, coups reçus sans raison, « Io » s'accroche à la nature, au mystère des fleurs : « non ho paura / di nessuno Io, perché i calci, vol.54

, une perspective lucide : celle qui permet au sujet de comprendre que l'existence n'est pas un magma figé, immuable. L'univers n'est pas celui de la folie, celui indiqué par les parents : les ténèbres, l'horreur. L'univers est un arbre, une fleur. Il s'incarne dans la tête d'une jeune fille qui choisit la parole, qui invente un langage autre pour signifier son monde d'exilée. Pour Candiani, il s'agit d'une jeune fille douée d'un esprit qui sait fleurir. Contre les menaces parentales : « una testa fiorisce, Résister à la violence signifie garder, dans sa tête, vol.55

L. , lumineux qui s'oppose à l'obscurité. L'enfance, saison massacrée par l'incompréhension, devient une possibilité d'ouverture vers un monde édénique, intouchable, ouvert à une forme d'émerveillement que les adultes ignorent. Candiani semble s'appuyer sur l'enseignement d'E. Montale qui, dans son poème Riviere, alterne ce jeu d'obscurité et de splendeur en faisant référence à sa terre d'origine : à son enfance en Ligurie

. Revenir, accepter de revivre l'enfance pour ce qu'elle représente : un tournant traversé de « ricordi lieti -e atroci 56 ». Mais cette même enfance montalienne, consommée entre les après-midi ensoleillés et l'ombre des inquiétudes intimes, est la même qui cherche, grâce au choix de la poésie, une manière pour signifier l'importance d'un langage qui sache exprimer la complexité des individus

E. Montale and . Candiani, une manière d'adhérer à la nature, ultime dépositaire de la vérité d'un sujet partagé entre l'obscurité et la lumière : « un urger folle / di voci verso un esito, vol.57

, Candiani continue dans son parallèle avec la nature. Les branches hivernales apparaissent, dans leur nudité, comme l'emblème d'un espoir silencieux, d'une promesse gentille : celle du printemps qui se prépare. L'arbre dépouillé, photographié dans son immuabilité, garde en lui la volonté de fleurir à nouveau. Il ne craint pas la neige : il lutte, seul, p.22

E. Montale, ». Riviere, and T. Le-poesie, , p.104, 2006.

. Le-poète and C. Pour, Celui qui s'accroche, justement, à la branche solitaire d'un arbre abandonné en la percevant comme une soeur, comme une semblable. C'est la capacité à générer, malgré tout, une nouvelle vie : « i bambini opachi, vol.58

. Cette-fleuraison-thérapeutique and . Dans-une-sorte-de-prière-laïque, Candiani semble, une fois encore, invoquer les vers d'E. Montale qui, dans son Proteggetemi 59 , invoque la protection des certains gardiens invisibles. Il faut trouver des esprits capables de préserver les poètes contre les horreurs du quotidien -l'oubli -contre les absences qui fracturent, le mensonge du succès, la soif de reconnaissance. Être protégé, pour E. Montale et pour Candiani, ne signifie rien d'autre que chercher une échappatoire à travers cette même parole poétique qui peut se révéler trompeuse, caduque. Pour la poétesse, il s'agit d'une parole précaire, poreuse, qui se concrétise dans la figure d'un ange. L'espoir s'incarne, justement, dans cet être insaisissable -invisible à la multitude des sujets -capable, toutefois, de réparer les blessures du coeur. L'ange est l'attente qui se fait discours, langue, expression : « Cucimi Angelo un largo petto / per gli anni che non contano 60 ». Mais être protégé, se protéger soi-même, signifie aussi savoir trouver un lieumental, physique -où pouvoir dormir : « un ripostiglio di sogni caldi 61

, Dormir est un droit inaliénable 62 que Candiani revendique comme le fondement de toute construction de soi. Car, pour elle, se reposer équivaut à se sentir à l'abri de toute violence

, Il s'agit d'un personnage qui choisit de raconter l'authenticité du mal sans jamais baisser le regard : « Io / ma quando salta / nel buio vuoto, / lo fa a occhi aperti / e a piedi pari per tuffarlo / tutto intero / il male 64 ». L'image de la Gorgone revient en filigrane en annonçant non seulement la posture morale de la poétesse, Affronter les ténèbres signifie, dans la poésie de Candiani, trouver la force de les observer droit dans les yeux

C. L. Candiani, «. Vista, and . Luna, , p.34

E. Montale and . Proteggetemi, , p.628

C. L. Candiani, «. Vista, and . Luna, , p.26

. Italian-reloaded and . Casa,

. Ivi,

C. L. Candiani, «. Vista, and . Luna, , p.47

P. Travers-la, La littérature, en reprenant l'enseignement d'I. Calvino concernant la

. Légèreté, habiter par une voie autre. Il faut opposer aux regards qui tuent, l'intelligence d'un instrument qui reflet la vérité. C'est l'enseignement de Persée qui parvient à voir Méduse sans mourir. La poésie est, donc, ce même bouclier ; un filtre qui se fait support d'une série de narrations

, celle qui lui a fourni une accroche indispensable pour remonter la pente de son désespoir -traduit, donc, cette vision parallèle. C'est une perspective critique, et donc poétique, qui se nourrit de l'exactitude calvinienne, qui embrasse l'idée d'une légèreté qui n'est jamais superficialité, mais plutôt poids d'une connaissance qui se fait

. Car, . Travers-cette-langue-particulière--une-langue, and . Qu, Cet idiome qui vient de l'enfance -et qui se sert de l'enfance pour lire le monde -est « un fuoco d'alfabeto / senza lingua senza / senso 66 ». Il s'agit d'un langage indéchiffrable qui brûle d'angoisse, qui s'ouvre à l'incompréhension du non-amour

C. , annihilation du sujet -« sconfinato è solo il niente 67 » -ouvre la voie à une perspective critique que les lecteurs -tous -doivent pouvoir adopter. Il faut savoir accueillir la parole poétique comme une voix nouvelle, qui n'a pas de patrie. C'est une parole capable de nourrir et, paradoxalement, une parole de la soustraction, qui descend dans les profondeurs de la souffrance dans l'objectif de pouvoir la comprendre, l'apprivoiser. De la restituer. Cette parole, nous répète Candiani, est celle qui se fait déchirure -du sujet, de la page -et qui devient, paradoxalement, une fissure à travers laquelle faire passer la lumière. En italien, Chandra joue sur l'assonance entre « ferita » -la blessure -et la « feritoia, vol.68

P. P. Pasolini, ». Siamo, and L. Luterane, Il progresso come falso progresso, introduzione di Alfonso Berardinelli, 2003.

C. L. Candiani, «. Vista, and . Luna, , p.27

M. Ferretti and ». Le-ferite, Psychiatry on line Italia video channel, 28 novembre 2017. laissant envahir par la lumière qui pénètre à travers les ouvertures : « Questo silenzio, non un altro / attimo, ma la fragorosa apertura, vol.69

, Contre l'obscurité, la parole est ce même bouclier qui s'ouvre sur le néant afin de pouvoir le restituer. Elle est une plume qui se fait sujet, qui se fait Je -« Io » -voix capable de transporter l'individu brisé vers l'autre rive, celle de l'énonciation, vol.70

. Da, Une existence qui est faite de fractures -le blanc parmi les mots, dirait Candiani -et qui est traversée de paroles solitaires qui percent l'obscurité du vocabulaire. Une existence, in fine, qui grâce à la poésie permet à cette petite fille venue de la lune -cette enfant-boxeuse, en souvenir du recueil La bambina pugile -de s'habiller de monde, de se faire elle-même « mappe », plan, et donc destin. Amo il bianco tra le parole [?] amo la parola che spunta solitaria sullo specchio buio del vocabolario [?] Quando veste il mondo, vol.71

C. L. Candiani, «. Vista, and . Luna, , p.49

C. L. Candiani and . La-porta, , p.77

C. L. Candiani, L. Bambina-pugile, and O. , , p.31