Pratiques et attentes citadines de nature en ville. Enquêtes sur les parcs et jardins publics à Lyon
Résumé
Les espaces de nature en ville sont des éléments devenus incontournables dans les aménagements urbains (Bekessy et al., 2012). Plusieurs raisons expliquent cela. En effet, dans le contexte du réchauffement climatique et des enjeux environnementaux, ces espaces deviennent des leviers pour la protection de la biodiversité, la lutte contre l’îlot de chaleur urbain ou la régulation des eaux de pluie, rendues nécessaires par la densification et l’étalement des villes (Colombert, 2016 ; Darribehaude et al., 2016). Ainsi, ces espaces sont bien souvent vus comme des moyens de réparer les maux de la ville (Bourdeau-Lepage, 2017), d’aller vers une ville plus durable, d’accroître l’attractivité urbaine (Bourdin et Cornier, 2017) ou encore de favoriser la bonne santé des citadins. A ce propos, les espaces de nature réduiraient les risques psycho-sociaux et les maladies cardio-vasculaires par leur présence et la possibilité qu’ils offrent aux citadins de marcher en ville (McGinn et al., 2007 ; Chibane et Gwiazdzinski, 2015 ; Carrus et al., 2015). Il existerait même des paysages verts thérapeutiques (Gesler, 2012), des espaces plus amènes que d’autres, qui guériraient de certains maux ou amélioreraient la qualité de vie des citadins.
Mais au-delà de ce qu’ils permettent en termes environnementaux, physiologiques ou économiques, les espaces de nature semblent être l’objet du désir des citadins. Cependant, quelle est la nature de ce désir ? Quels sont les éléments qui constituent la demande de nature en ville ? Et quel est le niveau de satisfaction en matière de nature en ville des citadins ? Les réponses à ces questions sont importantes pour l’aménagement vert urbain si l’on veut penser les politiques publiques en adéquation avec les attentes des usagers. Cela met en exergue la nécessité de se saisir de ce sujet. Or, peu d’études ont été menées sur cette question. On peut citer l’enquête de Boutefeu du Cerema en 2009 et de celle de l’Union nationale des entrepreneurs du paysage et d’IPSOS en 2008 et 2013, ou encore celle de Long et Tonini en 2012.
Aussi, ce chapitre se focalise-t-il sur ces questions en se concentrant sur les parcs et jardins urbains comme espaces de nature. A travers une enquête menée à Lyon au printemps 2012 (Cf. Note méthodologique en annexe), il met en évidence la diversité des fonctions que remplissent les parcs et jardins selon les citadins, tout en montrant qu’il existe deux fonctions majeures : celle de socialisation et celle de donner à voir la nature mais aussi une variabilité de ces fonctions entre les individus (section 1). Il souligne également le fait que les parcs et jardins ne sont pas perçus comme des espaces devant préserver la biodiversité ou la nature sauvage. Ensuite, il s’attèle aux pratiques qui se déploient dans ces espaces de nature, mettant en exergue une diversité des pratiques et de la fréquentation de ces derniers par les personnes (section 2). Par la suite, il s’intéresse au niveau de satisfaction des personnes, révélant que les interrogés sont globalement contents des parcs qu’ils fréquentent (section 3). Enfin, il révèle les attentes des personnes notamment en termes d’équipement et souligne une certaine hétérogénéité des équipements désirés (section 4).
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