, L'acception générique de tembaga me semble donc bien attestée et, par conséquent, on comprendra qu'il ait parfois servi à lui tout seul à désigner le laiton, lorsque la précision d'un qualificatif supplémentaire ne se faisait pas sentir. Ce canon pris sur la galère atjihaise, qui n'est ni en fer forgé, ni en bronze, est donc selon toute vraisemblance en laiton. La valeur considérable qui lui est attribuée par les Portugais peut-elle être seulement celle du laiton ? Vu la rareté du zinc dans le monde nousantarien (cf. infra), il est vraisemblable que le laiton ait été plus cher que le bronze. Mais on peut aussi penser qu'il s'agissait d'un laiton auquel on avait ajouté une faible quantité d'or, autrement dit du tembaga suasa, On doit enfin ajouter que les notions d'alliage et de métal chimiquement pur, acquises par la chimie moderne, n'avaient alors pas cours

, Mais cette difficulté devait être aisément surmontée par l'importation des matières premières : la calamine était extraite en Inde, au Tonkin et en Chine, toutes régions qui, avec la Perse, produisaient et utilisaient le laiton à grande échelle dès le premier millénaire, Quant à la provenance des métaux destinés à la fonte des canons, on a déjà vu (supra

D. Lombard, Le sultanat a, Atjéh au temps cTIskandar Muda, vol.87, p.151, 1967.

. J. Le-zinc-n'existe-pas-À-l'état-natif-;-r and . Forbes, Seule la calamine, qui était directement fondue dans un fourneau avec cuivre et carbone pour l'obtention du laiton, était traditionnellement exploitée, la blende n'ayant été reconnue que récemment, Or on n'a trouvé que quelques faibles gisements de blende en péninsule malaise (E. S. Wilbourn, « A list of minerals found in British Malaya, p.93, 1950.

, trouve mention d'un gisement de minerai de zinc non précisé à Sumatra, dans les hautes terres de Padang (O. Collet, Terres et peuples de Sumatra, p.31, 1925.

L. T. Khôi, , p.72, 1964.

M. Godinho-de-eredia, Mais ses connaissances minéralogiques y apparaissent pour le moins confuses : c'est ainsi qu'il cite un nombre considérable de « mines » diverses là où il ne faut certainement voir que des centres de réexportation ou de production artisanale : il signale ainsi à Borneo, à Makasar et à Timor de nombreuses et richissimes « mines » de lembaga (suasa), de cuivre et d'« arame » (mot portugais qui désignait alors un alliage obtenu en fondant du cuivre et de la calamine, soit précisément du laiton, selon la méthode traditionnelle, qui écrivait à Malaka au début du xvne siècle, est certainement le premier auteur européen à tenter de décrire en détail les productions minières du monde nousantarien dans son Informaçâo da Aurea Chersoneso (publiée pour la première fois par A. L, pp.1881-1882

. Mills, On sait par ailleurs que les cash chinois importés en grande quantité en Asie du sud-est n'étaient pas exclusivement faits de cuivre, mais souvent aussi de laitons de proportions variables (en particulier sous les Qing) ou même (sous les Ming) de zinc pur (toutenage) (6). Ils ont donc pu servir aussi de matière première à la fonte de canons en laiton. Si l'on ajoute à l'ensemble de ces données le fait que l'usage de vaisselle et de bijoux en Iembaga est largement attesté par les textes et que le travail du laiton à la cire perdue est traditionnel dans l, « se acha muyto ouro e tombaga cm Timor » y est malheureusement traduit par « on trouve beaucoup d'or à Tombaja dans l'île de Timor, vol.46, p.51

O. Needham, , p.279

L. Malleret and . Du-delta-du-mékong, Quaritch Wales, « Archaeological Researches in Ancient Indian Colonization in Malaya, Report on the excavation and reconstruction of Chandi Bukit Ratu Pahat, vol.II, pp.104-105, 1940.

P. Wheatley, T. Golden-khersonese, and K. Lumpur, , p.66, 1961.

O. Needham, qui fait reference à ce pays de Dan-mei-liu du Song shi (j. 489, 24a) et à son ambassade, qu'il date à tort de l'an 1000. Mais, à propos de ce même Dan-mei-liu, il cite le Zhufan zhi (de 1225; trad, Hirth et Rockhill, St. Petersbourg, vol.201, pp.215-217, 1911.

T. Rockhill, . 'oung-pao, . W. Xvi/-;-o, . Wolfers, and . Tâmbralinga, En ce qui concerne ce deuxième pays, ces sources ne mentionnent pas le laiton ; seul le Daoyi zhilue fait référence à un métal, le bai xi fa £J^j qui, d'après Needham (op. cit, Bull. School of Oriental and African Studies, p.215, 1915.

, Hirth et Rockhill (p. 78) traduisent erronément Iou par «white copper

O. Needham, , pp.210-211

, Encyclopaedic van Nederlandsch Indië, s. v. metaalbewerking, Koperenmessing (2e éd, vol.II, p.716

J. E. Jasper and M. Pirngadie, De Inlandsche Kunslnijverheid in N eder lands ch-Indië

, De bewerking van niet-edele metalen, p.9, 1930.