F. Lecercle, , p.527

, La Mère coupable

, « Son Excellence madame la comtesse Almaviva, l'exemple des femmes de son état, et vivant comme un ange avec son mari, quoiqu'elle ne l'aime plus [?] » (« Lettre sur la chute et la critique?, p.33

, Beaumarchais relecteur : du théâtre au « roman » » dans M. Hilsum [dir], La relecture de l'oeuvre par ses écrivains même, pp.67-80, 2007.

«. Un-mot-sur-la-mère-coupable-;-dans-le-drame, Revient-elle à elle ou au temps du Barbier quand le Comte jurait d'être à Rosine pour la vie ? La « distraction » renvoie certes à Chérubin, tentation de « la plus vertueuse des femmes » 50 , mais cette tentation n'est pas sans lien avec le temps du Barbier, le temps de Rosine. En Chérubin, la Comtesse revoit Lindor : la chanson comme mode d'expression des sentiments et la même fougue amoureuse de celui qui veut consacrer sa vie à sa belle marraine. Chérubin, ni homme ni enfant, « morveux sans conséquence » (I, 7), mi-homme mi-femme qui porte le nom d'un ange, « petit serpent » (I, 9) insaisissable qui incarne si bien la tentation a fait déjà couler beaucoup d'encre. C'est une figure du désir naturel, Eros indifférencié pour Pierre Rétat, un rôle et une identité « impossibles » pour Jacques Seebacher, une figure de l'amour même pour Jean Starobinski 51 , il est le contraire d'un « caractère » puisqu'aucun de ses traits n'est fixe, il relève plutôt de l'allégorie, une allégorie complexe qui génère plusieurs interprétations. Dans Le Mariage de Figaro, il incarne la plénitude d'un présent dans lequel Rosine ne sait pas vivre et lorsqu'il éprouve un certain vertige identitaire, ce n'est pas un vide mais plutôt un trop plein de sensations (« Je ne sais plus ce que je suis, au temps heureux de la séduction et des promesses : « C'en est fait, je suis à ma Rosine? pour la vie. » disait alors le Comte, p.343

. Le-nom-«-rosine, se trouve d'abord associé à la faute, dans la lettre adressée à Chérubin et lue par le Comte : « [?] la misérable Rosine? qui n'ose plus signer un autre nom » et c'est précisément ce nom de Rosine qui entérine le passage du temps : « Ah ! Rosine ! où est le temps ?, vol.II

L. Mariage-de-figaro and . Préface, , p.151

P. Rétat, ». La-mort-de-chérubin, and R. , , pp.1000-1009, 1974.

J. Seebacher and L. Chérubin, Europe, p.65, 1973.

J. Starobinski, « Les âges de l'amour », L'Avant-scène opéra, fasc, pp.140-144, 1990.

, Mais il y a vingt ans qu'il n'est plus

L. Barbier-de-séville, , vol.II, p.15

, On pourrait ajouter que le destin de Marceline préfigure celui de la Comtesse dans La Mère coupable lorsqu'elle s'exclame à propos de ses « fautes » (la naissance d'un fils naturel, Figaro) : « [?] qu'il est dur de les expier après trente ans d'une vie modeste ! ». Vingt ans de vertu et de « piété la plus sévère » (I, 7) n'ont pas permis à Rosine d'expier sa faute. Les échos ménagés d'une pièce à l'autre créent alors une sorte de chaîne secrète qui relie Rosine, Marceline et Florestine, unies par la rime de leur noms, toutes trois confrontées à une dissociation de leur être, liée à leur identité de femme. Indéniablement, l'inscription dans la durée de l'histoire de la famille Almaviva permet d'approfondir le questionnement sur l'identité qui affleure au fil des pièces qui constituent la trilogie. Les identités imaginaires sont autant de projections fantasmatiques de ce que les personnages auraient rêvé d'être ou croient être, elles révèlent l'illusion sur laquelle repose l'unité du moi, qu'elle soit fondée sur la « philosophie gaie » du valet ou le devoir des femmes, épouse, fille, mère. Beaumarchais s'inscrit ainsi dans la réflexion de son siècle sur l'identité et la connaissance de soi et rejoint les préoccupations du roman-mémoires. Son originalité est peut-être de conserver toute sa confiance dans les « moyens de comédie », parfois les plus convenus, pour mettre en lumière, voire en tableau, cette disconvenance qui se trouve au fondement de sa dramaturgie, Rosine ne dit plus rien. En devenant femme d'Almaviva, on peut dire que Rosine « n'est plus » : elle passe d'ailleurs d'un statut de dépendance à un autre, pupille d'un tuteur 54 , elle devient « femme de, vol.55

, Lorsqu'elle demande à Figaro de lui nommer la jeune femme courtisée par Lindor, il répond significativement par « la pupille de votre tuteur », périphrase comique qui dit néanmoins clairement le statut de Rosine, vol.II

, « [?] et cette femme n'est point une personne de l'autre sexe ; elle est ma femme [?] », ce qui justifierait qu'elle puisse être battue (I, 3)