. Le-dilemme-le-plonge-dans-le-désespoir, Ce conflit intérieur n'est sans doute pas très différent de ceux qui devaient animer de nombreux vassaux pris entre deux seigneurs? Il s'agit certainement là d'une question qui est d'une actualité brûlante dans la deuxième moitié du XII e siècle, objet de longues discussions dans les cours. Manifestement, Marie condamne ces fidélités multiples, en amour mais sans doute aussi en droit féodal : ni la loi ni le devoir ou ni le droit ni la morale ne l'autorisent 37 ? Ce qui est fascinant dans cette oeuvre, c'est que, exactement comme dans les chartes contemporaines, on ne cesse de se prêter des serments et on ne cesse de les enfreindre. Le fonctionnement social repose sur la conclusion de liens vassaliques mais ceux-ci se révèlent régulièrement tout à fait fragiles, et la trahison est une crainte permanente : encore dans Eliduc, il y a une scène extraordinaire lorsque le vieux roi attend le retour de l'expédition d'embuscade contre les ennemis. Il a en effet peur de la trahison : Li reis esteit sur une tur, Là où ces dilemmes nés de fidélités multiples éclatent au grand jour, c'est surtout dans Eliduc, avec toujours cette transposition sur le terrain amoureux. Nous sont exposés très longuement les déchirements intérieurs suscités par le choix qu, pp.227-332

, Lanval le refuse après les avances de la reine 38 , mais la femme de Bisclavret y succombe 39 . Il est extraordinaire comme le vocabulaire et les formes sont les mêmes que dans la documentation diplomatique contemporaine, jusqu'au défi que lance Guigemar envers Mériaduc lorsque celui-ci refuse de laisser partir son amante 40 . Le défi est un rite de rupture volontaire du lien féodal

, Finalement, la société féodale informe tous les ressorts narratifs des Lais de Marie de

. France, Cette société fonctionne sur un entremêlement de liens verticaux et horizontaux : -sur l'axe vertical, il y a toujours une grande dépendance vis à vis du seigneur dispensateur de la richesse ; le seigneur qui donne le fief, qui permet d'accéder à l'héritage qui donne l'épouse, d'où le dépit de Lanval qui est oublié dans la distribution

, -mais la dureté et l'instabilité de ces liens verticaux sont palliées par l'importance des liens noués avec des pairs ; c'est pour cela que Lanval étranger et isolé est désemparé, « descunseillé », sans secours parce que loin de chez lui et sans amis

. Kar-n, est pas bien në avenant / De deus espuses meintenir, / Ne la lei nel deit cunsentir?, pp.1128-1130

, Ne li voil pas mentir ma fei?, pp.271-272

. «-issi-fu, Bisclavret trahiz / E par sa femme maubailiz. » (Bisclavret, pp.125-126

, Quant il l'oï, hastivement / Comanda a munter sa gent. / D'ileoc se part, celui defie?, pp.853-855

, « Del malveis chien, coart, felun / Ki mort la gent par traïsun. » (Guigemar, pp.13-14