des bâtiments contre les malversations ou négligences des curés), soit de donner des exemples de legs pieux au profit de fabriques. L'ouvrage classique (et qui reste fondamental sous bien des aspects) pour l'histoire institutionnelle des fabriques est celui de S. Schröcker, Die Kirchenpflegschaft, Die rechtliche Organisation des Kirchenbaues im Mittelalter, vornehmlich des Kathedralbaues, vol.351, pp.541-562, 1934.

M. Staub and ;. Reitemeier, The Shaping of a Community. The Rise and Reformation of the English Parish, c. 1400-1560, Aldershot/Brookfield, Scolar Press/Ashgate, 1996, fondé sur des comptes de fabrique, est lui aussi essentiellement urbain (bien que quelques villages soient pris en compte çà et là), Cf. aussi P. Vuillemin, « L'ingérence croissante des corps de ville dans les affaires religieuses », dans M.M. de Cevins, J.M. Matz (dir.), Structures et dynamiques religieuses?, pp.435-437, 2003.

B. Kümin and ;. Staub, Les paroisses et la cité?, op. cit. ; A. Reitemeier, Pfarrkirchen in der Stadt?, Gotteshausmeister, Kreditgeschäfte und bürgerliche Eliten im Volkacher Salbuch, pp.125-169, 2009.

R. Leng, . Glaube, and . Geschäfte?, , pp.126-128

M. Staub and L. Paroisses, Une notion clé, sur laquelle il n'est pas possible de s'arrêter ici, pp.126-127

K. Le-cas-de-fribourg-présenté-par, «. Utz-tremp, ;. Une, ». Le-curé-de-fribourg, M. Caesar et al., montre que cette conversio peut aussi concerner les revenus de l'église paroissiale engagés en 1314 à la commune pourvu qu'elle les « convertisse » in fabricam de la seconde église paroissiale. 134 . DAEi, B 230, f o 13 : Nescit an vittrici vel heredes eosdem LX fl. dominis de Rebdorff mutuaverint vel eosdem in vim contractus vendicione dominis de Rebdorff emerint, sed utique domini de Rebdorff in eorum potestate detinuerint hos LX fl. ad VI annos, de quibus singulis dederint III fl., postea domini de Rebdorff redemerint hos III fl. et restituerint LX fl. vittricis. Et iidem vittrici similiter mutuaverint Stadelhover qui dat singulis annis III fl. ipsis vittricis de eisdem LX fl. ; f o 31 : Dicit qd. prefectus in Holnstain taliter intromittat se de rebus ecclesie, Religion et pouvoir. Citoyenneté, ordre social et discipline morale dans les villes de l'espace suisse (XIV e -XVIII e siècles), Neuchâtel, Alphil, pp.43-44, 2014.

, non curat an ecclesie satisfiat annon ; antea ipsi vittrici arrendarunt bona ecclesie, sed prefectus non vult pati ; f o 108 : Dt. qd. vittrici ecclesie habeant quasi XL vaccas, quas locarunt rusticis pro annuo censu, ita quod quisquam det pro censu quolibet anno XXX d. et aliqui dant pro censu I lb. cere ; et si moritur vacca in potestate alicuius, tunc tenetur procurare aliam vaccam ecclesie aut valorem vacce secundum quod vacca taxata fuit tempore locationis. 135 . Ibid., f o 1 (texte en annexe) : Item dicit quod fabrica habeat forte circa X fl. quos rustici teneantur solvere ; f o 1v : Item dicit quod vittrici sui omni anno statuunt rationem sed non exigunt a creditoribus debita ecclesie et rustici inter se tenent pecunias ecclesie

, Cette situation surprend R. Leng, parce qu'il considère la fabrique comme une sorte d'institution religieuse (ce qu'elle n'est pas spécifiquement), et parce que le prêt à intérêt se confond avec l'usure et l'usage de l'argent dans un marécage matérialiste indigne de la foi (cf. le titre, qui entend frapper à l'aide de ce qui est pensé comme un oxymore : « Foi et affaires, Unus vittricorum nomine Georius Heberlin obligetur IIII fl. ad fabricam ecclesie ; f o 16 : Dt. qd. rustici huiusmodi obligentur ad fabricam ecclesie L lb. d, vol.14, p.345

N. Coulet, Pour la Maurienne, Michael Gelting considère que la confrérie du Saint-Esprit de Montdenis peut être considérée comme un « double spirituel » de la communauté d'habitants (cf. supra, Chap. 6). A. Fontbonne, « La "commune fantôme" de Clermont au XIV e siècle, Les confréries du Saint-Esprit en Provence : pour une enquête » dans Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités. Mélanges Robert Mandrou, pp.35-45, 1985.

G. and L. Bras, Le schéma théorique à l'arrière-plan est clairement du même ordre que la distinction Verein/Anstalt discuté précédemment (cf, Les confréries chrétiennes. Problèmes et propositions », rééd. dans id, p.121, 1956.

. Dans-le-cas-de-cologne, un examen des donations faites à trois confréries de la ville qu'elles fonctionnaient comme un mode d'appartenance chrétienne à la ville transcendant le découpage paroissial (J. Morsel, « "Communautés d'installés". Pour une histoire de l'appartenance médiévale au village ou à la ville, EspacesTemps.net, 2014.

. Eichstätt, où les fabriques sont très présentes, ne mentionne sauf erreur qu'une seule confrérie (DAEi, B 230, f o 102v : Dt. qd. habeatur fraternitas sancti Sebastiani et procuratores eiusdem faciant rationem consulatui in absentia plebani et nescit in quem usum convertatur [511] collecta pecunia), les multiples mentions de confratres y désignant systématiquement les « collègues

O. Les-visites-pastorales?, , vol.332, pp.396-397

, et 311-343 ; on ne peut exclure qu'il s'agisse de variations liées à des « tics » passagers d'écriture, mais lorsqu'on localise tous ces lieux sur une carte, on remarque des groupements nets, le long de la vallée de l'Arve puis en Bas-Genevois (au sud du Rhône après l'affluence de l'Arve), qui pourraient suggérer qu'on a plutôt affaire à des phénomènes micro-régionaux : hors de ces deux espaces, les mentions de confréries sont extrêmement dispersées ; cf. toutefois infra, n. 148. 144 . La visite des églises? 1453, op. cit., t. 2, p. 224 (autel St-Martin per clerum Friburgi in modum confraternitatis fondatum), 225 (autel St-Hilaire per fabros sive marescallos Friburgi fondatum), 226 (autel Ste-Marie per confratres confratrie predicte sancti Martini fondatum ; autel St-Jean cuius sunt Romont (confrérie de la Conception de la Vierge et sans doute trois confréries de métier, l'une des tisserands, l'autre des fèvres et la troisième des cordonniers) 145 , des confrérie de métier à Vevey et peut-être Yverdon 146 , et des confréries qui, comme dans le diocèse de Genève, occupent une partie de l'église, à Promasens et à [512] Goumoens -l'intérêt de cette dernière étant qu'elle est expressément qualifiée de « confrérie des paroissiens du lieu » 147 . Quoique qualifiée de villa, il s'agit cependant d'une communauté de petite taille (ca. 30 feux), ce qui signifie qu'il serait concevable que la confrérie (non mentionnée en 1416/17) ait redoublé la paroisse. Au-delà des aspects normatifs correspondant à la réservation de l'église au seul service divin à accomplir par les paroissiens (prière, réception des sacrements), les diverses interdictions signalent d'une part le caractère fréquent des confréries, d'autre part leur lien étroit avec l'église paroissiale, dont elles s'approprient -d'une manière qualifiée d'indue -une partie de l'espace intérieur (notamment le choeur !), ce qui n'empêche pas certaines d'entre elles, dans le diocèse de Genève, de fonder des chapelles (une à Magland, une à Bursins, deux à Machilly -la confrérie de Magland étant expressément désignée comme « du Saint-Esprit ») ; et l'on ne peut exclure que la chapelle fondée dans l'église paroissiale de Saint-Julien-en-Genevois par des parrochiani ipsius loci sous le vocable du Saint-Esprit 148 soit également celle d'une confrérie. Qui plus est, une relative indistinction peut régner entre « les paroissiens » et la confrérie, comme c'est le cas à Bossey et plusieurs autres lieux, où l'on passe sans crier gare de l'un à l'autre 149 . Toutefois, dans la mesure où l'appartenance à une confrérie était théoriquement facultative (il faudrait toutefois pouvoir mesurer le rôle éventuel de la pression sociale, en même temps que les effets de distinction qui pouvaient jouer dans l'adhésion), le seul effet de [513] l'appartenance confraternelle sur l'appropriation paroissiale qui nous intéresse ici ne pourrait être que d'ordre structurel : à aucun moment, Tout ceci est d'une manière générale interdit par l'évêque, avec quelques aménagements (p. 133 : autorisation donnée à la confrérie de conserver son edificium spatiosum cum muro dans l'église, après supplication ; p. 319 et 320 : octroi d'un délai d'un ou deux ans pour continuer de manger dans l'église « pour certaines raisons, vol.311, p.228

. Ibid, autel St-Barthélemy per textores dicti loci R. fondatum), pp.331-332

M. , du nom de l'autel de la Conception de la Vierge per confratres eiusdem Conceptionis confratrie? fondatum), 334 (cf. supra, n. 76), 335 (autel de la Ste-Croix per sutores predicti loci R. fondatum). 146 . Vevey : cf. supra, n. 70 ; à Yverdon (ibid., p. 612), il est fait mention d'un autel des saints Crépin et Crépinien fondé per certos burgenses mercatores sutores dicti loci Yverduni

. Promasens, Item quod?camera confrarie parrochianorum dicti loci in qua tenentur necessaria eiusdem que est prope campanile ipsius ecclesie debito modo reficiatur et recoperiatur ; cette pièce est donc sans doute à l'extérieur de l'église, d'autant que plus loin l'on exige que soit sorties de l'église et de la sacristie toutes les céréales et choses profanes qui y étaient entreposées, interdiction des commestiones confrariarum aut alie neque etiam coree et huiusmodi illicebra dans l'église ; Goumoens, p.622

O. C. Les-visites-pastorales?, ). St-julien-en-genevois, P. D'une-manière-générale, and . Duparc, Bossey) : quia hiidem parrochiani consueverunt comedere eorum confratrias in ecclesia desuper quodam salano ibidem existenti, igitur inhibuit dominus eisdem in virtute sancte obedientie et sub excommunicationis pena ne ulterius comedant seu alia opera faciant ibidem nisi dumtaxat servire deo in orationibus et aliis divinis obsequiis, 332 (Frangy), vol.356, pp.342-343, 1958.

, Fossier 153 : la dimension carcérale de la cellule est ici retraitée sous la forme des liens (de même que Petrus ad vincula peut aussi être dit Petrus in carcere, ou en allemand Peter in den banden ou in den kerkennere?), mais sans le caractère circonscrit (délimité) de la cellule 154 ; elle serait donc plus adéquate pour exprimer le rapport construit envers le pôle ecclésial que désigne l'encellulement ; par ailleurs, « attachement » présente une dimension affective qui n'est sans doute pas inutile pour exprimer le caractère euphémisé (au sens bourdieusien) de la fixation de la population, i.e. la violence douce (notion là encore bourdieusienne 155 ) que représente « l'esprit de clocher » (parochianism en anglais !) 156 . Je ne cherche pas par là à substituer 150 . Comme je l'avais souligné à propos de Cologne, La notion d'attachement qui a été utilisée à plusieurs reprises dans les lignes qui précèdent doit être entendue par rapport à celle d'« encellulement

. Cf and . Supra, , p.63

. P. Cf, . Colonges, and . Dans-le-diocèse-de-genève, Item idem dominus iniunxit dictis parrochianis de Colonges ut dictam eorum ecclesiam coperiri faciant? (Les visites pastorales?, Cf. en Introduction, vol.153, pp.15-17

. Chr and C. Wickham, glose ainsi « l'"encellulement" de Fossier » comme « le développement de frontières locales ». 155 . Cf. en Introduction, n. 64 ; A. Guerreau, « Quelques caractères spécifiques de l'espace féodal européen, L'État ou le roi. Les fondations de la modernité monarchique en France (XIV e -XVII e siècles), pp.85-101, 1996.

L. Paris, J. L. Cerf-;-dans, and . Mayaud, ) et correspondrait à la phase de tentative de reconquête catholique consécutive à la Restauration (cf. Fr. Ploux, « Production et recomposition des identités villageoises en France, de la monarchie de Juillet aux années 1930, L'expression elle-même est tardive (pas avant la fin du XIX e s. selon Ph. Boutry, Prêtres et paroisses au pays du curé d'Ars, pp.17-62, 1986.

L. Diefenbach, Glossarium latino-germanicum mediae et infimae aetatis, Francfort-sur-le-Main, 1857, p.330

, Ainsi lorsque parochia est employé là où on attendrait plutôt ecclesia, p. ex. DAEi, B 230, f o 24v : Habetur psalterium in parochia quod est de diocesi Ratisponensis ; f o 89v : Dt. qd. non habeatur sacramentum in parochia sua neque baptisterium

, Dt. qd. certe mulieres et etiam viri in parochia sua habeantur suspecti, quod sint incantatores et incantatrices, et quidam laicus sit in parochia Berngaw, qui habeat radicem, cum qua solitus sit curare homines. [?] Dt. qd. habeat certos villanos de parochia sua, qui non intersint sermonibus. La question de la spatialité de la parrochia assortie de prépositions locatives a déjà été rencontrée au Chap. 8, n. 93. 171 . Ibid., f o 72 : Dt. qd. judeos habeat in parochia sua non deferentes signa et sint pauperes, ita quod non fenerentur quia laborent artem mechanicam, Un exemple pris sur une trentaine de mentions, qui articule diverses manières de désigner les paroissiens : ibid., f o 51v : Dt. qd. pauci ex villanis suis festivent dies Johannis et Pauli ac crastinum Ascensionis Domini fur die Schaur

, et judei in Talmessing plus sint privilegiati quam christiani? ; f o 113v : Habentur judei in opido Wassertruhending non ferentes signa et intrantes publice tabernas ; f o 116 : Due domus sint in villa in quibus sint judei et sub ditione domini Ludovici comitis non deferentes signa et etiam fenerantes

, Copia judeorum habeatur in opido Guntzenhausen non deferentium signa ; etc. 172 . Ibid, vol.126, pp.3-121

, La fréquence des excommuniés dans les diocèses de Genève ou Eichstätt n'est cependant pas une chose exceptionnelle, car elle a été repérée dans nombre de villes et villages de la fin du Moyen Âge -et elle scandalisait Nicolas de Cues : non parce que le nombre invraisemblable d'habitants excommuniés signalerait la fréquence de comportements condamnables mais plutôt un usage abusif de la part des curés (notamment pour garantir le paiement d'amendes) 185 . De ce fait, la communion n'était plus en mesure, en pratique (elle le restait évidemment en théorie), d'assurer la coïncidence entre paroissiens et habitants -non pour des raisons institutionnelles ou morphologiques, on l'a vu, mais comme modalité de fixation des populations. [522] Or la fréquence des excommuniés montre aussi que, bien qu'excommuniés, les habitants ne partent pas nécessairement -et le cas de Johann Bader à Kronheim suggère que c'est l'enchaînement inverse qui prévaut. Dans le registre d'Eichstätt, on compte une centaine d'occurrence de villa (pour une soixantaine de parochia) 186 , dont les deux-tiers prennent la forme in villa (et parfois in ipsa/proxima/alia villa, ou in villa X). Les deux-tiers des mentions de in villa concernent à leur tour la famula, très souvent concubine (parfois accompagnée de proles), qui est/habite/a son domicile ou sa maison (hospicium, domicilium, domum) dans cette villa : le reste est fourni par les rustici ou villani in/de villa/ville, la mention des « notables » (potiores, seniores, principaliores, villicus, etc.) et des juifs, ainsi que de bâtiments (chapelles, tavernes). La villa constituerait donc un espace bâti et un espace social, soit encore une fois cette (micro-)société observée à propos de l'opidum ou de la parochia en lien avec les juifs, nombreux excommuniés sont mentionnés dans les lieux visités (ils n'ont donc pas été expulsés) -tandis qu'à l'inverse, il est bien souligné dans le registre d'Eichstätt qu'un certain Johann Bader, devenu au village insupportable à son seigneur (et donc sans doute banni), a dû quitter la paroisse 184

». Dans-les-registres-«-suisses, le terme villa est rare et ne semble être utilisé que pour désigner une ville. Toutefois, on se rappellera que les registres des diocèses de Genève et de Lausanne mentionnent presque systématiquement le nombre des

. D'une-manière-ou-d'une-autre, Eichstätt comme dans les diocèses « suisses », l'éventuelle différence de spatialité entre la paroisse (pensée à partir du centre et comme un ressort) et la villa (pensée comme un territoire délimité) est brouillée (de notre point de vue) -comme si, en définitive, les deux spatialités finissaient par devenir indistinctes, de manière parfaitement congruente avec le fait que dans le diocèse de Lausanne, les termes habitatores et parrochiani présentent de 184 . Ibid., f o 112v (village de Kronheim) : Johannes Balneator est publicus adulter qui est reccessivus extra parochiam suam, quia domicellus suus ut talem non vult eum pati in villa. Le possessif suam (de même sans doute que suus) ne renvoie pas à Bader mais au curé qui rapporte le fait (le mot parochia est employé dans la moitié des cas avec sua

J. Chiffoleau, La religion flamboyante, vol.2, pp.75-76
URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00796572

, Il s'agit donc de chiffres assez bas si on les rapporte à ceux qui concernent les personnes (cf. supra, vol.33

. Daei, Dicit se circuisse segetes in die Corporis Christi in villa Merlach cum sacramento eukaristie ; f o 91v: In villa Selignstat circuit segetes cum sacramento eukaristie in die Penthecostis aut quadam alia die congruente, vol.70

, Apud Doucier. Eadem die [samedi 11 juillet 1411] visitavit idem dominus episcopus parrochialem ecclesiam Douciaci, ubi sunt XXX ta foci et valet in portatis circa XXV e florenos, in qua est curatus dominus Girdardus de Branchiaco? (Les visites pastorales?, p.168

, forte zones de recouvrement, tout comme les termes rustici, villani et parochiani dans celui d'Eichstätt

P. Dîme and . Villa-l'usage-dans-le-registre, De ce fait, on pourrait aisément y voir un facteur de territorialisation de la paroisse -si ce n'est que la dîme reste encore largement sous-étudiée 191 , entre autres sous l'angle de l'appropriation spatiale, en tant que mode de structuration de l'espace articulé à un pôle théorique (l'église) et à une circulation matérielle et humaine souvent hétérogène (types de dîme divers, bénéficiaires divers, partages variés, etc.). On rencontre ainsi fréquemment l'idée selon laquelle la définition, dès l'époque carolingienne, de limites précises pour les décimaires (ou ressorts dîmiers) aurait contribué décisivement à territorialiser la paroisse, en tant qu'espace de ponction précisément délimité 192 -si bien qu'on pourrait considérer, Eichstätt du syntagme villa parochialis pour désigner une aire de prélèvement de la dîme qui, dans d'autres cas, peut être appelée villa ou surtout parochia, ou plus rarement désignée par un toponyme 189

, dues sur les productions des feux, sont par conséquent levées sur les feux/habitants et non pas sur les paroissiens stricto sensu -et, les canonistes insistent sur le fait que la dîme est due en vertu de l'endroit où se trouvent les terres et non pas de l'appartenance paroissiale du cultivateur 194 . Un problème particulier est cependant posé par le fait que les décimaires ne correspondent pas toujours aux paroisses, parce que l'extension de ceux-là renvoie à une logique seigneuriale antérieure à la condensation de celles-ci et qu'il n'y avait pas 189 . DAEi, B 230, f o 122v : in villa sua parochiali nullam percipit decimam maiorem -à comparer à plebanus in Ried percipit decimam maiorem ville Zell (f o 106v) et minorem et maiorem decimam percipit intra septa ville (f o 128) ou encore percipiat decimam in animalibus per totam parochiam preter villam Poppenrewtt (f o 95) et surtout, de façon paradigmatique

, dominus abbas percipiat decimam maiorem in Grubach et Eysmansberg, f o 31 -mais cf. aussi le cas de Zell supra) semble correspondre aux situations où c'est un ecclésiastique extérieur à la paroisse qui lève la dîme de l'endroit

R. Viader, . La, and ». Dans-l'europe-des-féodalités?, rappelait ainsi récemment à la fois notre ignorance (ou nos illusions de savoir) et le potentiel de connaissances que pourrait nous apporter une étude soignée de la dîme : « si l'on voulait bien accorder [une] vraie place à la dîme, bien des choses sembleraient plus claires : la brutale multiplication des églises, le rôle crucial de la paroisse, la formation parallèle des villages et des seigneuries, l'ascension d'une aristocratie nouvelle et bicéphale, la concomitance des révolutions féodales et des réformes grégoriennes? ». 192 . Cf. notamment G. Fournier, « La mise en place du cadre paroissial et l'évolution du peuplement », dans Cristianizzazione ed organizzazione ecclesiastica delle campagne nell'alto medioevo : espansione e resistenze, Spolète, Centro di studio sull'alto medioevo, pp.509-512, 1982.

W. Petke, Die Pfarrei?, op. cit, Die Pfarrei in Mitteleuropa im Wandel vom Früh-zum Hochmittelalter », dans E. Bünz, G. Fouquet (dir.), pp.48-54

A. Reitemeier and . Die-pfarrgemeinde-im-späten-mittelalter-»?, A. Reitemeier, « Die Pfarrgemeinde im späten Mittelalter »?, art. cité, Sur cette question complexe, cf. M. Lauwers, « Paroisse, paroissiens et territoire. Remarques sur parochia dans les textes latins du Moyen Âge », Médiévales, vol.49, pp.27-29, 2005.

R. Viader and . La, Rapport introductif », dans id. (dir.), La dîme dans l'Europe médiévale et moderne, Toulouse, PUM (Flaran, 30), pp.147-148, 2010.

, En outre, la dîme a été fréquemment levée par les laïcs et/ou subdivisée en de multiples portions, ce qui limitait d'autant l'éventuel effet territorialisant de la dîme. La question semble par ailleurs n'avoir de sens que dans les campagnes, la perception de la dîme sur les productions urbaines ayant toujours été difficile -si bien que c'est le casuel et non pas la dîme qui constitue, à côte du revenu de la dos, la principale source de rente des curés urbains 196 . Par conséquent, en dehors de condamnations normatives sur lesquelles les canonistes n'étaient qui plus est pas d'accord) d'adapter les décimaires

, ) ; mais un tiers des mentions signalent aussi les difficultés que pose la perception (également examinable sous l'angle de son vocabulaire 198 ) : le refus total ou partiel des paroissiens de verser les dîmes (ca. 60 cas), le prélèvement de la rétribution des moissonneurs avant le calcul (numeratio) de la part à remettre (ca. 45 cas), les fraudes (5 cas), les destructions de récoltes en attente (5 cas) et les conflits ouverts en justice sur les dîmes (10 cas), Le problème historiographique de l'articulation entre paroisse et ressort dîmier a été rappelé dernièrement par M. Lauwers, « Pour une histoire de la dîme et du dominium ecclésial », dans id. (dir.), La dîme, l'Église et la société féodale, pp.155-190, 2012.

H. Müller, « Die Pfarrei im Normengefüge? », art. cité, p.76

, soit une perspective principalement seigneuriale (le sujet est le seigneur décimateur plus que les paroissiens) et active (alors que recipere est plutôt passif) : les paroissiens sont sujets (avec dare et solvere) essentiellement lorsqu'ils refusent leur dû, et donc qu'ils ne dant/solvent justement pas? Sur le caractère remarquablement signifiant du vocabulaire, cf. L. Kuchenbuch, « Porcus donativus. Language Use and Gifting in Seigniorial Records between the Eighth and the Twelfth Centuries, ainsi que les travaux sur ce point dans M. Bourin, P. Martinez Sopena (dir.), Pour une anthropologie du prélèvement seigneurial dans les campagnes médiévales, pp.193-246, 2003.

, Les chiffres globaux sont donnés supra, n. 33. Versent ou refusent de verser la dîme : rustici : 18 (7,5 % des occurrences du mot), vol.villani, 2009.

. Le-diocèse-de-genève and . De-façon-institutionnelle, Il ne s'agit pas de nier la dimension caritative de la dîme, sur laquelle R. Viader attire aussi l'attention 202 . Mais l'important est sans doute, au-delà de la redistribution et de l'assistance locales, le probable effet décisif de la dîme comme instrument de fixation des populations -précisément par cette redistribution ; si bien que lorsque se défait la logique féodo-ecclésiale de l'exorégulation de la mobilité 203 au profit d'une circulation voulue comme « naturelle » (engendrée par la « main invisible » du rapport offre/demande), on voit en même temps se défaire l'entretien local des pauvres (création des Hôpitaux généraux en France dans la seconde moitié du XVII e s. et, plus nettement encore, p.204

.. X. Fr, . Buchner, K. Klerus, and O. Und-frömmigkeit?, Ces attaques contre la dîme ne sont jamais examinées sous cet angle mais seulement comme manifestation du progrès économique, alors qu'elles sont en définitive comparables aux attaques alors menées contre les cimetières -c'est-à-dire contre un élément essentiel de l'attachement évoqué précédemment 205 . Par conséquent, Par ordre décroissant, les grosses dîmes reviennent dans 55 lieux à des abbayes, dans 28 lieux au curé, pp.189-191

R. Fuhrmann and O. Kirche-und-dorf?, L'importance des dîmes pour les paroisses de Nuremberg est soulignée par M. Staub, Les paroisses et la cité?, op. cit, pp.144-146

, une portion des dîmes est versée à l'église paroissiale (et non au curé) et gérée par la fabrique, p.166

. C. Op, B. Ou, and . Kümin, Le caractère « rural » de la ville de Volkach (qu'on opposerait ainsi à des « budgets » plus urbains) ne peut être retenu comme argument dans la mesure où les fabriques citadines bénéficient par ailleurs de multiples redevances d'origine agricole (les choses sont très claires à Nuremberg comme dans les villes examinées par A. Reitemeier) ; par ailleurs, que la fabrique de Volkach tire v. 1500 une partie de ses revenus de dîmes ne dit rien de l'origine ni de l'ancienneté de cette affectation, les dîmes ne jouent en revanche, semble-t-il, aucun rôle dans les revenus des fabriques étudiés par A. Reitemeier, Pfarrkirchen in der Stadt?, pp.30-32

, Communautés d'installés"? », art. cité, n. 64, et id., « Quelques propositions pour l'étude de la noblesse?, pp.475-481

R. Viader and . La, Europe des féodalités?, p. 20 et 31 (attaques des physiocrates contre la dîme), p.11

A. Guerreau, Et même là où les fabriques n'apparaissent pas ou très peu (dans les registres « suisses »), ce sont quand même les paroissiens qui sont chargés de l'entretien de leur église ; au-delà de ce qui pourrait être assimimé à une banalité (au sens médiéviste du terme), il s'agit surtout d'une modalité qui conduit à l'appropriation collective du bâtiment, et donc à l'accroissement de son pouvoir d'attachement. Pour autant, la fabrique n'apparaît pas comme l'émanation des paroissiens mais des habitants/villageois, inscrits de manière indissociable à la fois dans la parrochia et dans la villa, alors même qu'il n'y a pas nécessairement coïncidence : appartenir à la parrochia est [529] un moyen possible d'appartenir à la villa, appartenir à la villa est un moyen possible d'appartenir à la parrochiapossiblement sur le même mode que la double nature spirituelle et charnelle de chaque chrétien, ou même la double dimension du bâtiment ecclésial (avec sa séparation choeur/nef) ou de la dîme. L'efficacité de cette double appartenance apparaît bien lorsque l'on constate dans les registres de visite pastorale, Quelques caractères spécifiques? », art. cité, p. 98. observe aisément que leur nombre s'accroît vivement à partir du XII e s

. Xii-e--xiii-e-s, . Champagne, and . Gâtinais-berry, En premier lieu, il me semble qu'on doit reconnaître la fécondité heuristique de la distinction opérée entre paroisse et communauté d'habitants, [530] c'est-à-dire du refus par principe de parler de « communauté paroissiale ». La question n'est en effet pas seulement d'être en adéquation avec les réalités médiévales (en commençant d'abord par interroger toutes nos évidences) mais surtout de rendre ainsi possibles des interrogations et des hypothèses nouvelles. En l'occurrence, cela conduit à s'interroger sur la manière dont ces deux dimensions en sont arrivées à converger, en sorte que les 209 . En Rouergue, N. Lemaître, Le Rouergue flamboyant?, op. cit., p. 351, remarque également, d'une part, la concentration, au cours du XV e s., des legs pieux sur la paroisse du testateur (au détriment des paroisses voisines, antérieurement prises en compte) et, d'autre part, l'apparition de la fabrique parmi les destinataires des legs, M'interrogeant sur les rapports entre paroisse et communauté d'habitants, j'ai ainsi adopté une double démarche, distribuée sur deux chapitres différents : l'examen de l'un des deux éléments à partir du point de vue de l'autre, et vice versa. À partir d'un corpus documentaire typologiquement homogène (des chartes -qu'on pourrait cependant répartir en deux groupes : chartes de franchises et chartes de transaction 208 ) mais hétérogène du point de vue des conditions de sa production, p.207, 1990.

. Analogiquement, les habitants/paroissiens se sont tendantiellement approprié l'usage autonome des moyens de production, des moyens de reproduction de leur vie matérielle et spirituelle et, ce faisant, des moyens de reproduction du système social (ecclésio-seigneurial)

, il importe aussi d'intégrer le rapport à l'eglise à l'examen de la communauté comme rapport de production parce qu'il n'est pas à exclure que l'accès à l'église ait pu constituer un enjeu fort de distinction au sein de la communauté d'habitants, dont un symbole pourrait être les bancs

, On peut par conséquent se demander si et dans quelle mesure, d'une part, la seule proximité [533] spatiale (entre les habitants et secondairement entre les 211 . À plusieurs reprises, j'ai souligné combien un cas statistiquement marginal signale non pas que le cas général n'est pas une règle mais justement l'inverse : cela indique justement que le cas rare était possible, donc que sa rareté est probablement un résultat social et non un accident. Ceci signifie qu'un phénomène observé dans 100 % des cas risque d'être moins assuré qu'un phénomène attesté dans, disons, 95 % des cas, parce que dans la vie sociale, il devrait toujours y avoir des exceptions, donc que l'observation à 100 % risque d'être un artefact. Cette idée repose moins sur le proverbe selon lequel « l'exception confirme la règle, ) et assure, notamment par la présence de contre-modèles, la dynamique de fonctionnement et de transformation : M. Godelier, L'idéel et le matériel. Pensée, économies, sociétés, 2 e éd., Livre de Poche, pp.22-29, 1973.

, Pour maintenir en revanche la structure cléricale, il a fallu développer les (prétendus) besoins architecturaux et liturgiques (point culminant : le baroque -ensuite commence le déclin du système ecclésio-seigneurial) dans des proportions qui excédaient les compétences des fabriques? Il est clair en tout cas que, si l'on admet que les communautés d'habitants ont été des structures de recomposition des rapports sociaux, en redistribuant l'espace, en réorganisant le temps, en reclassant les dominants et les dominés, en produisant de nouvelles formes de dépendance interne et de nouvelles exigences de cohésion, bref en redistribuant les cartes et en imposant une discipline nouvelle, alors il est inévitable d'examiner la contribution particulière de l'organisation paroissiale à cela. La pratique de la visite pastorale permet non seulement de constater cette contribution (à travers les registres qui en sont sortis), mais elle doit être considérée comme une modalité fondamentale, au-delà des aspects moraux auxquels on le réduit usuellement, par laquelle l'Église a produit de l'attachement en paroissialisant les habitants. Le « tournant pastoral » du XII e s. ne peut ainsi pas être réduit (pas plus que la « réforme grégorienne » du XI e s.) à une offensive ecclésiologique, disciplinaire, morale, etc. : l'enjeu en était bel et bien l'organisation spatiale, c'est-à-dire productive, de l'Occident -mais dont le prétendu « tournant pastoral » n'est qu'une phase visible, et pas la première. Mais c'est précisément le succès de cette organisation spatiale qui a enclenché la dynamique suivante : l'adhésion des laïcs aux centres sacrés, église/cimetière) n'aurait pas fonctionné comme figura, indépendamment de la communion effective, de la proximitas chrétienne (ce qui expliquerait pourquoi la Réformation a pu écarter la communion catholique sans ébranler le système de domination), et d'autre part si et dans quelle mesure la fabrique n'aurait pas été une sorte d'école par laquelle les chrétiens non seulement étaient soumis à la pression normative et pastorale, mais aussi ont pu à leur tour devenir des rouages de cette normalisation

M. Foucault, . Le, ;. De-michel-foucault, and . Dans-id, 299-300 ; l'effet dont parle ici spécifiquement M. Foucault est la formation d'un milieu délinquant La paroisse, y compris quand elle est qualifiée de communitas, s'avère ainsi définie moins de manière interpersonnelle (paroissiens/curé), comme pourrait le laisser croire la notion de « tournant pastoral » (et le pastorat foucaldien), que comme une focalisation des paroissiens sur l'église, leur église -et ce faisant, comme un dispositif de contrôle et d'autocontrôle. On comprend dès lors pourquoi la Réformation n'a finalement rien changé en matière de fixation des populations (même si, en région protestante, la dîme a disparu) : c'est parce que si celle-là s'est attaquée aux rapports hiérarchiques entre le curé et ses ouailles, elle n'a pas affecté les rapports d'identification entre les paroissiens réformés et leur église et cimetière. C'est ce double mouvement, Ornicar ? Bulletin périodique du champ freudien, vol.10, pp.298-329, 1954.

, ANNEXES

A. , Registre composite associant la visite pastorale de 1480 (f o 1-150), un ensemble de textes du XVI e s. (copie de la Reformatio generalis per modo visitationis de Nicolas de Cues ; procès-verbaux de visites des années 1555-65 ; un questionnaire d'interrogatoire des laïcs : en tout 108 fol.) et une liste des églises et chapelles non datée (49 fol.). La reliure est donc postérieure, les bords du registre de la visite ont été légèrement rognés, la foliotation des f o 1-150 semble également postérieure à la confection du registre initial. Les 150 folios de la visite sont écrits sur papier (32,5 × 22 cm), Diözesanarchiv Eichstätt, B 230

, bifeuillets, avec deux filigranes distincts) ; les 6 filigranes différents correspondent tous à des usages déjà repérés dans le sud de l'Empire (Franconie, Souabe, Tyrol) dans les années 1479-1485 (types Piccard 52721 ou 52724 ; 68325 ; 68977 ; 69276 ; 70714 ou 70717 ; proche de 71180). La main paraît identique du début à la fin de la visite, avec quelques variations de module et de cursivité. Il n'y a aucune trace de réglure, mais la disposition du texte au sein de chaque section, cahiers 9 et 10 : 11 bifeuillets, avec deux filigranes différents dans le cahier 9 et un autre encore dans le 10, vol.11

B. Copie-manuscrite-complète-par-fr, .. X. Buchner, and . De, Diözesanarchiv Eichstätt, Nachlaß Buchner, Kat. Nr. 89. Titre : Dioecesis Eystettensis Visitatio a Joh, 1901.

, Une édition par E. Reiter, longtemps annoncée, ne verra semble-t-il pas le jour (d'après Monsieur Bruno Lengenfelder

. Anno, die vero mercurii vicesima sexta mensis julii, pontificatus domini sanctissimi Sixti pape quarti anno eius nono, ego Johannes Vogt canonicus chori sancti Willibaldi in ecclesia Eystetensi, ex commissione speciali michi a reverendissimo in Christo patre et domino domino Wilhelmo episcopo Eystetensi [biffé : specialiter] facta, visitavi singulos presbyteros et clericos diocesis Eystetensis et iuxta informacionem datam quemlibet sub juramento prestito examinavi ac etiam a villanis cuiuslibet ville de vita et moribus tam plebani quam etiam ecclesie informacionem recepi et primo in « professionnel » par la prison