Mission archéologique Shiraz (Iran) Projet quadriennal 2015-2018
Résumé
La mission franco-iranienne Shiraz mène un programme d'étude de l'organisation spatiale des centres de pouvoir achéménides (6e-4e s. av. J.-C.) de l'ancienne province de Perse (actuelle province du Fars) et de leur territoire associé. Pasargades et Persépolis constituent les deux principaux sites étudiés par la mission depuis sa création, Pasargades concentrant depuis 2015 la plupart de nos efforts. A la suite des questionnements historiques récents sur le fonctionnement des lieux de pouvoir achéménides, c'est le rôle de ces villes, à la fois capitales provinciales et hauts-lieux dynastiques, leur morphologie et leurs relations avec leur territoire que la mission se propose d'analyser. Les espaces urbanisés de Pasargades et de Persépolis s'étendent sur plusieurs centaines d'hectares et le territoire associé à ces villes sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés. Du fait de l’ampleur des surfaces à étudier, les travaux de la mission se concentrent sur des reconnaissances larges par les méthodes de prospection. Les méthodes géophysiques sont associées à des relevés topographiques, à des prospections aériennes par drone, à des analyses du matériel archéologique de surface et à des études paléoenvironnementales (géomorphologie, hydrographie, palynologie) pour restituer les paysages achéménides dans leur globalité. Dans un second temps, à partir de la prochaine campagne 2018, des fouilles ciblées permettront de préciser la fonction et la chronologie des aménagements mis en évidence.
Nos travaux ont d’ores et déjà participé à démontrer que les grands sites royaux de Perse n’étaient pas que des hauts-lieux dynastiques symboles de la puissance des Grands Rois. Il s’agissait également de centres administratifs et économiques régionaux en charge de la gestion des territoires qui les entouraient. Ils abritaient une population permanente, nombreuse et de composition sociologique variée. A Pasargades, les différents éléments de la ville étaient distribués à l’intérieur d’un vaste «paradis», un parc de plusieurs dizaines d’hectares. Ce parc intégrait l’ensemble des constructions royales, situées autour d’un jardin parcouru de canaux en pierre, ainsi qu’un secteur d’habitats mis en évidence au cours de nos travaux sur le site. A Persépolis, plusieurs zones d’habitats et d’activités séparées par des jardins ou des parcs ont été mises en évidence jusqu’à une distance de 3 km à l’ouest de la grande terrasse royale. Sur les deux sites, nous avons donc mis au jour un paysage urbain original acentré et diffus au sein duquel les espaces verts et/ou cultivés prenaient une place importante. Cette forme d’urbanisation paraît en rupture avec le modèle traditionnel de la ville orientale prenant le plus souvent la forme d’un centre densément construit protégé par des remparts. Parallèlement, nous avons démontré que les territoires associés à ces deux villes ont été minutieusement mis en valeur grâce au développement de grands réseaux hydrauliques.
Depuis 2015 et le début du quadriennal encore en cours, nous avons cherché à préciser notre restitution des paysages urbains achéménides et des territoires alentours en nous concentrant sur Pasargades et sa région. Concernant la ville, nous avons détecté de nouvelles zones bâties et construit les bases d’une chronologie de son occupation qui va bien au-delà de la seule période achéménide. Nous avons par exemple mis en évidence une importante occupation datée du Haut Moyen Age iranien (époque de transition sassanide/ère islamique). Dans la plaine autour du site, les prospections archéologiques permettent de construire une carte des sites d’occupations, des restes d’infrastructures hydrauliques et des vestiges funéraires. Ces opérations sont couplées à des analyses géoarchéologiques afin de restituer les dynamiques territoriales en lien avec la fondation de Pasargades et les évolutions de son occupation.