« La bonne volonté sanitaire des classes populaires. Les ménages employés et ouvriers stables face aux médecins et aux normes de santé » - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Sociologie Année : 2019

« La bonne volonté sanitaire des classes populaires. Les ménages employés et ouvriers stables face aux médecins et aux normes de santé »

Résumé

The Sanitary Goodwill of the Working-Classes Working-Class Households Facing Physicians and Health Standards Drawing on in-depth case studies of French households, this article analyses relations between working-class households and physicians with an emphasis on the point of view of the households. It shows that the best-off households of our sample differ significantly from the most vulnerable ones. In particular, the stable ones do not restrain themselves from seeking out medical help and counselling, especially from their general practitioner (GP). It also demonstrates that frequent contacts with the GP increase a feeling closeness to one’s physician, even though the social distance between the household and the physician is not entirely undone. Contrary to the arguments advanced by scholars in this field, our interviewees do acknowledge this distance and the social domination it represents. But they also think they can benefit from their relation to their GP. Taking a close look at the interviewees’ daily life (for example at their food practices), we see how health standards are taken up by these fractions of the French working-classes. Therefore, this paper brings into light what we can call a « sanitary goodwill » (following Bourdieu’s lead on cultural goodwill), an acceptance and a partial interiorization of the norm of « taking care of oneself » and of the idea of a « reform from within » the working-classes. This sanitary goodwill is what ultimately differentiates the stable fractions of contemporary working-classes from the more precarious ones as well as from previous generations.
Appuyé sur un ensemble de monographies de ménages réalisées dans le cadre d’une enquête collective, cet article s’intéresse aux relations entre les classes populaires stables et les médecins, en privilégiant le point de vue des premières. Les ménages de cette enquête, choisis pour leur position relativement assurée au sein du salariat d’exécution, se distinguent des fractions les plus précaires des classes populaires par un recours régulier aux médecins, en particulier aux généralistes : ce recours ne leur paraît pas limité, sans être pour autant recherché. La relative familiarité qui résulte de ces contacts répétés n’abolit pas la distance sociale avec les médecins telle qu’elle est relevée, pour les classes populaires en général, dans d’autres travaux sociologiques. Les enquêtés ont conscience de cette distance mais l’acceptent, les médecins incarnant sans doute une domination dont il est possible de retirer un certain bénéfice. De telles relations actualisent l’appropriation de normes de santé qui s’observe dans des pratiques quotidiennes comme l’alimentation. L’article met ainsi au jour une « bonne volonté sanitaire », avec l’intériorisation partielle de l’injonction à « prendre soin de soi », et l’adoption, par les enquêtés, d’une posture de « réforme de l’intérieur » des classes populaires, qui renvoient toutes les deux à une logique de distinction d’avec les fractions précaires des classes populaires et à un travail de démarcation par rapport aux générations antérieures.

Domaines

Sociologie
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Dates et versions

halshs-02084819, version 1 (29-03-2019)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-02084819 , version 1

Citer

Anne-Marie Arborio, Lechien Marie-Hélène. « La bonne volonté sanitaire des classes populaires. Les ménages employés et ouvriers stables face aux médecins et aux normes de santé ». Sociologie, 2019, Eux/nous/ils, 10 (1), pp.91-110. ⟨halshs-02084819⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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