Les mécomptes du supérieur - « Autres » écoles, « autres » établissements et « autres » formations
Résumé
The aim of this article is to analyze the construction by the tools and categories of ministerial statistics of a certain vision of higher education and its transformations, to which sociologists are subjected. The explosion of “other higher education curriculums” since the 1960s seems to compete with the situation of the universities. On one hand, the evolution of the latter category has to do with the improvement and expansion of investigative surveys. On the other, it is the product of the internal redistribution of training previously recorded in other categories. The use generally made of this class (“Other Curriculums”) tends to forget that this is a particularly heterogeneous aggregate including blurred and shifting boundaries, which are less the expression of real developments than the product of symbolic struggles between sectors and efforts to create distinctions.
L’enjeu de cet article est d’analyser la construction par les outils et les catégories de la statistique ministérielle d’une certaine vision de l’enseignement supérieur et de ses transformations, à laquelle est soumis le sociologue. Par exemple, l’explosion de la catégorie « autres formations du supérieur » depuis les années 1960 semble concurrencer l’Université. Mais d’une part, l’évolution de cette dernière catégorie tient beaucoup à l’amélioration et à l’élargissement du champ d’investigation des enquêtes. D’autre part, elle est le produit de la redistribution en son sein de formations comptabilisées jusqu’alors dans d’autres catégories. L’usage qui est généralement fait de cette classe (« autres formations ») tend ainsi à faire oublier qu’il s’agit d’un agrégat particulièrement hétérogène dont les frontières floues et changeantes sont moins l’expression d’évolutions réelles que le produit de luttes symboliques entre filières et d’efforts de distinction.