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Chapitre d'ouvrage Année : 2017

Mgr Gay : l'homme du Carmel ?

Résumé

A sa mort, Charles-Louis Gay (1815-1892) est considéré comme le plus grand mystique du XIXe siècle. Il est aujourd'hui bien oublié. De son vivant, il était considéré comme l'« homme du Carmel » et « l'homme du cardinal Pie ». Ses hagiographes ont souhaité lui offrir une stature plus universelle mais aussi plus subjective. Quelle que soit la pertinence du superlatif, Gay fut, indiscutablement, un mystique, dont on peut dire que le tempérament spirituel se révéla et trouva à s’exprimer au contact vivifiant de carmélites qui furent autant ses mères que ses filles. La défense dire du particularisme carmélitain français, de la part d’un pourfendeur du gallicanisme, se comprend dès lors dans le cadre général d’un homme qui défend à la fois sa famille et son identité. Cette adhésion au Carmel doit être comprise comme l’adhésion à une spiritualité qu'il cherche à diffuser dans les carmels dont il a la charge, celle de l’abandon à Dieu et de l’esprit d’enfance, une spiritualité qu'il estime profitable à tous, dans tous les états de vie, dans la droite ligne de la spiritualité de François de Sales, son modèle sacerdotal. Cette conviction est à l’origine de sa carrière d’écrivain spirituel. Le succès de textes principalement issus de son expérience de directeur spirituel, de supérieur et de prédicateur devrait être mieux pris en compte par l’historiographie, comme matrice de ce que l’on a appelé le renouveau spirituel de l’entre-deux-guerres. D'autant que les fonctions de Gay l'ont amené, non pas à faire siennes les pratiques et les dévotions en vigueur dans les carmels dont il avait la charge, mais à tenter de répandre, à rebours de l’activisme pénitentiel qui était alors la norme, une conception de la vie religieuse davantage axée sur la mortification intérieure, la dilatation du cœur et l’approfondissement du mystère de l’Incarnation. Ce qui explique, également, son investissement sans égal en faveur du carmel du Dorat, une fondation dont il voulut faire un couvent modèle, y compris en matière d’architecture. On en vient à se demander si l’Histoire d’une âme de Thérèse de Lisieux (1898), qui a promu la voie d’enfance au prisme du témoignage, une forme vraiment novatrice et promise à un bel avenir, n’a pas permis à cette « voie » dont Gay s’était fait l’infatigable prédicateur d’aller là où elle ne fut pas reçue, et de conjuguer ce que Gay n’avait pas réussi à faire, à savoir excellence et démocratie. Thérèse de Lisieux a activé une potentialité du catholicisme français qui était jusque-là restée minoritaire mais qui avait continué à vivre, comme en témoigne par ailleurs l’intérêt du clergé séculier et de leurs lecteurs, dans la deuxième moitié du xixe siècle, pour les carmélites du xviie siècle.

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halshs-01760302, version 1 (06-04-2018)

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  • HAL Id : halshs-01760302 , version 1

Citer

Antoinette Guise Castelnuovo. Mgr Gay : l'homme du Carmel ?. Séverine Blenner-Michel; Emmanuel Pénicaut. Mgr Charles-Louis Gay, 1815-1892 : un artiste au service du Christ, Presses Universitaires de Rennes, pp.117-130, 2017, 978-2-7535-5480-1. ⟨halshs-01760302⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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