Les acteurs du projet urbain : Une légitimité fondée sur une argumentation
Résumé
Depuis que le projet se développe comme forme d’action collective privilégiée dans le champ de l’urbanisme, l’on s’interroge sur la légitimité des acteurs à participer à sa réflexion et à sa mise en œuvre. Si a priori des acteurs sont reconnus comme légitimes à imaginer le contenu des projets urbains et à décider de leur mise en œuvre tels que les professionnels de l’urbanisme et les décideurs politiques, d’autres acteurs, comme les habitants ou les usagers, ont encore bien des difficultés à accéder au rang d’acteurs. Même si les projets urbains sont de plus en plus des démarches négociées entre une pluralité d’acteurs, au cours desquelles tous les acteurs potentiels peuvent être impliqués et sont susceptibles de discuter la démarche et le contenu des projets, il apparaît que la légitimité d’être acteur ne va pas de soi. Le statut d’acteur ne se décrète pas. Et tout acteur, s’il veut être reconnu comme partie prenante d’une scène de négociation, est contraint de construire une argumentation grâce à laquelle les objectifs qu’il met en avant, apparaîtront faisables et légitimes aux yeux des autres acteurs.
Ainsi, nos recherches menées sur différents types de projet urbain, en mobilisant les sociologies des représentations et de la justification , et les théories de l’argumentation , montrent que les acteurs considérés comme légitimes sont moins pléthoriques qu’il n’y paraît. Les acteurs, pour livrer une configuration d’acteurs, puisent dans leurs représentations conditionnées par les arguments et les modalités d’action de chacun des membres de la configuration. Plus les arguments sont de qualité, plus les actions gagnent en signification, et plus les membres sont entendus et perçus comme acteurs . Et vice versa, plus ces acteurs gagnent en légitimité et plus leurs arguments sont susceptibles d’être intégrés aux projets.
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