Le retour aux sources. Points de vue sur l’histoire sociale de la psychiatrie et de la maladie mentale - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue L'Évolution Psychiatrique Année : 2017

Le retour aux sources. Points de vue sur l’histoire sociale de la psychiatrie et de la maladie mentale

Résumé

Objectives: This article describes the work of a researcher in history. Its purpose is to describe certain manners of envisaging the history of psychiatry as a social history of healthcare sciences and practices. Method: The history of schizophrenia is used to show how it is possible to move on from the history of clinical practice to a social history of the patients concerned, making use in particular of the vast body of archives provided by patient files. Results: The article comprises several parts providing methodological proposals for a social history of psychiatry. The starting point is a broad perusal of the archives enabling the identification of little-known facts. The aims are as follows: to construct a “polyphonic” history of the psychiatric institution, to integrate the memory issues that pervade the medical professions, to propose a change of scale and a change of viewpoint on the history of clinical practice by highlighting its iatrogenic effects, and to make use of delusional writings and what Michel de Certeau has called “revenance” in admission interviews, the overall aim being to produce sources for a history of day-to-day psychiatry. Discussion: The author distances himself from two theoretical positions: the anti-psychiatric approach, which has led to widespread criticism concerning existence of schizophrenia, and the “naturalist” approach, which tends to objectify scientific categories, and reserves the constructionist approach for ephemeral psychiatric pathologies. Equally distanced from these two types of approach, there is and intermediate approach aiming to construct a social history of clinical practice, using the different clinical categories and their implications for patients’ lives. Conclusions: Schizophrenia, whatever its status in the field of psychiatric knowledge, should not be omitted from the history of mental illness. Using the vast corpus of archives, and implementing the methods of social history centered on the patients, a different history of the advent and diffusion of schizophrenia can be written.
Objectifs : En retraçant l’itinéraire d’un chercheur en histoire il s’agit d’exposer quelques manières de penser l’histoire de la psychiatrie comme histoire sociale des sciences et des pratiques de santé. Méthode : L’histoire de la schizophrénie est utilisée pour montrer comment il est possible de passer d’une histoire de la clinique à une histoire sociale des patients, particulièrement en utilisant les archives abondantes que représentent les dossiers de patients. Résultats : L’article se compose de plusieurs parties qui sont autant de propositions méthodologiques pour penser l’histoire sociale de la psychiatrie : partir d’une écoute flottante des archives permettant d’exhumer des faits méconnus, écrire une histoire polyphonique de l’institution psychiatrique, se servir des problématiques mémorielles qui touchent la profession, proposer un changement d’échelle et de point de vue sur l’histoire de la clinique en insistant sur ses effets iatrogéniques, utiliser les écrits délirants et ce que Michel de Certeau appelle la « revenance » dans les entretiens d’admission pour produire les sources d’une histoire de l’ordinaire psychiatrique. Discussion : L’article se situe hors de deux positions théoriques : la position antipsychiatrique qui suscite de nombreux travaux critiques sur l’existence de la maladie ; la position naturaliste qui tend à réifier les catégories scientifiques réservant l’approche constructionniste aux pathologies psychiatriques éphémères. Entre ces deux démarches tenues également à distance, il existe une voie pour une histoire sociale prenant pour objet les différentes catégories cliniques et leurs conséquences sur le parcours des sujets. Conclusions : La schizophrénie, quel que soit son statut dans le savoir psychiatrique, ne doit pas rester à l’écart de l’historicisation des maladies mentales. À partir d’une archive abondante, armé par les méthodes de l’histoire sociale, centré sur les patients, un autre récit de l’avènement et de la diffusion de la schizophrénie peut être écrit.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01844904 , version 1 (19-07-2018)

Identifiants

Citer

Hervé Guillemain. Le retour aux sources. Points de vue sur l’histoire sociale de la psychiatrie et de la maladie mentale. L'Évolution Psychiatrique, 2017, 82 (3), pp.527-535. ⟨10.1016/j.evopsy.2017.02.008⟩. ⟨halshs-01844904⟩
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