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Communication dans un congrès Année : 2019

Progression des plantations dans les paysages du Centre-Viêt Nam : une dynamique exogène aux implications identitaires pour les montagnards

Résumé

En un siècle, les paysages des montagnards du Centre-Viêt Nam ont connu de profondes mutations et ceci n’a pas été sans incidence sur le mode de vie de ces populations, appartenant aux ethnies minoritaires (Robert, 2017). Les forêts spontanées, qui dominaient au début du XXe siècle, ont reculé, s’éloignant de plus en plus des villages. Or, elles offraient « mille ressources » (Gourou, 1940) aux montagnards qui vivaient en osmose avec elles, pratiquant l’agriculture itinérante sur brûlis. Guerre, sédentarisation sont en cause dans cette évolution des paysages et le changement des pratiques qu’elle a induit (Robert, 2011). Depuis les années 1990-2000, une nouvelle dynamique est à l’œuvre : les arbres réapparaissent dans les paysages mais ce sont désormais des arbres plantés, formant des plantations agricoles et forestières. Les montagnards sont-ils à l’origine de cette nouvelle évolution qui affecte leurs paysages, leur lieu de vie mais, par là même, leur mode de vie, leurs pratiques agricoles et forestières ? Conduite dans le cadre de recherches doctorales, l’étude se fonde sur une analyse de rapports et de textes législatifs et sur des entretiens semi-directifs réalisés auprès de montagnards. Entre trois et cinq villageois ont été interrogés dans sept villages répartis dans l’ensemble de la région montagneuse de la province de Thua Thiên-Huê ; ils appartiennent aux ethnies minoritaires Pahy, Pakô, Tà Ôi et Katu – les quatre principales ethnies minoritaires de cette province. En complément des relevés de terrain ont été menés, afin de connaître la réalité des plantations. Les plantations sont visibles aux abords des villages. Agricoles, elles sont surtout peuplées d’hévéas, plus rarement de caféiers. Forestières, elles sont formées de pins, pour les plus anciennes ; d’acacias, pour les plus récentes. Les unes remplacent surtout des cultures annuelles ; les autres, des savanes. Il va sans dire que ces évolutions engendrent des modifications dans les pratiques agricoles, d’autant qu’elles visent désormais un objectif commercial. Les pratiques forestières sont aussi impactées : les montagnards commencent à collecter le bois de chauffe dans les plantations forestières et ils peuvent aussi espérer tirer des revenus de ces dernières, par la vente du bois d’œuvre ou pour la fabrication de la pâte à papier (Amat et al., 2010), s’ils sont propriétaires. En effet, les premières plantations appartiennent aux autorités forestières et non aux montagnards. Derrière cela, on perçoit que la progression des plantations forestières est une dynamique impulsée par l’Etat. De fait, cela entre dans le cadre de sa nouvelle politique, « de protection et développement des forêts » (selon l’intitulé des lois de 1991 et 2004) ; les forêts plantées d’espèces à croissance rapide en sont un volet majeur (Amat et al., 2010), ce qui n’est pas sans susciter des critiques émanant de chercheurs occidentaux qui voient, dans cette politique, une priorité plus financière qu’environnementale (Mellac, 1997 ; Roche et De Koninck, 2001). Mais l’Etat n’est pas le seul acteur ; des organisations internationales ont aussi été impliquées dans l’impulsion de cette dynamique. En finançant les plantations, elles ont aussi joué un rôle dans la production des paysages des montagnes du Centre-Viêt Nam. Certes, il s’agit là de programmes « d’aide au développement » et les montagnards s’y engagent volontiers mais ne risquent-ils pas de perdre plus encore leur identité, déjà mise à mal par la sédentarisation et le recul des forêts ?

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Dates et versions

halshs-02044356, version 1 (21-02-2019)

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  • HAL Id : halshs-02044356 , version 1

Citer

Amélie Robert. Progression des plantations dans les paysages du Centre-Viêt Nam : une dynamique exogène aux implications identitaires pour les montagnards. Colloque international A qui appartiennent le paysage dans les espaces ruraux marginaux des pays du Sud ? Mutations contemporaines des territoires, mises en ressource des paysages et recompositions identitaires, Equipe du projet ANR AQAPA et UMR CITERES, Jan 2019, Tours, France. ⟨halshs-02044356⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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