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, Il met en avant la primauté de la substance sociale de l'agent sur sa substance individuelle. D. Schoeneborn et al. 180 Ont utilisé la perspective de N. Luhmann en sciences de gestion

D. M. , Boje 181 met face à face la CCO et la Storytelling Organization Theory (SOT) pour qui le « non dit » est également déterminant dans la manière de raconter l'organisation, d'où la nécessité du restorying où la place de l'obsercateur dans l'espace et le temps est essentielle au regard d'un antenarrative dont il faut avoir conscience. L'organisation spacialise son monde, le cadence et ordonnance les choses qui comptent (process, technologies, etc.). Si le narratif est le miroir de ce qui se fait, les antenarratives sont fragmentées

, Focus sur Emmanuel Levinas -L'éthique comme l'ouverture sur l'Autre 182

, Son originalité réside dans la tentative de conciliation entre une tradition religieuse et une démarche philosophique. Son oeuvre possède un double fondement Jérusalem, la Bible d'une part, Athènes et la sagesse grecque de l'autre. Cette dualité originaire s'exprime dans des ouvrages clairement distincts et de nature très différente. A cette double référence juive et grecque, il faut ajouter, le recours à l'expérience qui s'explique en partie par sa pratique de la phénoménologie, Introduction L'influence et la réputation on fait de Lévinas est un auteur qui exprimé une voix longtemps solitaire

C. Le, Derrida 183 dans une formulation qui rend compte de la méthode de Lévinas : « L'eschatologie messianique dont s'inspire Lévinas si elle ne veut ni s'assimiler à ce que l'on appelle l'évidence philosophique, ni même « complète » l'évidence philosophique, ne se développe néanmoins dans son discours ni comme une théologie ni comme une mystique juive ni comme une dogmatique ni comme une religion ni même comme une morale. Elle ne s'autorise jamais en dernière instance de thèses ou de textes hébraïques. Elle veut se faire entendre dans un recours à l'expérience elle-même. L'expérience elle-même est ce qu

, Il faut rappeler, pour définir le contexte de la réflexion de Lévinas, la situation d'exilé qui fut la sienne, celle d'un juif lithuanien venu s'installer en France et la tragédie d'Auschwitz et du génocide qui reste un obstacle fondamental pour un penseur de l'Ethique, même optimiste ou utopiste comme il l'est d'une certaine manière

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, Autre qui n'aboutit pas à une totalité divine ou humaine, une relation qui n'est pas une totalisation de l'histoire mais l'idée de l'infini

, La transcendance ne s'atteint ni dans une expérience mystique ni dans une apothéose de la philosophie de l'histoire. Cette ouverture à l'altérité se manifeste dans des expériences très concrètes comme celle de la découverte du visage, du langage, de la relation amoureuse

, Un fait l'illustre : le visage n'est pas du vu, il n'est pas une réalité que je regarde. L'interpréter ainsi serait en faire un objet que je dévisage et explore, que je rends en quelque sorte mien, dans une activité de conquête et de connaissance alors que « la meilleure manière de rencontrer autrui c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ». C'est paradoxalement la pauvreté essentielle du visage, son dénuement, sa nudité, qui fondent toute sa richesse. A travers son visage, autrui ne m'apparaît pas comme un objet ni même un personnage, il est justement l'Autre, une ouverture vers un autre Etre, reconnu sans être connu, L'une des situations très souvent décrite par Lévinas et l'une des plus célèbres est celle de la découverte du visage de l'autre

. Le-langage-est-Également-une-expérience-qui-donne-accès-À-l'infini, Une telle affirmation peut être traduite ici aussi par un constat très simple : « il est difficile de se taire en présence de quelqu'un » 195 . La signification du dire n'est pas seulement ce qui est dit mais c'est le fait même de saluer autrui et, d'une certaine manière déjà, pour Lévinas, de « répondre de lui » et d'entrer dans l'univers de la responsabilité. Ainsi, lorsque nous rencontrons quelqu'un, même simplement pour lui transmettre un message et une information, nous commençons toujours, remarque Lévinas de façon évidente, par lui dire « bonjour ». Nous lui souhaitons, d'une certaine manière, une bonne journée et une bonne vie indépendamment de ce que nous nous apprêtons à lui dire. Ici encore, le dire dépasse ce qui est dit et peu importe, en l'occurence, la qualité de la langue, son élégance, son accent, l'habileté du discours, tous ces éléments passent au second plan. Nous sommes loin d'une conception de type rhétorique et technique du langage. Le dire constitue l'ouverture vers un autre monde, il est d'abord une ouverture à la reconnaissance de l'autre. « Saluer autrui », dit Lévinas, « c'est déjà répondre de lui, Lévinas se distinguait radicalement de certaines descriptions et analyses qui faisaient du regard un mécanisme d'appropriation, de chosification et d'asservissement (comme dans certains textes de Sartre), vol.196

E. Lévinas, . Totalité, L. Nijhoff, and . Haye, , p.23, 1974.

E. Lévinas, E. Et-infini, and F. Culture, , p.91, 1993.

E. Lévinas, , p.93

E. Lévinas, , p.93

, La conception de Lévinas s'oppose à des descriptions comme celles de Sartre mais aussi à des visions plus communes et littéraires et apparemment plus positives : « L'altérité et la dualité ne disparaissent pas dans la relation amoureuse. L'idée d'un amour qui serait une confusion une fusion entre deux êtres est une fausse idée romantique. Le pathétique de la relation érotique, c'est le fait d'être deux et que l'Autre y est absolument autre » 197 . Lévinas trouve une confirmation de cette vérité théorique dans l'examen de certaines situations amoureuses de l'oeuvre de Proust où la distance entre les êtres dans le maintien de la dimension de l'altérité est certes source de problèmes, mais est aussi constitutive de la passion et du véritable amour qui est tout sauf fusion. « L'enseignement le plus profond de Proust consiste à situer le réel dans une relation avec ce qui à jamais demeure autre, avec autrui comme absence et mystère, à la retrouver dans l

, Dans ce type de relation, l'Autre est à la fois Moi et radicalement autre. Elle définit une altérité pour le père qui est « sienne sans être possession ni propriété

, « La paternité est une relation avec un étranger qui tout en étant autrui est moi, la relation du Moi avec un moi-même qui est cependant étranger à moi. Le fils, en effet, n'est pas simplement mon oeuvre comme un poème ou comme un objet fabriqué, il n'est pas non plus ma propriété. Ni les catégories du pouvoir, ni celles de l'avoir, ne peuvent indiquer les relations avec l'enfant. Ni la notion de cause ni la notion de propriété ne permettent de saisir le fait de la fécondité, Un rapprochement serait ici possible avec H. Jonas qui, dans son Principe Responsabilité, accorde une place fondamentale à la natalité dans laquelle il voit une illustration particulièrement claire de la responsabilité

, Elles mettent en lumière cette dimension fondamentale de l'altérité de l'Autre par opposition aux première situations décrites qui manifestaient l'omniprésence de l'Etre. Elles révèlent aussi la dimension d, L'évocation de ces différentes expériences évoquées ici, permet de dégager des enseignements d'une portée générale et décisive de la pensée de Lévinas

, Cette expérience première relève en effet de l'utopie, de L'utopie humaine, pour reprendre le titre du livre que C. Chalier a consacré à Lévinas 201 . Elle est celle d'une rupture et d'un renouvellement de l'attitude immédiate et commune. En effet, l'altérité n'est pas déduite au terme d'un processus de connaissance, d'appropriation systématique par les « Moi, On notera que de telles constatations ne sont possibles qu'à partir de situations de relations qui ne sont pas celles de synthèses, p.68

E. Lévinas, Livre de Poche, collection « biblio Essais » n° 4 059, Noms propres, p.122, 1976.

E. Lévinas, E. Et-infini, and F. Culture, , p.74, 1993.

E. Lévinas, , p.82

C. Chalier, Lévinas, l'utopie de l'humain, 1993.

. Lévinas and . Jusqu'à-l'expérience-de-la-sainteté.-l', Autre apparaît ainsi premier par rapport à l'Etre et l'éthique, marquée par cette dimension d'altérité qui la constitue, l'emporte sur l'ontologie. Elle devient vraiment philosophie première : « La moralité ne vient pas comme une couche secondaire au-dessus d'une réflexion abstraite sur la totalité et ses dangers ; la moralité a une partie indépendante des préliminaires

, Elle implique certes une modification du point de vue que l'on peut avoir sur certaines situations et expériences humaines, mais ce regard est d'abord existentiel et modifie le comportement que l'on doit avoir à l'égard de l'être humain. Substituer l'altérité à la totalité, c'est remplacer l'ontologie et l'égologie par une véritable éthique et, chez Lévinas, cela conduit à une véritable « religion » car, dans un même mouvement, La reconnaissance de cette dimension première de l'altérité n'a pas que des conséquences théoriques dans le champ de la connaissance

«. , Aime ton prochain ; cette oeuvre est comme toi-même » ; « aime ton prochain ; c'est toimême » ; « c'est cet amour du prochain qui est toi-même ». Diriez-vous que c'est une lecture extrêmement audacieuse ? Mais l'Ancien Testament supporte plusieurs lectures et c'est quand l'ensemble de la Bible devient le contexte du verset

.. C'est-cela-le-commentaire-interminable-de-l'ancien-testament, Pour l'herméneutique absolue d'un verset il faut l'ensemble du livre ! Or dans l'ensemble du livre il y a toujours une priorité de l'autre par rapport à moi. C'est cela l'apport biblique dans son ensemble. Voilà donc comment je répondrais à votre question : « Aime ton prochain ; tout cela c'est toi-même

S. Naturellement, Autre s'impose à moi, c'est alors l'idée de responsabilité à son égard qui apparaît, laquelle acquiert une dimension nécessairement politique. Mais il s'agit d'une certaine conception de la politique

, Attitude que Lévinas commente aussi souvent à l'aide d'une phrase de Pascal qui lui paraît bien situer l'enjeu fondamental : « C'est là ma place au soleil, voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre ». Ces affirmations générales et fondamentalement éthiques ont nécessairement des conséquences sur le plan politique : « Il est extrêmement important de savoir si la société au sens courant du terme est le résultat d'une limitation du principe que l'homme est un loup pour l'homme ou si, au contraire, elle résulte de la limitation du principe que l'homme est « pour » l'homme. Le social, avec ses institutions, ses formes universelles, ses lois, provient-t-il de ce que l'on a limité les conséquences de la guerre entre les hommes ou de ce que l'on a limité l'infini qui s'ouvre dans la relation éthique de l'homme à l'homme » 205 . Deux conceptions éthiques et politiques s'affrontent ici, Dans une réponse à une question du philosophe français F. Lyotard, Lévinas indique très clairement de sa position anti-spinoziste, vol.204, p.81

E. Lévinas, Du Dieu qui vient à l'idée, pp.144-145, 1982.

E. Lévinas, Autrement que savoir, Editions Osiris, p.32, 1987.

E. Lévinas, E. Et-infini, and F. Culture, , p.85, 1993.

, Un texte d'A. Finkielkraut illustre le renversement opéré par Lévinas et sa rupture avec certaines évidences de notre époque dans la priorité qu'il accorde à l'autre et à l'altérité. « Mais qui croit encore au désintéressement ? Qui prend pour argent comptant l'existence de comportements bénévoles ? Depuis l'aube des Temps Modernes, toutes les généalogies de la morale font dériver la gratuité de la cupidité, et les actions nobles du désir d'acquisition. Il n'y a pas d'oubli de soi qui ne s'avère payant pour le soi, pas de prodigalité sans compensation, pas de générosité qui ne soit en sous-main et symboliquement gratifiante, pas d'offrande, enfin, qui ne trahisse le besoin impérialiste d'agir sur l'Autre et de le posséder. Tout don est prédateur, et toutes nos conduites sont lucratives : voilà ce que nous pensons spontanément

. Lévinas and M. Nietzsche, Autre et s'oppose, de ce fait, à toute une tradition représentée par différents auteurs comme Spinoza ou Nietzsche pour lesquels l'éthique et la morale justement conçues doivent l'être à partir de la réalisation du Moi (conatus chez Spinoza ou « volonté de puissance » chez Nietzsche)

, Autre ne sont-elles pas trop spéculatives, abstraites, même si elles prétendent s'appuyer sur des situations concrètes ? Parviennent-elles à rendre compte de la situation profondément polémique qui est très souvent celle des rapports entre le Moi et l'Autre ?« L'altérité de l'Autre ne se laisse pas résumer dans ce qui paraît bien n'être qu'une des figures de l'Autre, celle du maître qui enseigne, dès lors que l'on doit prendre en compte celle de l'offenseur, Des critiques ont été formulées à l'égard d'une telle attitude. N'y-a-t-il pas, dans sa conception, un postulat métaphysique et philosophique radicalement optimiste ? Les descriptions qu'il nous propose du rapport à l

E. Lévinas, Noms propres, Editions de la manufacture, p.119, 1976.

A. Finkielkraut, , pp.11-12

P. Ricoeur, Soi-même comme un autre, p.391, 1990.

, Lévinas pourrait ainsi être taxé d'idéalisme. Dans le même ordre d'idées, ne pourrait-on opposer à la vision optimiste de l'usage éthique du langage de Lévinas d'autres expériences langagières, comme celle que mettait déjà en lumière le débat « Sophistes -Platon », illustrant une toute autre conception du langage, source de manipulation, de pouvoir et de prestige ? Ces diverses critiques offrent l'occasion de préciser les principes essentiels de la démarche de Lévinas. Son affirmation fondamentale est d'abord celle de la primauté de l'Autre sur l'Etre, synonyme de celle de l'éthique sur l'ontologie, Comme on l'a déjà vu, on pourrait confronter les analyses positives de Lévinas aux descriptions négatives de J.-P. Sartre qui traitent aussi du rapport avec les autres, mais sur un tout autre mode

. «-une-mise-en-question-du-même--se-fait-par-l'autre, On appelle cette mise en question de ma spontanéité par la présence d'Autrui, éthique. L'étrangeté d'Autrui -son irréductibilité à Moi -à mes pensées et à mes possessions, s'accomplit précisément comme une mise en question de ma spontanéité, comme éthique. La métaphysique, la transcendance, l'accueil de l'Autre par le Même, d'Autrui par Moi se produit concrètement comme la mise en question du Même par l'Autre, c'est-à-dire comme l'éthique qui accomplit l'essence critique du savoir

. L'éthique and . Lévinas, Avant toute affirmation de soi par la réflexion, le sujet éprouve son humanité dans la rencontre avec l'autre : « La morale est ce qui, en moi ne vient pas de moi » 211 . Mais cette identité entre autrui et éthique n'est pas affirmée théoriquement mais est d'abord vécue au sein d'une expérience à la fois existentielle et métaphysique, celle du visage. L'appel à l'épreuve de la réalité permet de faire justice d'une critique qui assimilerait la démarche de Lévinas à une sorte de « moraline » et à une sorte d'apologie idéaliste de la morale et de l'altruisme : « Il est temps de dénoncer la confusion entre niaiserie et morale » 212

, Sous l'effet du visage, la bonté advient au sujet comme une délivrance et comme un destin. Elle ne résulte pas du « je veux » actif où se reconnaît traditionnellement l'attitude vertueuse. Etrangère à toute espèce de volonté, la morale est ancrée dans une passivité où nous n'avons pas l'habitude de voir naître les valeurs. C'est malgré moi que mon intérêt s'inverse en amour, et qu'autrui me concerne. Le souci éthique : une divagation involontaire, une déroute du souci de soi, que celui-ci soit vécu dans l'ennui ou pratiqué dans l'égoïsme ». « L'acte le plus sublime, c'est de placer un autre devant soi. » A ce bel aphorisme de William Blake, Lévinas ajouterait une précision capitale : l'acte en question ne procède pas d'une décision magnanime, p.213

E. Lévinas, . Totalité, L. Nijhoff, and . Haye, , p.13, 1974.

A. Finkielkraut, , p.141

E. Lévinas, , p.162, 1974.

A. Finkielkraut, , pp.41-42

, Autre dans le dialogue tient moins dans le compromis qui pourrait en découler que dans le maintien d'une altérité fondamentale, garantie du dépassement de soi. On retrouve ici les remarques que Lévinas avait faites sur la passion amoureuse qui est

, Si on a pu parfois, comme C. Chalier, parler d'utopie à son propos, il ne faut pas la voir comme un état qui adviendrait à la fin d'une histoire individuelle ou collective ou comme l'évocation d'un bonheur originel, utopie d'un état de nature ou d'un paradis perdu mais comme une expérience première qui est celle de la rencontre avec l'Autre dont nous occultons le plus fréquemment la réalité et la signification, Ces différentes situations ou expériences montrent à quel point la pensée de Lévinas est éloignée d'un optimisme naïf ou d'une position idéaliste

, il en est une encore qui mérite d'être évoquée, qui se veut bienveillante, celle formulée par P. Ricoeur évoquant le risque d'une « mésestime » de soi. P. Ricoeur reconnaît également le rôle de l'Autre et de l'altérité dans la constitution du sujet et de son comportement éthique : « Si un autre ne comptait pas sur moi serais-je capable de tenir ma parole et de me maintenir ? » 218 . C'est l'engagement que je prends vis-à-vis d'autrui, la promesse que je lui fais voire le contrat qui me lie à lui qui permettent ma véritable réalisation, Si les critiques d'idéalisme ou d'optimisme doivent et peuvent être relativisées

, Autre ne présuppose-t-elle pas une réciprocité entre le moi et l'Autre ? Si l'Autre est appel, ne faut-il pas qu'existe déjà une position d'écoute qui serait celle du moi ? Les deux acteurs seraient de ce point de vue contemporains, la responsabilité n'est donc pas seulement fondée par l'Autre mais par un mouvement réciproque : « Le thème de l'extériorité n'atteint le terme de sa trajectoire à savoir l'éveil d'une réponse responsable à l'appel de l'autre, qu'en présupposant une capacité d'accueil, de discrimination et de reconnaissance, Mais cette responsabilité que Lévinas présente comme le résultat de l'initiative de l

, Ricoeur le précise : « Quand je dis « vous », vous pensez « je » pour vous-même, et quand vous m'adressez la parole, vous me dites un « vous » que je reçois comme « je » » 220 . A travers ce débat, on retrouve cependant une commune affirmation : l'importance de l'Autre dans la constitution de soi et de l'éthique. En cela réside la dimension la plus importante de l'enseignement de Lévinas, comme on a pu déjà le vérifier plusieurs fois, sa « sagesse de l'amour », son éthique est celle d'un dépassement de l'immanence, de l'égoïsme, de l'individualisme, de la quête du pouvoir ou de la possession. Ce dépassement éclaire le sens de la responsabilité dans l'oeuvre de Lévinas qui apparaît très originale à A. Finkelkraut dans la mesure où la reconnaissance de la responsabilité de l'homme irait contre certaines évidences de notre époque affirmant plutôt les multiples déterminations de cet homme. « Penser la responsabilité au moment où l'élan du coeur et le refus d'être dupe se rejoignent dans un plaidoyer pour l'irresponsabilité humaine, Ne faut-il pas qu'une dialogique superpose la relation à la distance prétendûment ab-solue entre le moi séparé et l'Autre enseignant ? » 219 . Cette structure dialogique est celle constituée par tout acte de langage qui présuppose par exemple un échange des pronoms personnels témoignant de la réciprocité des personnes. P, p.393

P. Ricoeur, , p.391

P. Ricoeur, . Ethique, and . La-baconnière, Collection « Langages, p.24, 1994.

, contre la démystification bienveillante qui sait déceler dans toute vie humaine « la participation à de mystérieux desseins qu'on figure ou préfigure » ; rendre à l'homme le pouvoir de s'arracher à son contexte, de rompre avec le système qui lui indique sa place dans l'être ; opposer, en un mot, la réflexion éthique à la disculpation de l'homme qui, aujourd'hui, nous tient lieu d'humanisme ; c'est là, sans doute

, je me ressens sous l'injonction de son visage comme responsable de lui, je dois d'emblée répondre de lui, vivre son humanité, c'est donc fondamentalement être responsable de l'Autre. Cette responsabilité est « initiale et incessible ». Je ne peux y renoncer, tout comme J.-J. Rousseau interdisait à l'être humain de renoncer à sa liberté. Fondamentalement, elle dépasse et précède toute dimension juridique, métaphysique. Il s'agit, selon les termes mêmes de Lévinas , « penser le « pour l'autre » de la responsabilité comme charité originelle et primordiale, comme gratuité en face du visage d'autrui, qui me semble précéder mais fonder ou appeler la justice laquelle, par-delà le je-tu de la rencontre, suppose déjà au moins la présence d'un tiers, du troisième homme » 222, Cette responsabilité pourrait être admirablement illustrée par une formule du Talmud reprise par Lévinas : « Si je ne réponds pas de moi, qui répondra de moi mais si je ne réponds que de moi

, Il y est au fond plus question de sacrifice au profit de l'Autre, de générosité que de coercition, d'appropriation, de pouvoir, de puissance, de domination, situations qui sont catégoriquement dénoncées. Et à cette tonalité si spécifique de la démarche de Lévinas, on peut opposer la réalité du monde de l'organisation dont on voit mal comment elle pourrait évacuer la dimension de réalisation de soi, qu'il s'agisse des agents organisationnels, Le bilan qu'on peut tirer de la philosophie de Lévinas semble renvoyer à des évocations apparemment très éloignées du monde de l'organisation

, Deux attitudes sont possibles : -La première consiste à prendre acte des descriptions de Lévinas en considérant qu'elles nous permettent de saisir la nature profonde de l'éthique et donc, de ce fait, d'éviter certains rapprochements trop hâtifs qui sont faits justement entre le monde des affaires et l'éthique et des affirmations péremptoires, naïves ou non, qui prétendraient d'emblée que « éthique » et « affaires » peuvent s'accorder immédiatement, Face à ces objections initiales, on peut cependant éviter un rejet pur et simple des thèses de Lévinas sous prétexte qu'elles seraient trop étrangères au monde de l'organisation

A. Finkielkraut, , p.114

E. Lévinas, Ethique et responsabilité, A la Baconnière, Collection « Langages, p.36, 1994.

E. Lévinas, Humanisme de l'autre homme, Flammarion, collection « Folio essais » n° 4 058, p.95, 1972.

, Le monde est ainsi le lieu de satisfaction de ses besoins et aurait « une signification fixe et privilégiée, Les besoins élèvent les choses simplement données au rang de valeurs. Admirablement droits et impatients dans leur visée, les besoins ne se donnent les multiples possibilités de la signification que pour y choisir la voie unique de la satisfaction

, L'homme confère donc un sens unique à l'être, non pas en le célébrant, mais en le travaillant. Dans la culture technique et scientifique, l'équivoque de l'être, comme l'équivoque de la signification

, Mais cette objectivité de l'approche économico-scientifique est illusoire car la réduction de l'univers à cette perspective est le fruit d'une conception elle-même culturelle. « La désignation technique de l'univers, est, elle-même, une modalité de la culture : réduction du réel à « l'Objet en général », interprétation de l'être, comme s'il était destiné au Laboratoire et à l'Usine. Vision scientifique et technique qui s'impose aux besoins, les modifie, les nivelle et les crée plutôt qu'elle n'est suscitée par leur droiture et univocité originelles. Car aucun besoin humain n'existe, en réalité, à l'état univoque du besoin animal

, Enfin, les formes sous lesquelles se manifeste cette recherche du sens unique de l'être à partir des besoins, sont des actes en vue de la réalisation d'une société. Ils sont portés par un esprit de sacrifice et d'altruisme, qui ne procède plus de ces besoins (à moins de jouer sur le mot « besoin »). Les besoins, qui, prétendument, orientent l'être, reçoivent leur sens à partir d'une intention qui ne procède plus de ces besoins. Ce fut déjà le grand enseignement de La République de Platon : l'Etat qui se fonde sur les besoins des hommes, ne peut ni subsister, ni même surgir, La satisfaction des besoins d'une société qui impose une organisation politique appelle à leur dépassement est parfois cause de sacrifice et d'altruisme. «

, Lévinas ne méprise pas les préoccupations matérielles de notre vie quotidienne et le salut ne s'oppose pas à la satisfaction contrairement à ce qu'une philosophie idéaliste affirmerait qui n'y verrait qu'un « divertissement » capable de nous faire échapper à l'angoisse métaphysique. « On a beau qualifier de chute, de vie quotidienne, d'animalité, de dégradation et de matérialisme sordide, Ces termes de détachement et de dépassement sont particulièrement significatifs

E. Lévinas, Humanisme de l'autre homme, Flammarion, collection « Folio essais » n° 4 058, p.35, 1972.

E. Lévinas, , p.36

E. Lévinas, , p.37

, On peut penser que le temps authentique est originellement une extase, on s'achète une montre ; malgré la nudité de l'existence, il faut, dans la mesure du possible, être décemment habillé (?) De là, l'accent de grandeur qui émeut dans un humanisme partant du problème économique, de là le pouvoir même que possèdent les revendications de la classe ouvrière de s'ériger en humanisme. Pour un comportement qui aurait été simplement une chute dans l, notre solitude pour nous jeter en relations avec nos semblables, ces préoccupations n'ont en tout cas rien de frivole, p.227

. Si-l'économie, donc traduit un détachement à l'égard de l'être et une forme d'oubli de soi qui n'est qu'une première étape mais comme Lévinas l'indique clairement la satisfaction est tout de même une première étape vers le salut. Nous ne mangeons pas que pour vivre et l'économie est une forme de dépassement. « Dans l'existence quotidienne, dans le monde, la structure matérielle du sujet se trouve, dans une certaine mesure, surmontée : entre le moi et le soi apparaît un intervalle. Le sujet identique ne retourne pas à soi immédiatement

, Le même réalisme se manifeste dans l'analyse que Lévinas propose de l'argent dont il déplore que la signification métaphysique n'ait pas été suffisamment dégagée. Le monde l'argent est « milieu ambigü où, à la fois, les personnes s'intègrent à l'ordre des marchandises, mais où elles demeurent personnes, puisque l'ordre des marchandise (qui n'équivaut pas à l'ordre de la nature) suppose les personnes qui, par conséquent, demeurent inaliénables dans la transaction même où elles se vendent. Même simple objet de la transaction

. Il-traduit-le-dépassement-déjà-Évoqué-précédemment.-«-l', Il n'est pas une forme simplement contingente que revêt le rapport entre personnes. Pouvoir universel d'acquisition et non pas chose dont on jouit, il crée des relations qui durent au-delà de la satisfaction des besoins par les produits échangés. Il est le propre des hommes capables de laisser attendre leurs besoins et désirs. Ce qui est possédé dans l'argent, ce n'est pas l'objet, mais la possession d'objets. Possession de la possession, l'argent suppose des hommes disposant de temps

, Cet argent annonce aussi une nouvelle justice qui dépasse celle de la vengeance ou du pardon au profit du rachat. La justice peut en effet être rendue dans la réparation apportée par l'argent

. «-l', argent laisse entrevoir une justice de rachat se substituant au cercle infernal ou vicieux de la vengeance ou du pardon. Nous ne pouvons atténuer la condamnation qui

E. Lévinas, Le temps et l'autre, pp.41-44, 1979.

E. Lévinas, , pp.45-46

E. Lévinas, Livre de poche, collection « Folio essais, Entre nous, vol.4, p.47, 1991.

E. Lévinas, , p.47

. De-son-pouvoir-d'acheter-l'homme, Mais la justice qui doit en sauver ne peut cependant renier la forme supérieure de l'économie -c'est-à-dire de la totalité humaine -où apparaît la quantification de l'homme, la commune mesure entre hommes dont l'argent -quelle qu'en soit la forme empirique -fournit la catégorie. Il est certes bien choquant de voir dans la qualification de l'homme une des conditions essentielles de la justice

, de persévérance dans l'être, d'appétit d'être qui prolonge la lutte des vivants pour la vie sans égard les uns pour les autres, il est aussi l'occasion de l'exercice du « dés-intér-essement » à travers l'activité du don. Il faudrait décrire « cette axiologie du dés-inter-essement qui n'est ni l'abstraction nihiliste de la pure négation de la valeur de l'être ni le premier pas de la synthèse constructive des dialecticiens, mais qui est la bonté de donner : charité, miséricorde et, dans la responsabilité, réponse et discours et, ainsi, la positivité d'un attachement à l'être en tant qu'être d'autrui. Dès lors, une prise au sérieux des besoins d'autrui, de leur inter-essement et de l'argent à donner. Faut-il insister sur l'importance qui, Si l'argent peut être condamné dans la mesure où il est synonyme d'intéressement

, Toutes ces remarques attestent que l'économie, le monde de l'argent, ne sont pas décrits par Lévinas comme des lieux exclusivement négatifs, de négation de l'autre et d'affirmation de soi, mais offrent des perspectives de dépassement de soi et d'ouverture à l'autre. Ils sont partie prenante de l'existence et de la condition humaines et ont

, qui font apparaître des significations supra économiques, on pourrait formuler l'hypothèse, pour revenir à un champ plus spécifiquement éthique, que cette même méthode phénoménologico-métaphysique ou phénoménologie éthique appliquée à l'organisation pourrait dévoiler, dans certaines situations, des dimensions clairement éthiques. Les valeurs éthiques dans l'organisation ne seraient pas données d'emblée, ne seraient pas présentes de façon explicite dans certaines déclarations péremptoires et catégoriques de ses acteurs

, Au-delà des affirmations essentielles de la philosophie de Lévinas et qui condamnent une série de comportements bien réels du monde économique, on peut considérer, de manière apparemment paradoxale, que sa méthode de description et d'analyse peut permettre de mettre à jour certaines problématiques de nature

E. Lévinas, , p.48

E. Lévinas, , p.48