La nouvelle génération : François Luciani

Nicolas Schmidt (1, 2)

1 IHTP - Institut d'histoire du temps présent
2 IHTP - Institut d'histoire du temps présent

« Mémoire d’amour » (1990) : un enfant est sorti du coma après un accident en montagne ; ses parents séparés se rapprochent pour accompagner sa guérison. « Notre Juliette » (1990) : une fillette d’une douzaine d’années vit mal le divorce de ses parents, d’autant que sa mère rencontre un autre homme, également divorcé et père d’une adolescente. « Légende » (1992) : sorti de douze ans de prison, un terroriste ayant opéré en Irlande veut se venger d’un ancien complice, désormais marié, travaillant avec un photographe qui tombe amoureux de sa fille. Les réalisations, diffusées sur Antenne 2, sont faites de fortes tensions, grands espaces sereins et huis clos angoissants, temps suspendu ou pesant, variations de rythme, contrastes et ruptures de ton, inserts visuels ou sonores perturbants, jeux de couleurs et de lumière, présence étudiée de la musique, sensibilité du jeu des comédiens, etc. Dans des récits à caractère biographique, les personnages s’engagent malgré eux, souvent sous la pression de leurs enfants, dans des itinéraires incertains où ils doivent faire des choix moraux. « Chercher la force d’une histoire, entretien avec François Luciani », réalisateur et scénariste (extraits) « Je définis les films que je veux faire en termes non de sujet, mais de projet de mise en scène. Un film commence à être un film à partir du moment où il est une tragédie, et il est une tragédie quand tout le monde a raison, même les méchants. Il s’agit de densifier les personnages de leur donner une intensité, une complexité. » Les couples séparés : « C’est la tragédie moderne d’aujourd’hui. On se marie, on fait des enfants, et puis on ne se plaît plus et on se défait parce que c’est moderne. Mais il y a des vies en jeu ! » La télévision : « Extrêmement formateur et indispensable pour réaliser des projets plus lourds. Mais j’ai une écriture cinématographique dans la tête. ‘Mémoire d’amour’ a été travaillé en plans-séquences. ‘Notre Juliette’ : comme une comédie américaine. ‘Légende’ : des faux-semblant, des situations de masques. » ‘Mémoire d’amour’ : prêt pour le cinéma : « Même genre de situation que ‘Johnny Got His Gun’ de Dalton Trumbo. J’aurais aimé aller plus loin dans la subtilité de la description du coma, donner du spectaculaire, de la magie, de l’émotion. Je suis quelqu’un de préparation, pas d’improvisation. Dans les années 60, la télévision était un espace de création ; actuellement c’est davantage au cinéma. La télévision demande un savoir-faire hors du commun, pour écrire, tourner, monter en quelque mois, avec la même exigence que celle du cinéma. Je suis intéressé d’aller plus loin dans l’écriture, les sujets, la psychologie, porté vers l’expression cinématographique qui n’a jamais cessé d’être la mienne. »

Mots clés: Mémoire d’amour; feuilletons; téléfilms; Légende; Notre Juliette; François Luciani

Domaines: Sciences de l'Homme et Société

Nicolas Schmidt. La nouvelle génération : François Luciani. CinémAction, 1992, Feuilletons et téléfilms français d’aujourd’hui, coordonné par René Prédal, Série TV (3), pp.196-209. ⟨halshs-02315622⟩