La construction spatio-temporelle du risque associé à la pandémie de choléra-morbus de 1832 par le Journal de Rouen

Eric Daudé (1) , Emmanuel Eliot (2) , Philippe Jeanne (1)

1 IDEES - Identité et Différenciation de l’Espace, de l’Environnement et des Sociétés
2 CIRTAI-IDEES - Centre interdisciplinaire de recherche en transports et affaires internationales

Les couvertures médiatiques des pandémies du syndrome respiratoire aigu en 2003 et de la grippe A H1N1 en 2009 ont une nouvelle fois démontré l'importance des médias dans la construction d'une peur collective (Wahser, 2004 ; Lawrence et al., 2008 ; Warren et al., 2010 ; Gwinner, 2012 ; Ferron, 2012). L'épidémie est en effet un objet journalistique par excellence. Outre qu'elle peut faire ressurgir des peurs ancestrales, elle offre une grande variété émotionnelle dans sa dynamique spatio-temporelle que le journaliste peut mettre en scène. Observée d'un petit coin du monde, une épidémie est d'abord une curiosité, qui frappe les contrées encore trop lointaines pour véritablement inquiéter. Puis elle touche des pays dont les noms sont familiers, jusqu'au moment où les premières victimes nationales sont dénombrées. C'est ensuite la lente mais certaine progression vers l'épicentre de l'univers quotidien du lecteur. L'épidémie est « enfin » là, dans les quartiers que l'on connaît, frap-pant potentiellement tel voisin ou tel commerçant. La grande variété des sources médiatiques contemporaines disponibles et la rapidité d'échange de ces informa-tions offrent donc un large spectre de connaissances sur l'épidémie et sa lutte, mais elles sont en même temps vectrices d'affects. Elles contribuent à construire les controverses et les imaginaires : sur l'étiologie des épidémies, sur les populations « à risque » ou « vectrices » et sur l'action politique. Au début du xix e siècle, les sources d'information étaient moins nombreuses qu'en ce début de xxi e siècle et leurs circulations reposaient avant tout sur les relais locaux de la presse écrite. Vectrices d'opinions plus que d'informations, elles jouaient un rôle dans la transmission des représentations et des connaissances sur la maladie. Parmi celles-ci, le choléra est, au début du xix e siècle, un agent pathogène dont l'étiologie est encore inconnue. Cela contribuera à générer de très grandes peurs et à limiter les moyens de lutte contre l'épidémie. Dans ce contexte, cet article propose une analyse des articles publiés par la presse écrite régionale, le Journal de Rouen, Détail du Journal de Rouen daté du 14 février 1832 concernant le choléra.

Domaines: Géographie

Eric Daudé, Emmanuel Eliot, Philippe Jeanne. La construction spatio-temporelle du risque associé à la pandémie de choléra-morbus de 1832 par le Journal de Rouen. Études normandes, 2014. ⟨halshs-02194217⟩