La fictionnalisation de l’argent au XIXe siècle ou l’invention d’un sous-genre romanesque
Résumé
Au rebours des analyses référentielles qui font de l’argent un simple motif romanesque et réduisent la littérature à un témoignage, cet article pose l’hypothèse sous-genre « fiction économique » qui s’épanouirait, en même temps que les doctrines libérales, au cours du premier dix-neuvième siècle. L’analyse de La Comédie humaine et de quelques récits populaires permet en effet de dégager un certain nombre de structures narratives idéal-typiques qui témoignent d’une intériorisation profonde – c’est-à-dire au niveau des structures narratologiques et énonciatives – des principes économiques. La mise au jour de cette poétique de l’argent, loin d’enfermer la littérature dans une fonction ancillaire, permet d’en reconsidérer la puissance critique et herméneutique. Le récit réaliste ne se contente plus de dénoncer puisque, par la mise en texte des principes même de l’économie libérale, il en révèle les contradictions et la force d’assujettissement de l’individu livré à l’argent et au crédit.
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