A case study, the evolution of geography Bordeaux since 1876
Un cas d’école, l’évolution de la géographie bordelaise depuis 1876
Résumé
This article describes the recent changing of geographical sciences in Bordeaux University and CNRS through the
prism of physical geography and tropical geography. The main objective is to analyze the role of geographical and scientifical
context, the part of local parameters, the types of behaviors, the effects of successive reforms, but also the characteristics
of a post-modern, socio-cultural and anthropocentric french geography that has cut its roots with natural sciences. This
situation is paradoxical because of the imperative need to study the socio-ecological crisis both with social and naturalist
criteria. All these indicators show the different facets of a changing science and the distress of people. Since 2000, among
the many factors of change, there are the restructurings, competition for funding and publications («publish or perish»),
hyperspecialization, the pressure of bibliometry, internet and ICT (Information and Communication Technologies), accompanied
by bureaucracy, standards diktat, leading to caporalisation, degradation of humanistic spirit, suffering at work, loss of
motivation and end of courage. These are the signs of a « flat » and shortened world, of a science with blinders, afflicted by
the « short-termism » syndrome, that is to say the obsession of productivity and competition. Against this social pathologies,
indicators of the moral crisis of the neoliberal society, a reunited geography could establish new diagnostics, at the frontier
social sciences / natural sciences.
Partant d’un cas régional, cet article décrit l’évolution de la géographie bordelaise depuis Pierre Foncin (1876),
tout en se focalisant sur la période récente et en montrant le divorce entre l’amont naturaliste et l’aval social de la géographie.
L’objectif principal est d’analyser le rôle du contexte géographique et scientifique local et général, les types de
comportements, les effets des réformes successives, mais aussi le développement d’une géographie sociale postmoderne,
puis hypermoderne en décalage avec la crise socio-écologique qui réclame pourtant un diagnostic géographique
et historique global au contact des sciences de la nature et de l’homme. Tous ces indicateurs révèlent les différentes
facettes d’un monde scientifique en mutation et désarroi profond qui se calque désormais sur l’économie de marché.
Depuis 2000, parmi les multiples facteurs du changement, il y a les restructurations, la course aux financements et aux
publications (« publish or perish »), l’hyperspécialisation, la pression de la bibliométrie, d’internet et des TIC (Techniques
de l’Information et de la Communication), avec en toile de fond les techniques du management et le diktat des normes
conduisant à une bureaucratie aliénante, à une dégradation de l’esprit humaniste et à une banalisation de la souffrance
psychologique au travail. Ces signes sont révélateurs d’un monde raccourci et d’une science à oeillères contaminée par le
« court-termisme », car dominée par l’obsession de la productivité, de la compétition, du chiffre. Face à cette conjonction
de pathologies sociales, révélatrices d’une crise des valeurs de la société actuelle, une géographie réunifiée et renouvelée
pourrait contribuer à établir utilement de nouveaux diagnostics pertinents à la frontière Nature - Société en partant
d’un paradigme extra-scientifique fondé sur l’éthique humaniste et sur la possibilité du « dire vrai » (la parrêsia) par opposition
à une neutralité irresponsable face aux enjeux actuels.
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