, En d'autres termes, à compléter l'action des institutions d' i ntégrati on là où elle s'avère défaillante. Ne continue-t-on pas alors à être « incapable de se situer au niveau pertinent », à la fois en restant dans le chaleureux « entre soi » des institutions et en faisant faire le travail de « lien » par des jeunes peu qualifiés ? Considérés de façon « positive », c'est-à-dire autrement que comme une non-police de proximité, les emplois-jeunes restent chacun très rattachés à leur institution de recrutement (en témoigne l'image des territoires respectifs). À partir de là, l'hypothèse optimiste consiste à voir ces emplois-jeunes, produits de la rencontre entre des préoccupations sécuritaires et des préoccupations d'emploi, comme ayant une utilité dans ce second domaine. Ils serviraient de prérecrutement, directement pour ce qui est de la police, indirectement pour l'Éducation nationale. Ils permettraient, pour les autres, de tester la pertinence de fonctions que les villes n'ont pas les moyens de mettre en place sans être sûres de leur intérêt. Ils auraient en outre, dans ce domaine comme dans le champ policier, l'intérêt au moins potentiel de représenter une forme d'ouverture des différentes institutions, dans la mesure où le recrutement des jeunes en question se voudrait destiné à ce que les fonctionnaires de police et les employés municipaux soient un peu plus « à l'image des quartiers » dont ils ont la charge. Mais on peut également développer une hypothèse plus pessimiste. À partir du constat que les prestations des différentes institutions sont de qualité insuffisante, n'est-on pas en train de compenser ce déficit en quelque sorte fictivement, c'est-à-dire uniquement en faisant de la communication, du lien, et de diluer ces emplois dans la relation? Les emplois-jeunes seraient alors une façon pour les institutions de se défausser de la partie « proximité » de leurs missions. La démarche française, contrairement à l'américaine, privilégierait le contact entre institutions, celles-ci confiant à des jeunes inexpérimentés ce qui les embarrasse, à savoir le contact à vocation plus ou moins sécuritaire avec la population, fois soutien et remise en question -pour que ses usagers, à leur Droit et Société 44/45-2000 tour, puissent lui faire confiance. La police de proximité que veulent promouvoir les contrats locaux de sécurité ne consiste donc pas véritablement à mettre le « rapprochement » au service d'une efficacité policière (même si on entend police au sens large) accrue. Il s'agit plutôt de « faire du lien social », de restaurer de la relation, sous diverses formes, et en particulier en direction des diverses institutions d'intégration