F. De-cette, La hantise des morts qui nous est transmise se destine à transformer nos consciences. Si, comme le soutient Fabien Didier Yene à la toute fin du film, les exilés sont « les messagers de notre époque », c'est en ce sens qu'ils interrogent -à leur corps défendant -l'attachement de nos sociétés européennes aux valeurs universelles qu'elles proclamaient pourtant haut et fort au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Car le cas des frontières euro-africaines de Ceuta et Melilla est exemplaire d'une politique migratoire européenne qui bafoue au quotidien les droits fondamentaux des personnes, à commencer par celui de la libre circulation inscrit dans l'article 13 de la Déclaration universelle de 1948. Le film met ainsi au jour le caractère intolérable d'une telle « thanatopolitique », qui, provoquant une mort de masse, signe de facto la défaite des valeurs que l'Union européenne est censée incarner. Espérons cependant qu'en montrant la stupéfaction des exilés qui désirent précisément gagner l, le film fonctionne comme un dispositif d'alerte à notre intention. C'est nous, Européens, qui sommes appelés à juger ce crime contre l'humanité qui se commet dans cette frontière en notre nom