Les statues mariales catalanes et la progressive assimilation de la Vierge à l’enfant au prêtre officiant
Résumé
Les plus fortes concentrations de statues romanes de la Vierge à l'Enfant, qu'elles soient conservées ou seulement mentionnées par un texte, se trouvent en Auvergne et, dans une moindre mesure, sur les deux versants des Pyrénées. Depuis la fin du Xe siècle au moins, des statues de ce type ont été disposées sur l'autel ou sur une colonne ou un pilier érigé derrière l'autel où elles devaient généralement être associées aux deux autres images canoniques de l'iconographie chrétienne mentionnées dans l'interpolation de la lettre à Secundinus. Ce texte fait dire à Grégoire le Grand que le Christ doit être représenté trônant, suspendu à la croix et sur les genoux de Marie, et l'idée a été reprise par Guillaume Durand au XIIIe siècle. La prééminence théorique de ces trois représentations complémentaires du Christ rejoint une pratique très largement répandue, en particulier dans les églises romanes où le Christ trônant apparaissait presque systématiquement sur les peintures de l'abside et régulièrement sur le décor de l'autel, que ce soit sur un antependium, un retable ou une châsse. Quant à la Crucifixion, elle était évoquée à travers la croix d'autel ou représentée sur cette même croix, l'antependium, le retable, les peintures murales ou la croix peinte ou sculptée disposée à l'entrée de l'espace liturgique. En inscrivant ces représentations tridimensionnelles de la Vierge à l'Enfant dans un tel contexte topographique et iconographique, que ce soit de manière permanente ou occasionnelle, on cherchait probablement à mettre en évidence un ou plusieurs aspects de son vaste champ sémantique.
Origine :
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