Les miracles du procès - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Les miracles du procès

Résumé

Thérèse de Lisieux est morte en 1897 et son procès de canonisation a été commencé en 1910. Dans son cas, l'abondance des récits de miracles fournis lors de la première enquête diocésaine ont servi à à établir sa réputation de sainteté. Leur rôle est d'autant plus essentiel que le décès de la Servante de Dieu est récent et que la thèse de l’héroïcité des vertus présente, au regard de la tradition canonique, de sérieuses faiblesses. Plus encore, la canonisation de Thérèse a été fondée essentiellement sur l’attestation d’une intense activité post mortem et cela, en raison des limites mêmes et des règles d’un procès de canonisation : on n'a pas voulu mettre en avant la radicale nouveauté de « voie » spirituelle thérésienne, puisqu’un procès consistait à faire la preuve que le candidat à la sainteté correspondait à des modèles prédéfinis ; pour sortir de cette impasse, il a donc été nécessaire de tourner le regard des juges vers l’intense activité post mortem de sœur Thérèse, ce qui supposait par ailleurs d’établir l’authenticité des « prophéties » de Thérèse concernant cette activité pour que la corrélation entre efflorescence miraculeuse et fécondité de la petite voie puisse être exposée, à défaut d’être prouvée. Entre les partisans des vertus cachées et ceux de l’absence de vertus, c’est la mise en valeur de la « pluie de roses » qui va trancher. Si, donc, les miracles ont toujours leur place dans une information diocésaine, l’importance accordée à la fécondité de la vie posthume de sœur Thérèse ressort avec évidence comme l’une des particularités de ce procès. Cette place ne saurait cependant se comprendre sans que l’on ait constaté, d’autre part, une carence en matière de miracles « classiques » : on l’a vu, les miracles ne se trouvent pas là où ils devraient, selon les topoi de la sainteté canonisée, abonder en premier chef : rien – ou si peu ! dans la vie de la Servante de Dieu, presque rien autour de son tombeau. C’est une des raisons pour lesquelles nous parlons, s’agissant des miracles thérésiens, de « recompositions du surnaturel », au cœur même du procès, recompositions qui sont loin d’être sans rapport avec la redéfinition même des critères de la sainteté canonisée. Tout comme la vie de Thérèse défie les lois de l’hagiographie, les miracles de sœur Thérèse, du fait de leur prolifération à la fois post mortem et ad sanctam, déjouent les lois du surnaturel catholique. Ce faisant, ils contribuent à l’installer durablement comme une sainte universelle.

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Dates et versions

halshs-01760351 , version 1 (06-04-2018)

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  • HAL Id : halshs-01760351 , version 1

Citer

Antoinette Guise Castelnuovo. Les miracles du procès. Thérèse au tribunal en 1910, 2015. ⟨halshs-01760351⟩
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