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Article dans une revue Studies on Voltaire and the Eighteenth Century Année : 2009

La correspondance sans suite de Bentham et Chastellux: la thèse de la félicité publique, du 'revenu net' au calcul 'félicitaire'

Résumé

La correspondance entre Bentham et Chastellux commence au printemps 1778, par une lettre de Bentham à Chastellux accompagnée du Fragment on government, du View of the hard labour Bill, et de 'trois feuilles pour servir de Prospectus d'une Théorie des peines'. Chastellux y répond sans tarder, en juillet, et fait parvenir à Bentham la deuxième édition de De la félicité publique (1776, édition originale 1772), augmentée d'un important essai sur la dette publique. Cette correspondance comprend donc en tout et pour tout deux lettres du juriste anglais et une lettre du militaire académicien, assorties des envois réciproques de leurs ouvrages.1 Elle fait cependant partie d'un ensemble un tout petit peu plus large: au même moment en effet, Bentham envoie les mêmes œuvres accompagnées d'une lettre à D'Alembert, qui lui répond si civilement que Bentham comprend que le mathématicien français a 'repoussé avec politesse son indigne disciple'2 et prépare une lettre à Morellet, dont on ignore si elle a été envoyée, et qui quoi qu'il en soit est restée sans réponse.3 Si l'échange entre Bentham et Chastellux peut paraître décevant à première vue, l'identité des trois destinataires forme un ensemble cohérent, qui a presque plus à nous apprendre que le contenu des lettres. (...) cette correspondance a beaucoup à nous apprendre, et ce précisément sur les enjeux et les sens possibles de l'expression 'félicité publique', dont elle fait apparaître un contexte d'apparition et de signification possible. Pour tracer les contours de ce contexte, il faut dans un premier temps s'attarder sur la démarche de Bentham, et montrer qu'elle dénote une perception qui me semble très juste de l'organisation du savoir en France et des interlocuteurs qui, partageant son positionnement réformiste dans les rapports du pouvoir et de la philosophie, sont susceptibles de le soutenir. Si on accorde à Bentham une telle lucidité, sa démarche devient alors pour nous un indice précieux pour évaluer la pensée et l'action politiques des écrivains français de la fin des années 1780 à qui il s'adresse. Ceux qui parlent le langage de la 'félicité publique' lui donnent une importance et une signification politique qu'on peut qualifier de radicale. S'il est consensuel, voire trivial, d'accorder à Bentham ce radicalisme, l'initiative qu'il prend de correspondre avec Chastellux semble nourrir l'hypothèse que des deux côtés de la Manche, le thème de la félicité publique s'inscrit dans le contexte de deux questions radicales: l'une sur l'utilité des gouvernements, caractérisés par un ensemble législatif assorti d'une puissance de punition et de récompense; l'autre sur le rôle du philosophe ou du savant par rapport à l'objet politique.

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halshs-02077792, version 1 (23-03-2019)

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  • HAL Id : halshs-02077792 , version 1

Citer

Sophie Audidière. La correspondance sans suite de Bentham et Chastellux: la thèse de la félicité publique, du 'revenu net' au calcul 'félicitaire'. Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 2009, Bentham et la France. Fortune et infortunes de l’utilitarisme, 2009 (9). ⟨halshs-02077792⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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