« André Gide et Thomas Mann : se comparer à Chopin pour mieux se recréer »
Résumé
Gide expresses his love for Chopin mainly in his intimate writings (his letters and his diary) ; on the contrary, it is in his fictions (Tristan – 1903 – and, more importantly, Doktor Faustus. Das Leben des deutschen Tonsetzers Adrian Leverkühn, erzählt von einem Freunde – 1947) that Thomas Mann dialogues with the Polish composer. Nevertheless, despite irreducible generic, ontological and aesthetic differences, similarities emerge between the two authors : both Gide and Adrian Leverkühn – i.e. Thomas Mann's tragic hero – compare themselves to Chopin in order to invent an aesthetic ethics that plays the paradoxical role of a super-ego having a liberating and recreating power. Gide and Adrian Leverkühn try to protect themselves from their own (homosexual) desires – in order to discover and to accept them.
Si c' est principalement dans ses écrits intimes (lettres et Journal) que Gide exprime son amour pour Chopin, c' est au contraire dans les fictions de Thomas Mann (Tristan – 1903 –, et surtout Doktor Faustus. Das Leben des deutschen Tonsetzers Adrian Leverkühn, erzählt von einem Freunde – 1947) qu'il faut chercher les traces du dialogue que l' écrivain allemand entretint avec le compositeur polonais. Néanmoins, malgré d'irréductibles différences génériques, ontologiques et esthétiques, de troublantes similitudes se font jour entre les deux auteurs : pour Gide comme pour Adrian Leverkühn, le compositeur foudroyé du Doktor Faustus, se comparer à Chopin, c' est s'inventer une éthique esthétique jouant, ou peu s' en faut, le rôle paradoxal d'un surmoi libérateur et recréateur, c' est tenter de se protéger de ses propres hantises et de ses propres désirs (homosexuels) pour mieux les découvrir, et pour mieux les accepter peut-être.