La frontière coréenne et le "problème" nord-coréen - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Critique : revue générale des publications françaises et étrangères Année : 2018

The Korean border and the "North Korean" problem

La frontière coréenne et le "problème" nord-coréen

Valérie Gelézeau

Résumé

In this paper, I use a geographical analysis of the Korean issue to address two simple questions: How to explain the cyclical nature and the irresolution of the Korean crisis? Why is North Korea such a grave problem for the international community? Since the 1990s, the "denucleraization" of the Korean peninsula and the improvement of human rights in North Korea, including a regime change, appear as major goals for the international community. In 2018, after more than 25 years of negociations and actions, none of these objectives are met. North Korea can still be considered a totalitarian State and it owns the nuclear weapon since 2006 (first nuclear test on October 9, 2006). The 2008-2018 decade even showed the development of an already acquired nuclear capacity, which combines self-defense and reinforcement of the State power in place, under Kim Jong Il then Kim Jong Un. The cyclical nature of the Korean geopolitical issue fuels an equaly cyclic media blaze, which fails to explian the deep dynamics of this situation, still unresolved on a political level. Indeed, in the armistice regime that frames since 1953 the inter-Korean relations, and which is neither peace nor war (or as much peace as war), the inter-Korean border displays a few major characteristics: il is the "non-border" of an "unifinished war" (B. Cumings), or a "meta-border" (M. Foucher 2007), and it is still in the making. Moreover, this "meta-frontière" determines a "meta-nation" (Gelézeau 2008, 2018), which includes today two nation-State (North & South Korea) and a diaspora beyond the peninsular space. Now, on the political level, this "meta-nation" is highly polarized and this polarization is articulated with a demonization of North Korea, in the media and expert discourse. The demonization of North Korea sets those discourse on a moral level, rather than that of scientific integrity, and it fails to produce a cirtical and problematize political and social analysis of such a State (non-democratic/totalitarian, in social crisi/developing, etc.). In the absence of a peace treaty, the cyclic nature of the nuclear/inter-Korean crisis will keep its dynamics, while the North Korean "problem" will stay unresolved as long as a radically different perspective to consider North Korea does not develop.
Dans cet article, je propose de partir de mon analyse géographique de la question coréenne, pour répondre à deux questions simples : comment expliquer la nature cyclique et l'irrésolution de la crise coréenne? Pourquoi la Corée du Nord constitue-t-elle un tel problème sur le plan international ? Depuis les années 1990, la « dénucléarisation » de la péninsule coréenne et l'amélioration de la situation des droits de l'homme en Corée du Nord, par la transformation du régime, constituent des objectifs majeurs de la communauté internationale. En 2018, après plus de vingt-cinq ans de négociations et d'actions, aucun de ces deux objectifs n'ont été atteints. La Corée du Nord peut toujours être considérée comme un État totalitaire et elle possède l'arme nucléaire depuis 2006, date du premier essai (effectué le 9 octobre). Les années 2008-2018 ont même vu le développement d'une capacité déjà acquise, qui combine auto-défense et maintien du pouvoir en place. La nature cyclique de la question géopolitique alimente une flambée médiatique également cyclique, mais qui, finalement, échoue à expliquer les dynamiques profondes de cette situation toujours irrésolue aussi sur le plan politique. En effet, dans le régime d’armistice qui régit depuis 1953 les relations intercoréennes et qui n’est ni la paix ni la guerre (ou autant la paix que la guerre), la frontière coréenne a deux grandes caractéristiques qui déterminent profondément cette dynamique géopolitique : il s’agit de la « non-frontière » (Gelézeau 2010) d'une guerre inachevée ou d’une « méta-frontière » (M. Foucher 2007) et elle est toujours en construction. Bien plus, cette « méta-frontière » détermine aujourd’hui ce que je définis comme une « méta-nation » coréenne (Gelézeau 2008, 2018) constituée aujourd’hui de deux États-nations (Corée du Sud/Corée du Nord) et d’une diaspora, au-delà de l’espace péninsulaire. Or non seulement cette méta-nation coréenne est polarisée sur le plan politique, mais encore la polarisation est articulée à une diabolisation de la Corée du Nord dans les discours savants et médiatiques. Or la diabolisation de la Corée du Nord, qui place les discours sur le plan de la morale et non pas de l’intégrité scientifique, échoue à produire l’analyse critique et problématisée qu’il faudrait faire d’un tel état sur le plan politique et social (non-démocratique, totalitaire, en crise, en développement). En l’absence d’un traité de paix, la nature cyclique de la crise continue donc de se déployer, tandis que le « problème » nord-coréen ne trouvera aucune résolution sans un changement radical de perspective dans l’analyse-même de ce problème.
Fichier principal
Vignette du fichier
2018_gelezeau_Frontiere_NK_Critique_n848-849.PDF (984.98 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
Loading...

Dates et versions

halshs-02022996 , version 1 (18-02-2019)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-02022996 , version 1

Citer

Valérie Gelézeau. La frontière coréenne et le "problème" nord-coréen. Critique : revue générale des publications françaises et étrangères, 2018, La Corée, combien de divisions?, 848-849, pp.64-74. ⟨halshs-02022996⟩
348 Consultations
2299 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More