Commoning et trajectoires de « communs fonciers » historiques au Mexique. L’exemple des ejidos et comunidades à Mexico
Résumé
L’objectif est d’alimenter la réflexion sur les communs urbains en partant de deux entrées classiques : commoning et bien commun. D’un côté, on observera quelques pratiques de structurations collectives locales mettant en commun les efforts de résidents pour la régularisation physique et juridique de quartiers nés dans l’illégalité. D’un autre côté, on observera quelques dynamiques actuelles relatives aux « communs fonciers historiques » (« réinventés » en tant que tels) au Mexique, que sont les ejidos et comunidades en propriété collective. Vingt-six ans après l’abrogation de la réforme agraire, quelles sont les évolutions lisibles en ce qui concerne leurs gestions, leurs usages, en particulier résidentiels ?
L’exemple mexicain permet de documenter deux tendances lourdes communes à beaucoup de métropoles des Suds. D’une part, dans un contexte où encore plus de 40 % des logements n’ont pas de titres de propriété, les politiques de régularisation foncière et urbanistique des zones d’habitat illégal permettent, par la casse de la protection liée au régime de propriété collective, la sortie de la précarité juridique pour des masses de résidents – et ce, même si les ancrages sociaux et politiques locaux différenciés reproduisent les inégalités sociales et les hiérarchies à l’échelle des quartiers. D’autre part, dans un contexte de financiarisation de la production résidentielle pour les « classes moyennes inférieures », on assiste à la promotion-production massive de logements sociaux légaux sur des terrains dont il est désormais possible de changer légalement le statut juridique. Si l’inscription vers la propriété privée est la finalité de ces deux tendances, elle est aussi synonyme d’une accentuation des inégalités d’accès aux ressources urbaines à l’échelle de l’agglomération.
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