Répétitions et différenciations à Eastcheap dans 1 Henry IV de Shakespeare
Résumé
Dans 1 Henry IV, la quatrième scène du deuxième acte joue sur la polysémie du mot répétition et crée une dynamique entre répétition et improvisation ; les limites de l’expression servent également l’expression des limites, de la démarcation sociale entre le petit apprenti et le prince, entre la marge et le centre. Le serveur de la taverne se répète comme s’il était atteint de psittacisme et favorise, malgré lui, plusieurs échos parodiques, mécanismes qui relèvent au théâtre du comique de répétition. Le sempiternel refrain de Francis, mis en scène à l’improviste par Hal, exprime la perte d’un contrôle à la fois du temps et de l’espace : le serveur semble figé dans l’instant. S’y oppose la répétition théâtrale, lieu de l’appropriation spatiale et de l’anticipation, à laquelle se livrent peu après le prince et Falstaff. Mais qu’il s’agisse de Francis ou de Falstaff (deux personnages appartenant au monde des tavernes, c’est-à-dire à l’underworld), la répétition (dans les deux sens du terme) participe toujours d’une orchestration stratégique au service du pouvoir : elle permet le rétablissement hiérarchique et pose la question de l’identité ambivalente du prince, tout en soulignant sa capacité à anticiper et à contenir les éventuels débordements de futurs sujets instables.
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