Liszt dans la Revue de musicologie (1920-2013). Un compositeur cosmopolite vu au prisme français
Résumé
This article considers the image and reception of Franz Liszt in the Revue de musicologie and the Société française de musicologie from the first appearance of his name in 1920 to the appearance of the most recent article about him to date, in 2013. After 1938, we find some 18 articles devoted to Liszt, a fact that places him in a leading position with respect to other composers of the romantic generation. He is a regular presence in the Revue from the 1930s: perhaps the death of his daughter Cosima, in 1930, “liberated” the critics to write about him. Indeed, in that decade, which saw the fiftieth anniversary of his death, in 1936, witnessed a notable increase in Liszt studies. During the Occupation, articles focused on the French aspects of his life and work—something of conspicuous importance to Emil Haraszti, the first Lisztian in the Société française de musicologie and the predecessor of Serge Gut—in the attempt, perhaps, to counterbalance the German characteristics of his career and aesthetics. Two of the main features of Liszt reception in the Revue de musicologie remain central to Liszt studies: first, the question of nationalism and identity; second, the problem of sources. Reading as far back as the 1920s, one finds calls to publish the many unedited documents, and to seek out reliable editions. Such critical approaches remain at the core of contemporary Liszt studies
Cet article étudie, à l’appui de considérations historiographiques et épistémologiques, l’image et la réception de Liszt dans la Revue de musicologie et la Société française de musicologie, de la première mention de son nom en 1920 jusqu’au dernier article qui lui a été consacré en 2013. Avec 18 articles depuis 1938, Liszt occupe une place de choix parmi les compositeurs de la généra- tion romantique. Sa présence régulière dans la revue à partir des années 1930, correspondant à la mort de sa fille Cosima (1930) – ce qui libéra sans doute la parole – et au cinquantenaire de sa mort (1936), concorde avec le développement historiographique général à son sujet. Pendant l’Occu- pation, la mise en évidence de ses caractéristiques françaises (un des chevaux de bataille d’Émile Haraszti, principale figure lisztienne de la Sfm avant Serge Gut) a peut-être été un moyen subversif de contrebalancer les aspects allemands de sa carrière et de son œuvre. Deux axes principaux de sa réception dans la Revue de musicologie sont toujours au cœur des études lisztiennes : premièrement la question des nationalismes et de son identité, deuxièmement celle des sources. Mais si l’on pouvait lire dans la Revue, dès les années 1920, la double nécessité de publier les nombreuses sources encore inédites et d’utiliser des éditions fiables d’un point de vue scientifique, la démarche critique reste au centre de la recherche lisztienne et constitue une condition nécessaire à la réflexion critique et au renouvellement herméneutique.