Spinoza après Bourdieu. Politique des dispositions - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2018

Spinoza après Bourdieu. Politique des dispositions

Résumé

Spinoza’s dispositional anthropology allows us to think in a realistic way the mechanisms and the finality of the State and other political institutions. Besides what Bourdieu called the “symbolic violence”, which works by the incorporation of signs of power and refers to the habitus as a system of durable dispositions to recognize and reproduce the established order, we must consider the role of the affects, which dispose ourselves sometimes to support any power that oppresses us, sometimes to throw ourselves with all our heart in a sedition, occasionally against that which we once revered. In a Spinozist point of view, plasticity of dispositions must be considered: the instability of the human automaton governed by passions, exposed to fortune and fluctuating between one affect and one other, explains the easiness with which he allows himself to be dominated, but also his tendency to rebel, for better or for worse. However, if humans all have a common nature, elites and rulers are as capable of inconstancy and inconsistency as common people. That is why the State that Spinoza conceives in the Political treatise, and which finds an equivalent in Bourdieu’s concept of Realpolitik, consists in an automatized machinery which works by the support of all – the power of the multitude affectively disposed to obey by the sole and anonymous mechanism of the institutions – but, paradoxically, thanks to the loyalty of no one. After all, how could we trust indeed those individuals - philosophers included - whose behavior is so absurd?
L’anthropologie dispositionnaliste de Spinoza saisit de façon réaliste les ressorts et la finalité de l’État et des institutions. Le rôle des affects qui disposent, tantôt à adhérer à ce qui opprime, tantôt à se lancer avec tout l’élan de la passion dans une sédition, contre cela même qu’on vénérait parfois, vient compléter la notion de « violence symbolique » selon Bourdieu, qui fonctionne par l’incorporation des signes du pouvoir et renvoie à l’habitus comme système de dispositions durables à reconnaître et à reproduire l’ordre établi. Dans une perspective spinoziste, les dispositions sont plastiques : la labilité de l’automate humain en régime de passivité, ouvert à tous vents et fluctuant entre divers affects, explique la facilité avec laquelle il se laisse parfois dominer, mais aussi l’inclination qu’il a à se rebeller, pour le meilleur et pour le pire. Cependant, la nature humaine étant « partout la même », les « élites » et les gouvernants sont tout autant susceptibles d’inconstance et d’inconséquence que le vulgaire. C’est la raison pour laquelle l’État que Spinoza conçoit dans le Traité politique, qui trouve un équivalent dans la notion de Realpolitik développée par Bourdieu, consiste en une pure machine automatisée qui fonctionne par le concours de tous – la puissance de la multitude disposée affectivement à obéir par le seul jeu anonyme des institutions – mais paradoxalement grâce à la loyauté de personne. Car enfin, quelle confiance accorder à ces individus aux comportements absurdes que sont les hommes, y compris quand ce sont des philosophes ?
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Dates et versions

halshs-01882142 , version 1 (26-09-2018)

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Identifiants

  • HAL Id : halshs-01882142 , version 1

Citer

Jacques-Louis Lantoine. Spinoza après Bourdieu. Politique des dispositions. Éditions de la Sorbonne, 2018, Bertrand Binoche, 979-10-351-0090-2. ⟨halshs-01882142⟩
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