La pragmatique est-elle soluble dans la phraséologie ?
Résumé
Cet article est un plaidoyer pour une « phraséologie pragmatique » et tentera de montrer en quoi la dimension pragmatique est d’une grande utilité en phraséologie, et ce à différents niveaux. C’est tout particulièrement le cas lors de la définition de certaines unités phraséologiques que l’on peut appeler « phraséologismes pragmatiques », bien qu’elles soient parfois remisées à la périphérie de la phraséologie traditionnelle, et qu’il s’agira de définir et délimiter : pragmatèmes (Blanco, Mejri, Mel’čuk), formules de routine (Lüger), routines ou formules conversationnelles (Bladas, Hyvärinen, Klein/Lamiroy), actes de langage stéréotypés (Kauffer), sans compter d’autres termes ou notions comme : actes de langage lexicalisés (Schemann), énoncés liés (Fonagy), expressions d’illocutoire stéréotypé (Schneider), phraséologismes communicationnels (Burger), structures figées de la conversation (Bidaud) etc. A titre d’exemple, nous examinerons plus particulièrement les actes de langage stéréotypés (= ALS), encore peu étudiés mais fort complexes, qui se caractérisent par trois critères définitoires : statut d’énoncé, figement à différents niveaux et fonction pragmatique, par exemple tu vas voir ce que tu vas voir ; c’est le bouquet ; et comment ; la belle affaire ; tu parles. Nous approfondirons la dimension pragmatique des ALS en précisant en quoi ils sont bel et bien des actes de langage, pourquoi leur contextualisation est particulièrement importante, et dans quelle mesure ils sont sujets à la pragmaticalisation/grammaticalisation. Nous examinerons les problèmes théoriques évoqués ci-dessus mais en nous basant sur une assise empirique solide, à savoir un corpus de plusieurs centaines de bi-textes littéraires constitué dans le cadre d’un projet de dictionnaire électronique bilingue (français/allemand) et contextuel en cours d‘élaboration à Nancy.
Domaines
Linguistique
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