, Il avait proche de lui Le Guast duquel il était tellement possédé qu'il ne voyait que par ses yeux et ne parlait que par sa bouche 65 . Ce mauvais homme, né pour mal faire

. In-«-la-perspective-tragique, Éléments pour une analyse formelle de la tragédie classique », Revue d'histoire littéraire de la France, p.919, 1970.

. Mémoires, , pp.82-83

. Ibid,

, son esprit, le remplit de mille tyranniques maximes [?] et autres tels préceptes machiavélistes? Lesquels imprimant en son esprit, p.106

, Le cheminement est alors identique : un élément perturbateur vient rompre l'esprit par une des passions 67 et engendre alors l'action en précipitant l'« héroïne de papier » vers son destin déjà tracé : Mais la prudence ne permettait pas que l'on se pût servir de mêmes expédients en tout temps, que qui était nécessaire à une certaine heure pourrait être nuisible à une autre

. C'est-en-cela-que-marguerite-de-valois-devient-l'héroïne-d'une-scène-tragique, car la mémorialiste, non sans « une satisfaction esthétique et morale », s'écrit face à son destin, dans une sorte de dédoublement : ainsi la Reine regarde-t-elle la Princesse, et « la tragédie [de sa vie] résout en plaisir esthétique [sa] misère constitutive ». Cette mise en scène de ses malheurs est significative du principe tragique : c'est bien sa condition de femme, mais aussi de reine et de descendante d'une lignée royale qu'elle voit, depuis sa prison dorée, être vouée au Malheur et à la Fortune qui, « envieuse [?] ne put supporter la durée d'une si heureuse moi martyr et souffrant. Ainsi a-t-elle cette conscience, cette force, qui exige d'insupportables sacrifices : son mariage avec le Béarnais en est le plus éclairant exemple. En effet, quand Catherine de Médicis sonde sa fille à propos de ce mariage, dans un cri d'impuissance, la mémorialiste fait dire à son héroïne : « je la suppliais d'avoir

, Nous avons ici l'expression la plus flagrante du néoplatonisme de la princesse qui se retrouvera à plusieurs reprises dans sa correspondance

O. Mémoires, , p.84

, Ainsi trouve-t-on l'Amour et la Haine, le Désir et la Fuite, la Volupté et la Douleur, la Peur et la Hardiesse, l'Espérance et le Désespoir et enfin la Colère qui semble est la spécificité de Catherine de Médicis

. Ibid,

. Ibid,

J. De-romilly-Écrit-que-«-la-tragédie-grecque-ne-cesse-de and . Désigner, cité par Jean Rohou. religion 72 . » Ces sacrifices réduisent alors à l'impuissance morale et à l'affaiblissement physique du corps, engendrant les maux de la chair et son dépérissement dû à la maladie : Cet ennui me pressant le coeur et possédant toutes les facultés de mon âme, rendant mon corps plus propre à recevoir la contagion du mauvais air, par delà l'homme, des forces divines ou abstraites qui décident de son sort et décident sans appel. Ce peut être Zeus souverain ou bien les dieux, ou [?] le destin, la Moïra ou bien la nécessité », dans La Tragédie grecque, p.169, 1973.

. Enfin, elle déplore une dernière fois sa douleur quand elle arrive à Angers : En cet état

, Au rythme des effets qu'elle veut susciter chez Brantôme -le premier étant de vouloir rectifier la représentation qu'il a d'elle -, elle adapte et modifie alors son style et son écriture. C'est aussi un moyen pour elle de se purger, dans cette tension entre le présent et le passé, des passions qui l'assaillent au moment même de l'acte de ressouvenance et qui résultent finalement d'un passé encore très vif. L'écriture de ses Mémoires est dès lors à comprendre comme la rectification de sa vie, mais aussi comme le moyen de lutter contre certaines passions -dans une acception plus moderne, nous pourrions parler de ressentiments -qu'elle a encore en elle en 1594. Ici, ce n'est plus une oeuvre «d'après-dînée 77, C'est à partir de ces influences théâtrales gréco-latines que la mémorialiste met en scène les divers moments de sa vie

, Voir note 61

. Ibid,

O. Mémoires, , p.87

, Nous pensons ici à l'ouverture de Phèdre de Racine quand l'héroïne s'écrit : « N'allons point plus avant, demeurons, chère OEnone. Je ne me soutiens plus ; ma force m'abandonne : Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi, p.72

, Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi

. Hélas, Tout m'afflige, et me nuit, et conspire à me nuire. », in Théâtre complet de Racine, p.547, 1960.

, Aron Kibédi Varga écrit très justement que « dans les discours appartenant au genre délibératif, un orateur essaie de persuader son auditoire de quelque chose : [?] nous avons affaire à un discours qui veut déclencher une action du destinataire, « La perspective tragique, p.920

, Aristote appelle la catharsis et que l'on trouve dans la tragédie : La tragédie est donc l'imitation d'une action noble, conduite jusqu'à la fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d'assaisonnements dont chaque espèces est utilisée séparément selon les parties de l'oeuvre ; c'est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d'une narration, et qui par l'entremise de la pitié et de la crainte

, Le terme grec catharsis est polysémique : en médecine, c'est une purge d'un mauvais élément ; dans le domaine moral, c'est l'apaisement de l'âme par la purification ; enfin, en religion, c'est l'action obtenue lors des cérémonies de purification et d'initiation

L. Poétique, . Paris, and . Le-livre-de-poche, , pp.1449-1472, 1994.