, Il y a là comme un secret qui s'évente, quant au principe par lequel agira la pièce -et que la pièce préfèrera garder secret (d'ailleurs, la fin ne sera pas celle-ci) Les lectures au second niveau peuvent ainsi agir aussi au premier niveau, et inversement : et l'ironie se renverse

L. Surtout and . De-cadavre-empaillé--où-ce-qui-est-vivant-est-impossible-À-tenir-en-place, trop vivant en somme pour le théâtre qui est l'art de la répétition, de la mort en fait. Mais la chance du chien empaillé, c'est qu'on le voit toujours tel : qu'il ne fait pas semblant d'être vivant, qu'il est en somme une convention -et c'est avec les conventions que Navarre joue, c'est de ces conventions dont il se joue. Conventions théâtrales, mais aussi et surtout (ce sont finalement les mêmes, possèdent les mêmes ressorts), conventions sociales, bien pensantes, malfaisantes -contre toute attente, oui, qu'il écrit : c'est-à-dire aussi en tenant compte de l'attente et se riant de la convention

. Passer,

. L'héritage-À-liquider, Leçon donnée par le théâtre pour en finir avec le théâtre. Car c'est pour échapper aux répétitions, pour sortir du cycle infernal du même et de l'identité que la pièce est conduite (et le chien s'échappant -dans le projet initial -, porte avec lui toute une utopie, une victoire) -et la pièce s'accomplit en accomplissant son destin de pièce comme on exécute un testament, une bonne fois pour toutes. Car de quoi est-il question ? Quel est l'argument ? Comme dans Le Jardin, ce sont donc des retrouvailles. La famille revient au bercail -qui est aussi un cimetière de chiens (comme le dira vers la fin Bernadette), où est enterrée une part de leur illusion, de leur passé qui refait surface. Dans cette grande demeure bourgeoise le père règne en maître -même si cette fois, Cécile est là, à demi-là plutôt, silencieuse pour d'obscures raisons. Bertrand revient : la première scène est peut-être l'une des plus délicates et terrible de l'oeuvre dramatique de Navarre (elle est déjà dans Biographie, Sagesse des bêtes. Modèle absolu d'humanité ici

, Ce foyer, matérialisé par cette maison, n'est pas qu'un symbole du passé, il lève aussi au présent l'insupportable réalité de ce qui a été et qui demeure : l'unité d'une famille qui ne peut rester unie. Alors, la discussion tournera, par allusion autour de la maison

, Je voulais faire sauter cette maison. Brave lit bleu. Je l'ai fait brûler. ça faisait une drôle de filmée. Une fumée que rien ne dissipe vraiment, jamais. Une fumée noire

, Pourquoi ces retrouvailles ? On se posera la question pendant plusieurs scènes : ce n'est pas d'un anniversaire qu'il s'agit, ou d'un enterrement, mais d'une vente. La famille est là pour accomplir bourgeoisement le programme onirique de Bertrand : vendre la maison, la disperser aux quatre vents

. Finalement and . Le-chien, Le chien mort, c'était la mémoire tenace du crime ancien du Père, cet objet de famille qui appartenait à tous : le chien, c'était en somme l'objet transitionnel, comme on dit en psychanalyse -un fétiche, un totem et un tabou. Dans la pièce, le chien est vivant de nouveau : et c'est avec cette vie qu'il faut avoir à faire et en finir. C'est concrètement qu'il faut terrasser le passé. Et le théâtre plus que le roman sera apte à le faire : en s'attaquant à ses murs. Si la famille est le théâtre, et que le théâtre est dans ces murs, en vendant les murs

, parce que là est l'enjeu de ce à quoi on assiste, et parce que, inversement, cet enjeu, seul le théâtre peut le désigner : matérialité par quoi on rend visible un corps social, concrétude des corps vivants comme tels, Dès lors on comprend pourquoi il a tant besoin du théâtre : de rappeler sans cesse que nous sommes au théâtre

, qui sont des allusions à cette opération d'épuration des compteset qui fait écho à cette belle phrase de Blanchot, dans Thomas l'obscur : « Pour nous séparer, il n'y a plus que ce qui nous aurait unis

. Bertrand, Et nous tous tant qu'on y est. Faites-moi un paquet de l'ensemble, je suis pressé. Pressé de ne plus être ce que je suis. Et je le serai toujours. (Henri se dirige vers le fond de la scène) Henri : Répète ce que tu viens de dire, Plus besoin de répéter. Nous connaissons la scène par coeur. Nous pouvons désormais la jouer

, du mal qu'elle porte et de ses biens (biens au sens matériel et moral) Vendre la maison, c'est en finir avec la famille, La fable de Happy End tient à ces déliaisons, infimes, progressives, douloureuses ou tacites : se défaire de la famille

. Derrière-la-maison, Peu à peu le Parc grignote sur le jardin. À la fin, une fois le vide fait -la pièce s'achève dans la lumière crépusculaire d'un déménagement : les techniciens vident le mobilier du théâtre / de la maison -, le jardin est livré à la sauvagerie du Parc. Image de la désolation, du saccage, du ravage -qui est à l'image de ce qu'accomplit le projet dramatique de Navarre sur son oeuvre et sur la vie