et notamment celle-ci : « Pour les plus simples d'entre nous, le mal de l'époque se définit par ses effets. Il s'appelle l'État, policier ou bureaucratique. Sa prolifération dans tous les pays, sous les prétextes idéologiques les plus divers, l'insultante sécurité que lui donnent les moyens mécaniques et psychologiques de la répression, en font un danger mortel pour ce qu'il y a de meilleur en chacun de nous. De ce point de vue, la société politique contemporaine, quel que soit son contenu, est méprisable. [?] C'est notre société politique entière qui nous fait lever le coeur. Et il n'y aura ainsi de salut que lorsque tous ceux qui valent encore quelque chose l'auront répudiée dans son entier, On songe alors à ces déclarations à tonalité libertaire qui parsèment déjà ses textes publiés dans Combat à la fin des années 1940, vol.11, p.161 ,
des affinités bien réelles lient l'écrivain français au mouvement libertaire : attachement à l'Espagne, refus des légitimations officielles de la violence, rejet conjoint du colonialisme et du nationalisme, pensée de la révolte, aversion pour la politique et l'historicisme, ou encore conception de la lutte selon laquelle « la liberté n'est pas un cadeau qu'on reçoit d'un État ou d'un chef, mais un bien que l'on conquiert tous les jours, par l'effort de chacun et l'union de tous. » (p. 247) Dans un monde qui, comme celui que déplorait Camus au cours des années 1950, demeure « composé pour les trois quarts de policiers ou d'admirateurs de policiers, la compagnonnage de Camus avec les libertaires de son temps apparaît bien plus profond que celui d'autres intellectuels qui, vol.12, p.255 ,
, Réponse à Gabriel Marcel », Combat, vol.25, p.483
, , p.99, 1989.