, Cette notion de politique intégrée de jeunesse présente dans les PIA n'est-elle pas un peu compliquée ?

E. L. , Je pense que cela peut être bien si ça peut limiter le nombre d'intermédiaires sociaux qui existent entre la jeunesse et les différentes gouvernances et instances, si on peut réduire ce nombre d'interlocuteurs, si on peut faire remonter nos doléances et agir sur notre territoire. Si on appelle cela une politique intégrée, c'est-à-dire, si j'ai bien compris, groupée, ou si l'on peut faire en sorte que les intermédiaires se parlent entre eux, oui

, n Comment associer les jeunes dans la durée ?

E. L. , Pour la plupart, on doit finir nos études, on a des formations, des stages ou des emplois saisonniers, et s'impliquer dans la durée, c'est un engagement qui peut faire peur. C'est nous demander de rester à un endroit, alors qu'on n'est pas sûrs d'y rester. C'est d'ailleurs ce qu'on a travaillé dans l'atelier jeunesse et gouvernance. On part du principe qu'on se fait confiance. Il y a des jeunes qui partent, qui reviennent un an après ou qui viennent juste ponctuellement à une réunion sur tel sujet et on les revoit plus après, mais ce n'est pas grave, Justement, je pense que ce n'est pas pertinent de demander à des jeunes de s'impliquer dans la durée parce qu'on bouge beaucoup

, Est-ce que ce n'est trop compliqué d'intégrer de nouvelles personnes dans un projet

E. L. , On se rend compte que cela fait plaisir aux élus de pouvoir expliquer à quelqu'un de nouveau et lui apporter sa vision de ce qui est en train de se dire ou de se débattre, des décisions prises. Le jeune se sent impliqué personnellement et il peut mieux comprendre le fonctionnement de ces instances

, On aimerait aussi tester cela dans notre atelier en proposant un parrainage pour que chaque jeune puisse avoir quelqu'un vers qui se tourner. C'est une bonne façon de prendre la locomotive en marche quand les choses sont lancées

, n Comment peut-on donner l'opportunité à tous les jeunes de s'engager ?

E. L. , Chez les jeunes, comme chez tout individu, tout le monde ne souhaite pas s'engager. Et puis qu'est-ce qu'on valorise ? Le qualitatif ou le quantitatif ? C'est une question qu'il faut se poser, parce qu'à vouloir toucher toute la jeunesse, on risque d'avoir des engagements qui ne sont pas toujours volontaires ou pas toujours motivés par une véritable envie

, Moi je pense que ce ne sont pas les jeunes qui ont peur de la politique, mais que c'est la politique qui a peur des jeunes et, du moment que des élus nous ouvrent des portes ou décident de discuter avec des jeunes, cela crée un lien d'ouverture, de confiance et ça ne se fait pas assez sur le territoire. Mais il faut que cela soit sincère et que les élus aient vraiment envie de changer les choses

, *Liaison entre actions de développement de l'économie rurale (LEADER) : programme européen de soutien aux projets pilotes en zones rurales

*. Ardèche, Jeunesse Innovation Ruralité, pp.2016-2021