P. Cai, « gesta Adefonsi imperatoris, immo quia Deus omnipotens per eum et cum eo, ut SALVS IN MEDIO TERRE populi Christi daretur

A. Cai-i-;-«-post-hec-autem, Castellam et in Asturias de Sancta Iuliana super comitem Rodericum et super alios rebelles et cepit castella munita eorum et misit ignem in hereditatibus eorum et VINEAS ET ARBORES FECIT INCIDI, vol.22

. Cai-ii, 57 : « Hoc uidens Ali, consilio accepto cum suis, misit nuntios imperatori dicens: ''HABETO NOS FEDERATOS et concede nobis spatium unius mensis

E. Nos, Quibus respondit imperator: ''HOC pacto FERIAM VOBIS CVM FEDVS, VT detis mihi quindecim obsides OMNIVM VESTRVM maiores, excepto Ali

C. Citons and . Ii, Mcc, vol.6, issue.1, pp.50-56

, Faire son salut, oeuvrer pour le salut, Sur l'importance des discours et des pratiques relatives au salut dans la péninsule Ibérique, voire entre autres : A. DE LAS HERAS, Fl. GALLON et N. PLUCHOT (dir.), 2019.

«. Lui, A. Le-roi-leur, and . Chasses, Célestin II (1143-1144) leur compare les Templiers en 1144 puis Eugène III (1145-1153) appelle à une deuxième croisade en les invoquant, un an plus tard 32 . La référence considérable aux Maccabées dans la Chronique renvoie ainsi les lecteurs à l'idéologie de croisade, à sa promotion, car elle en forme un motif très fréquent, et dans des textes bien diffusés 33 . L'observation va de pair avec les travaux de Daniel Baloup, qui a montré combien l'auteur de la Chronique cherchait à réorienter les désirs de croisade en Terre sainte des nobles ibériques, vers le devoir d'une guerre sainte locale. Comme d'autres prélats de cette même région, l'anonyme de la Chronique incite ces combattants à servir l'empereur dans la péninsule lors de ses expéditions contre les almoravides 34 . Cette injonction est renforcée par la multiplication des analogies scripturaires dans le livre II. Ainsi l'auteur associe-t-il explicitement la défense de Tolède à la bataille d'Emmaüs, celle-là même qui conduisit les juifs de Judée à reprendre le contrôle de Jérusalem, ou encore à la fortification du mont Sion, qui visait à protéger le temple de nouveau consacré 35 . Mais l'appel à la guerre sainte n'est pas cantonné au deuxième Livre, pourtant dédié à la lutte contre les almoravides. Il court de part et d'autre de la Chronique, comme le signalent les dix-sept emprunts aux livres des Maccabées (soit près d'un tiers des références à ces livres) qui émaillent le récit de la lutte contre le camp aragonais et les révoltés castillans dans la première partie du récit. La narration du siège de Castrojeriz en 1131 (CAI I, 25), d'où Alphonse VII chercha à déloger le comte rebelle Ariol García, Maccabées préfigurent la Passion du Christ et les combats spirituels de l'Église pour la foi 31 . L'exégète carolingien met aussi en avant l'idée de loyauté envers le souverain, la sédition de cette famille juive contre le pouvoir en place étant seulement traitée en préambule, dans les interprétations historiques, vol.50

, Il associe ainsi la lutte contre la révolte aristocratique à la défense d'un territoire saint et, ce faisant, il étend l'histoire de la guerre sainte à l'intérieur des frontières chrétiennes. Cette mise en relief de la sacralité du territoire ibérique dans son unité souligne, paradoxalement, que les frontières intérieures sont au moins aussi importantes que les frontières extérieures, qui marquent la limite avec les territoires almoravides. De façon sous-jacente, l'auteur témoigne ainsi de la vivacité dans ce milieu ibérique chrétien d'une certaine idée de l'impérialité médiévale, observée en premier lieu par Gilbert Dagron dans le milieu byzantin, où la limite entre l'intérieur et l'extérieur est poreuse, où elle se conçoit à l'aune de gradients d'appartenance 37 . L'articulation entre les deux livres de la Chronique, En somme, l'auteur de la Chronique enserre l'intégralité des actions récentes d'Alphonse VII dans un univers biblique de sens qui renvoie à l'impératif de la guerre sainte

, Christian Memories of the Maccabean Martyrs, p.79, 2009.

, Outre les références déjà citées : N. MORTON, « The Defence of the Holy Land and the Memory of the Maccabees », vol.36, pp.275-293, 2010.

J. Dunbabin, The Maccabees as Exemplars in the Tenth and Eleventh Centuries », Studies in Church History Subsidia, vol.4, pp.31-41, 1985.

, Elisabeth Lapina a bien montré que la convocation des Maccabées est bien plus présente dans les appels à la croisade (sermons, bulles etc.) que dans les récits historiographiques qui s'ensuivent : E. LAPINA, « The Maccabees and the Battle of Antioch », Dying for the Faith?, loc, pp.141-160

«. Baloup, ». Reconquête, and L. ,

. Cai-ii, respectivement 33 (1 Mcc. 4, 8-10) et 35 (1 Mcc, vol.4, pp.60-61

. Cai-i, 25 : « Videns autem Oriolus Garsie et ipsi, [?] quod circundati fuissent in octobri mense, qui a maio sextus est, PETIIT ipse DEXTERAM regi pro se et pro suis, ET DEDIT ET EIECIT EOS inde et collocauit illic presidium

G. Dagron, . Empires, É. R. Geburtstag, R. Kiesow, S. Ogorek et al., La lecture de ce travail est fortement influencée par le programme de recherche en cours sur l'impérialité mené par Annick Peters-Custot, pp.81-97, 2005.

;. Emprunts-À-jud, E. T. Messis, . Svccendit-omnia, O. Sata, E. T. Arbores et al., POST HEC autem ASCENDIT rex in Castellam et in Asturias de Sancta Iuliana super comitem Rodericum et super alios rebelles et cepit castella munita eorum et misit ignem in hereditatibus eorum ET, VINEAS ET ARBORES FECIT INCIDI, vol.2, pp.17-18

. Cai-i, Erat que IN DIEBVS MESSIS, unde et SVCCENDI omnia sata et OMNES VINEAS et oliueta et ficulneas FECIT INCIDI, vol.35

. Cai-i, 40 : « Depredata est autem tota illa terra in circuitu Sibilie; et miserunt ignem, MESSES et in domibus eorum et destruxerunt VINEAS et ficulneas et oliueta et multas almunias regum

«. Cai-ii, . Vineas, . Oliueta, . Ficulneas, and . Omnes,

». Arbores and . Ii, Erat que IN DIEBVS MESSIS ET SVCCENDI OMNIA SATA OMNES QVE ARBORES fructiferas ET VINEAS et oliueta et ficulneas FECIT INCIDI misit que ignem in omnem terram Cordube, Carmone et Sibilie, vol.82

, Tout pousse à considérer en effet que les multiples péricopes tirées d'un nombre restreint de livres, incitent dans leur ensemble les lecteurs à avoir en tête l'arrière-plan narratif des passages scripturaires visibles ; pour la reconnaissance de ces « halos bibliques, Bible, lettres et politique. L'Écriture au service des hommes à l'époque de Thomas Becket, p.113, 2013.

. Raban-maur and J. Expositio-in-librum, 547CD) : « Quid per Damascum, qui interpretatur sanguinis potus, nisi gentilium dominationis exprimitur potestas, quae fidelium, hoc est, martyrum Christi inhianter sitit fundere sanguinem, et maxime in illa persecutione novissima, quae juxta mundi finem ventura est, quando tempus messis, hoc est, vol.109

, En cohérence avec les enseignements pauliniens (Rom. 13, 1-2), le récit réprouve fermement le fait de se révolter, en associant dans une certaine mesure sa répression à une guerre sainte. Il blâme moins en revanche les rebelles, les acteurs, car l'auteur souhaite avant tout les inciter à prendre part à cette guerre sainte. C'est bien visible dans les passages les plus à même d'être compris par les prélats de l'Église. Alors que la révolte est achevée depuis au moins une quinzaine d'années, l'auteur les encourage à ne pas condamner trop virulemment les nobles pour leurs exactions armées, contrairement à l'une des rares autres chroniques ibériques écrites à la même époque, l'Histoire compostellane 41 . Il préfère que ceux-ci s'efforcent de discipliner ces mêmes nobles, Dieu ne consiste pas seulement à conquérir l'espace almoravide pour l'auteur, il ne se réduit pas à une guerre de frontières extérieures, il intègre la répression intérieure

D. E. Amélie, E. Heras, and . Dans-le-secondaire,

, Sur la vision de l'aristocratie dans l'Historia compostellana : S. Barton, « From Tyrants to Soldiers of Christ: the Nobility of Twelfth-Century Léon-Castile and the Struggle against Islam, Nottingham Medieval Studies, vol.44, pp.28-48, 2000.