Les études juridiques de saint Yves
Résumé
L'étude de la formation juridique précise reçue par le saint patron des juristes tant à Orléans qu'à Paris, se heurte à l'extrême modicité des sources, et n'a retenu jusqu'ici que fort peu l'attention.
Pourtant, l'analyse du testament rédigé par Yves Héloury en 1297 révèle qu'il a une connaissance des livres 15, 33 et 49 du Digeste de Justinien, ainsi que du livre 3 du Code, fixant le statut légal du pécule. Désignant initialement les biens dont un maître laisse l'administration à un esclave, le concept se complexifie progressivement durant l'empire, donnant naissance au "peculium quasi castrense", qui recouvre les revenus acquis par un fils de famille dans le cadre d'une activité professionnelle propre. La référence assez surprenante faite par saint Yves à cette disposition de droit romain, en plein "pays de coutumes", s'explique par sa volonté manifeste d'écarter tout risque de demande de réduction de donation, formulée post mortem par ses héritiers collatéraux.
Une autre preuve de l'étude du droit romain par le seigneur de Kermartin parait être fournie par l'anecdote bien connue de "la bougette" : la manière dont Yves Héloury débrouille cette affaire s'inspire clairement du titre 3 du livre 16 du Digeste, consacré aux "actions qui naissent du dépôt". Il semble toutefois que cette histoire ne soit qu'une pieuse légende, forgée de toutes pièces par l'historien breton Alain Bouchart en 1514, à partir d'une aventure initialement prêtée... à Démosthène.
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