, Ce à quoi visent les projets d'encyclopédie élaborés à l'époque par Saint-Simon, c'est à refaire d'Alembert, sur le travail de qui un jugement très critique est porté : « Cette encyclopédie a été faite d'après un mauvais plan, dans un mauvais esprit, p.650

. «-d', Alembert est entré dans la carrière la tête basse et les jambes tremblantes. Quel pitoyable début » (OC I, p.664

, Ce n'était pas à Augustin Thierry qu'on pouvait demander un tel travail mais, après 1817, la situation change. Saint-Simon étant maintenant tout occupé par la politique, c'est à Comte qu'est confié le soin de mener à bien le programme élaboré quelque dix ans plus tôt. Le Plan de 1822 n'est donc rien moins que la réalisation d'un des objectifs fondamentaux que s'était fixé Saint-Simon. Le Discours préliminaire de l'Encyclopédie est refait, et le programme des Lumières est enfin rempli, en ce sens que nous disposons d'une vision unifiée des sciences, conçue cette fois d'un point de vue constructif, de sorte que les travaux scientifiques pourront désormais contribuer à réorganiser la société. Une fois la part faite à ce qui, dans ce parallèle établi avec d'Alembert, pp.657-82

, Résumé des lettres sur les Bourbons (décembre 1820), sur lequel Mary Pickering a justement attiré l'attention. Saint Simon, qui vient d'affirmer que tous ses travaux ultérieurs auront désormais pour objet l'établissement d'une doctrine qui puisse servir de base au régime industriel, et que ce travail, quoique scientifique, devait être confié aux philosophes positifs, seuls à même d'observer et de coordonner les généralités positives, poursuit : « Aucun philosophe ne se présentant pour obéir à cette grand mission que l'état de la civilisation met réellement à l'ordre du jour, j'ai osé m'en charger. Je serai heureux si mon travail peut déterminer à s'en occuper un philosophe positif plus habile, ou si, bientôt, je puis avoir assez avancé l'entreprise pour pouvoir la remettre entre les mains des savants, p.2484

, Le nom de ce dernier n'étant pas mentionné, il est difficile d'être catégorique, mais, si Saint-Simon pense à quelqu'un (et s'il ne pensait à personne, pourquoi évoquerait-il une telle possibilité ?), on a toute raison d'estimer, comme elle, que ce « philosophe positif plus habile » n'est autre que Comte. C'est d'ailleurs peu après, vol.26

, elle inclut la philosophie et l'histoire. Comme par un accord tacite, s'est instaurée entre les deux hommes une sorte de division du travail. Conformément à une évolution déjà signalée, Saint-Simon délaisse le travail encyclopédique pour s'occuper en priorité des questions politiques, et plus précisément encore, des mesures pratiques, Comte se trouvant ainsi chargé du travail proprement théorique. C'est à lui qu'est confié la partie la plus difficile et la plus importante, aux dires de Saint-Simon lui-même, « celle de concevoir, d'une manière claire, le système industriel » (OC IV, p. 2899). C'est d'ailleurs ce que Saint-Simon lui reprochera en 1824 : « notre élève n'a traité que la partie scientifique de notre système, Tout ceci s'accorde bien avec ce que nous savons par ailleurs. C'est à Comte que revient

, Mais les relations entre les deux hommes n'étaient pas qu'intellectuelles. Elles comportaient aussi une dimension institutionnelle et là rien n'avait changé depuis 1817

É. Chacun-en, . Conscient, . Le-besoin, and . Qu, Comte savait qu'il se retrouverait dans une situation matérielle difficile. La situation illustre un phénomène bien mis en valeur dans la loi positive de classement : la relation de subordination fonctionne dans les deux sens et le supérieur dépend aussi de l'inférieur. Comme le remarquait Comte

O. Pickering, , p.192

. Oc-iv, ce reproche témoigne de l'évolution de Saint-Simon à cette époque : avec Le nouveau christianisme, il prenait ses distances à l'égard de la science, 2976.

, Lettre à Tabarié du 5 avril 1824, CG I p, p.78

, Contrat par où Comte s'engage à fournir à Saint-Simon la suite du Plan de 1822

. Cg-i and . Pickering, On peut considérer que cette lettre met un terme à la période de ce qu'on appelle les écrits de jeunesse, le dernier d'entre eux, l'Examen du traité de Broussais sur l'irritation, ayant été composé après la crise cérébrale survenue quelques jours plus tard, p.312, 1903.

V. Pickering and O. , , pp.300-320

, Voir la lettre à Tabarié du 5 avril 1824, CG I p. 77. Mary

. Voir-gouhier, , p.371

I. Manfredini and . Saint-simon, Les manuscrits de L'industrie

L. Florence and . Olschki, , 1999.

, Afin de caractériser avec toute la précision convenable l'esprit de cet ouvrage, quoiqu'étant, j'aime à le déclarer, l'élève de M. de Saint-Simon, j'ai été conduit à adopter un titre général distinct de celui des travaux de mon maître. Mais cette distinction n'influe point sur le but identique, ces deux sortes d'écrits, qui doivent être envisagés comme ne formant qu'un seul corps de doctrine, tendant, La même division sera observée dans le volume suivant, relativement aux deux autres séries de travaux

J. and M. Saint-simon, que la réorganisation actuelle de la société doit donner lieu à deux ordres de travaux spirituels, de caractère opposé, mais d'égale importance. Les uns, qui exigent l'emploi de la capacité scientifique, ont pour objet la refonte des doctrines générales ; les autres, qui doivent mettre en jeu la capacité littéraire et celle des beaux-arts

L. , Saint-Simon a été employée à découvrir les principales conceptions nécessaires pour permettre de cultiver efficacement ces deux branches de la grande opération philosophique réservée au dixneuvième siècle. Ayant médité depuis longtemps les idées mères de M. Saint-Simon, je me suis exclusivement attaché à systématiser, à développer et à perfectionner la partie des aperçus de ce philosophe qui se rapporte à la direction scientifique

, cru devoir rendre publique la déclaration précédente, afin que, si mes travaux paraissent mériter quelque approbation, elle remonte au fondateur de l'école philosophique dont je m'honore de faire partie

, mes intentions politiques, et d'entreprendre de prouver l'utilité des vues que j'expose. Le public et les hommes d'Etat jugeront l'un et l'autre point à la lecture de cet ouvrage ; c'est à eux qu'il appartient de décider, après un mûr examen, si ces idées tendent à jeter dans la société de nouveaux éléments de trouble, ou à seconder, par des moyens spéciaux et dont le concours est indispensable