La désyndicalisation, le cas de la CFDT

Dominique Labbé (1) , Maurice Croisat , Antoine Bevort

1 CERAT - Centre de recherche sur l'administration, la ville et le territoire

Enquête auprès de 491 anciens syndiqués à la CFTC-CFDT. L'échantillon reflète la diversité de l'organisation et son histoire depuis le début des années 1960. Pour les deux tiers des enquêtés, l'adhésion a été sollicitée sur le lieu du travail ou générée par la pression du milieu. Un quart font état d'un besoin d'aide. Enfin la majorité signale un accord avec les "idées de la CFDT" mais celles-ci semblent souvent mal connues. La désyndicalisation survient pour trois raisons principales. Premièrement, des événements personnels tels que retraite, chômage, promotion ou mutation, maladie, ennuis familiaux... Deuxièmement, elle est motivée par des problèmes internes à la section ou une mauvaise défense individuelle. Enfin, pour près de 4 anciens adhérents sur 10, elle est justifiée par des désaccords de fond avec le syndicat soit concernant des problèmes corporatifs, soit pour des raisons politiques. La durée moyenne de l'adhésion dépasse les 10 ans. Six anciens adhérents sur 10 ont exercé au moins une responsabilité syndicale. Par rapport aux autres, ces anciens militants sont plutôt des hommes venant plus souvent de la petite bourgeoisie que du prolétariat. Beaucoup ont appartenu à des mouvements de jeunesse. Ils sont très actifs socialement. Une proportion importante sont également membres d'un parti politique (le PS pour la plupart). La date d'adhésion distingue trois générations assez typées tant professionnellement que socialement : les reconstructeurs (années 1950-60) ont transformé la CFTC et l'ont implanté dans le salariat français ; la génération du syndicalisme de masse (1968-77) correspond à l'apogée de la CFDT ; la génération de la crise (1978-1986) a des attentes plus limitées. Les reconstructeurs n'ont pas toujours trouvé dans les deux générations suivantes, les militants capables de leur succéder et de maintenir vivant un tissu syndical et des pratiques originales. Enfin, les théories de l'action collective apportent divers éclairages sur l'histoire que cette enquête a permis de reconstituer.

Mots clés: France; Syndicats; Adhérents; Desyndicalisation; CFDT

Domaines: Science politique; Sociologie

Dominique Labbé, Maurice Croisat, Antoine Bevort. La désyndicalisation, le cas de la CFDT. 1989. ⟨halshs-01722549⟩