, Penser le monde, c'est permettre d'appréhender ce qui bouge et se dé-place pour dépasser justement les conditionnalités de la vie et ouvrir sur les possibilités de l'existence. Existence qui induit pleinement cet « hors de », notamment par l'imagination, mais qu'il faut continuer à cultiver pour que chacun puisse être et se construire soi-même. Une existence qui doit donc permettre notre extravagance, c'est-à-dire « d'errer au-delà de, 2000.

, Mais aussi savoir ce qu'ils mangent, ce qu'ils consomment, ce qu'ils font de telle heure à telle heure, autant d'informations que les chercheurs pourvoient également à travers leurs études, et qui permettent aux pouvoirs, au-delà d'être dans l'utile et le nécessaire, d'être dans le conforme, le générique. Car, si « à l'ère de l'anthropocène, la nature est sommée de devenir une machine à satisfaire puis à absorber les excès humains » (Latouche S., 2013, 282), il ne faudrait pas qu'à l'ère de l'anthroposcène, l'être humain devienne lui-même une machine à générer d'autres excès humains, celui de devoir toujours se raconter, se montrer, se révéler par des mises en scènes publiques quelles que soient les activités effectuées, récréatives ou non. Pour aller de l'avant, pour permettre au plus grand nombre de sentir ce mouvement vers la décoïncidence, pour pouvoir se désadapter, il faut pouvoir s'émanciper de nos mises en scènes, celles que l'on se donne à percevoir et à construire, celles que l'on nous donne à voir et à produire. Le chercheur doit-il alors se cantonner à énoncer ce qu'il croit avoir observé, avoir entendu, avoir recueilli, avoir reconnu ; comme l'habitant doit-il s'ingénier à donner des formes de cohérence à ses propos, à se conformer à l'identité qu'on lui donne à être à travers nos questions ? Chacun, dans son rôle prétendu, dans l'assignation et l'auto-assignation à sa place, se joue de l'autre, de l'ignorance de l'autre ! « Ce que l'élève doit apprendre est ce que le maître lui apprend. Ce que le spectateur doit voir est ce que le metteur en scène lui fait voir. Ce qu'il doit ressentir est l'énergie qu'il lui communique. A cette identité de la cause et de l'effet qui est au coeur de la logique abrutissante, l'émancipation oppose leur dissociation. C', Sans doute est-ce pour cela que les pouvoirs aiment tant maîtriser le mouvement des êtres humains ou de certains d'entre eux, mais aussi de leurs pensées. Savoir où ils se trouvent, savoir où ils se rendent, ou appeler par diverses stratégies à les sédentariser, à les attacher, à les asservir en les assignant à un place, à une nouvelle forme de cage ontologique, 1920.

, Comme l'élève, les habitants et les chercheurs doivent sortir de cette volonté de réifier, d'enfermer chaque individu, soi et les autres, dans des constructions sémantiques essentialisées, s'inféoder aux outils techniques qui seraient censés nous apporter l'innovation et l'objectivation, alors qu'ils ne sont là que pour imiter ce que nous savons faire déjà, exister donc poétiser et imaginer le monde. Mais poétiser, c'est alors aussi lire Baudelaire « L'homme et la mer » et se re-lire soi-même paradoxalement dans sa propre trace, Etymologiquement, l'étudiant dé-lire, il sort ou s'écarte du sillon qui est tracé par le maître mais aussi par les outils techniques qui ont dessinés la trace

«. Homme-libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer

, Car c'est à partir du en tant que je suis et à travers le parce que je défends cette image réconfortante, ontologisante de ce que je pense devoir ou pouvoir être pour les autres et moi-même que je peux appréhender ce qui fera le sens de mon dépassement

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