Les causes de l’akrasia chez Aristote – variation socratique ou texte aristotélicien ?
Résumé
Cet article a pour objet l’analyse aristotélicienne du « Nul n’est méchant volontairement » socratique. Alors même qu’Aristote considère dès le début de l’Éthique à Nicomaque que savoir ce qu’est la vertu est inutile pour être vertueux, ou du moins n’y suffit pas, comment va-t-il rendre raison du fait que parfois j’agis mal tout en sachant que j’agis mal ? Si j’agis mal alors même que je sais parfaitement ce qu’il faudrait faire pour agir bien, n’y a-t-il pas quelque chose comme une contradiction pratique ? À moins de considérer que lorsque j’agis mal, j’ignore que j’agis mal. Dans L’Éthique à Nicomaque, Aristote semble présenter deux réponses divergentes : au livre III, à travers son analyse de l’acte volontaire, Aristote affirme que nous sommes responsables de nos actes, bons ou mauvais, dans la mesure où nous sommes responsables de nos vices comme de nos vertus, c’est-à-dire finalement de notre formation et de nos dipositions.
Pourtant, au livre VII, dans son examen diaporématique des endoxa sur la possibillité de l’akrasia (absence de maîtrise de soi ou intempérance), Aristote semble reconnaître une part d’ignorance, suivant en cela Socrate. Cependant, si l’on replace le livre VII dans la perspective de L’Éthique à Nicomaque selon laquelle savoir ce qu’est la vertu ne suffit pas pour devenir bon, il apparaît clairement que la cause de l’akrasia réside dans une défaillance quant à la maîtrise de ses désirs et appétits, révélant une disposition vertueuse fragile. L’akrasia serait ainsi un cas de contradiction pratique si l’on veut bien considérer que l’opposition en éthique n’est pas celle entre vrai et faux mais entre bien et mal.
Origine :
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